Saint-Valentin : les bijoux iconiques en forme de cœur

Cœur cadenas, cœur solitaire, cœur fendu, double cœur, cœur entrelacé… Depuis, la pièce cardioïde n’a pas cessé de jouer avec sa rondeur pour exprimer le plus noble des sentiments. Trois font figure de marqueurs de ce succès et sont des best-sellers maintes fois copiés. En 1969, Tiffany reprend celui qu’elle avait accroché à son porte-clés Return to Tiffany et le décline en une ligne Cœur to ­Tiffany qui va être un des symboles des années 1970 aux États-Unis.

Plus tard, le collier ras du cou de cœurs sertis de diamants et de rubis que porte Julia Roberts dans Pretty Woman (1990), alors ­qu’aucun joaillier n’avait voulu prêter de pièces pour le film, va devenir aussi célèbre que le long métrage de Garry Marshall. Le ­collier Pretty Woman, c’est son nom, est signé Fred. La maison l’a réédité en une version contemporaine, très épurée, promue aujourd’hui par Emma Roberts, la nièce de Julia.

Le troisième bijou, le plus ­frenchy, celui qui a su sortir du carcan bourgeois de la bonne société de l’Ouest parisien – qui a été la première à l’adouber – pour devenir une icône nationale, est le fameux Cœur Entrelacé de ­Poiray. Ce symbole de la passion fête cette année ses 30 ans. Bien qu’il ait su se renouveler en jouant des tailles et des matières, en se parant par exemple de diamants, il a toujours su conserver le secret de ses courbes voluptueuses. Pour son anniversaire, il se revêt d’un émail corail doux qui souligne son or (jaune) et son dessin, et se décline en une collection de pendentifs, de boucles d’oreilles et un bracelet cordon aussi décontracté que générationnel.

Peu à peu, le cœur talisman s’est éloigné de la sémiologie des sentiments pour s’affirmer comme une pièce de joaillerie à part entière. Van Cleef & Arpels le décline dans le même style que sa ­collection Alhambra, d’où son nom de Sweet Alhambra. ­Valérie Messika le métamorphose en une quasi-bague de fiançailles. La mode s’en empare également. Après Celine et d’autres, Prada le logotise en une ligne Prada Eternal Gold à l’or certifié 100 % recyclé et elle aussi plutôt non genrée.

Quand l’amour change, se libère des genres établis, le bijou peut‑il rester en retrait ? Il suit le courant. Pascale Monvoisin a appelé Gabin ses boucles d’oreilles et son tour de cou : « L’enjeu pour moi était de sortir le cœur de la naïveté qu’il peut représenter. Étant toujours à la recherche de l’équilibre des contrastes, j’ai voulu contrebalancer la délicatesse du cristal par ce prénom masculin. »

Dans une forme d’audace, ­Mellerio, la plus ancienne maison de joaillerie au monde, vient de choisir le danseur étoile Hugo Marchand comme ambassadeur. Au-delà du genre, les codes se brouillant spectaculairement dans ce secteur également, le cœur se reconnecte à son sens antique originel. Pour les Égyptiens, il reflétait l’âme. À défaut d’être empreint de la spiritualité des bijoux à pierres dures, sauf peut-être chez ­Marie-Alexandrine Yvernault, qui le sculpte artistiquement autour de pierres massives, le cœur flirte avec le développement personnel.

« On sort de la banalité du bijou colifichet pour adopter des pièces travaillées qui sont portées comme une affirmation de soi, commente Luca Marchetti, consultant à l’Institut français de la mode. On va attacher un cœur à son oreille ou le glisser sur plusieurs doigts parce qu’il dit qu’on est en harmonie avec soi-même, que l’on a atteint son équilibre intérieur. » Ce sont les labels de joaillerie fine, tels Dinh Van ou David Yurman, qui sont les vecteurs de cette métamorphose. Comme un nouveau message peace and love dans un monde qui inquiète.