La Saint-Valentin, fête populaire snobée par la gauche
Un sondage Cluster 17 pour « Le Point », dévoilé ce mardi 14 février, révèle de fortes disparités politiques dans la célébration de la « fête de l'amour ».
Par Alice Pairo-VasseurTemps de lecture : 2 min
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« Has been », la Saint-Valentin ? Peut-être un peu... C'est la question que pose, ce mardi 14 février, un sondage réalisé par l'institut Cluster 17 pour Le Point, qui révèle que la fête n'est plus célébrée que par 39 % des Français (en couple, mariés ou pacsés), et seulement 15 % d'entre eux chaque année.
En observant les résultats dans le détail, de fortes disparités apparaissent en fonction de la proximité politique : si 51 % des électeurs (en couple) de Marine Le Pen déclarent avoir l'habitude de fêter la Saint-Valentin, ils ne sont plus que 27 % chez parmi les électeurs de Yannick Jadot (et 32 % chez les électeurs de Roussel et Mélenchon)... De manière assez nette, les sympathisants de gauche sont beaucoup moins nombreux que ceux de droite à déclarer célébrer cette fête, empreinte de disparités idéologiques et sociologiques. La Saint-Valentin « est devenue, au sens sociologique du terme, une fête populaire », commente ainsi Stéphane Fournier, analyste pour Cluster 17. Les « clusters » (ces familles politiques cohérentes constituées par l'Institut) qui s'y montrent attachés sont majoritairement issus de « classe moyenne et populaire, résidant en France périphérique et à la sensibilité idéologique conservatrice, voire identitaire ».
« Sécession culturelle »« On peut déceler une forme de “snobisme” vis-à-vis d'une fête qui rassemble les classes populaires de la ruralité et du périurbain », note-t-il, ainsi. Avec, à l'autre bout du spectre « une partie importante de la gauche qui, entrée dans une forme de « sécession culturelle », montre sa prise de distance avec des pratiques culturelles populaires (à l'image de son usage de la télévision) et son décalage avec une partie des gens “ordinaires” », analyse encore Stéphane Fournier.
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Une « contre-tendance », qui n'a pas échappé à Jean-Claude Kaufmann, sociologue au CNRS et auteur de Saint-Valentin, mon amour (Les liens qui libèrent, 2017) : « Ce rejet net des milieux urbains, diplômés, branchés et progressistes, où l'on ignore ou détourne cette fête, je l'observe depuis une dizaine d'années », relate ce spécialiste. Qui décrit quant à lui une opposition nourrie par l'« aspect conventionnel, routinier et commercial » de la fête et va en s'« amplifiant ».
Un rejet qui repose sur un « contresens absolu », tient à souligner le spécialiste. Si la fête est aujourd'hui « à dominante commerciale », cela demeure « très récent », la Saint-Valentin, « apparue il y a deux mille ans, possède une histoire tumultueuse, rappelle-t-il. Elle était alors caractérisée par l'insubordination de la jeunesse, qui luttait contre l'ordre moral, les conventions et pour les libertés amoureuses ! » Autre temps, autres mœurs…