TÉMOIGNAGE. Marion Rousse : « Juste après la chute de Julian, je ne maîtrisais plus la situation »
Voilà trois semaines maintenant que Marion Rousse s’invite chaque jour chez les Français amoureux de la Grande Boucle, trois semaines qu’elle commente le Tour de France, parti cette année de Copenhague (Danemark), avec Alexandre Pasteur et Laurent Jalabert sur France Télévisions. Elle a trouvé sa place dans ce triumvirat, son ton, distille sa connaissance de la course et des coureurs.
Pour Ouest-France et Prolongation, l’ancienne coureuse, qui occupera le rôle de directrice du Tour de France Femmes à partir de ce dimanche, a accepté de livrer un témoignage en trois temps, de raconter la sportive, la compagne, la femme, la maman, la patronne. Avec authenticité. Deuxième partie ce vendredi, où elle aborde sa relation avec Julian Alaphilippe, son champion du monde de compagnon, et la maternité.
« Je ne m’en cache pas, je partage ma vie avec Julian. Il arrive fréquemment qu’on me demande comment je fais pour rester aussi neutre à l’antenne quand Julian court. Mais vous savez, c’est mon travail ! Si je ne suis pas capable de le faire, alors il faut que je change de métier. Quand je suis à l’antenne, cela n’intéresse pas les gens de savoir qui est mon mari. Je suis là pour apporter le plus de connaissance possible. Il ne faut pas tout mélanger. Depuis le début, mes collègues sont hyper bienveillants avec moi à ce sujet. Puis, plus les années passent, plus le caractère s’affirme. Si jamais une réflexion qui ne me plaît pas sur mon couple était faite, je saurais les remettre en place, recadrer les choses comme il faut. Du moment que ça reste bienveillant il n’y a pas de souci.
De manière générale, avec nous, les gens sont hyper gentils et respectueux. Julian aime les gens lui aussi. C’est ce qui fait qu’il est autant apprécié. Il est donc normal qu’il signe des autographes, qu’il prenne des photos et moi aussi. On aime le contact des gens, leur sympathie. On aime tous les deux discuter et on a la parole facile. Il faut garder à l’esprit que nous venons de la campagne (elle vient de Saint-Saulve dans le Nord, lui de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher) et ça, ça ne s’oublie pas non plus. La différence, peut-être, c’est depuis qu’on a Nino, notre fils. Depuis sa naissance, on a des moments privilégiés tous les trois et il ne faut pas que ça devienne une séance photo quand on croise des gens, pour le bien de notre enfant.
« Et là, je pleure »Quand je ne commente pas les courses, je les regarde à la télé. Chez moi, oui, j’ai plus de parti pris qu’à l’antenne où je n’en ai pas du tout. Je dois vous avouer que, lorsque je regarde les courses sur mon canapé sans les commenter, et que Julian participe, comme cela peut par exemple être le cas sur Milan-San Remo au printemps, j’ai les pulsations cardiaques qui montent beaucoup plus que lorsque je mets le casque. En tant que consultante, je suis dans mon monde professionnel et je me dois d’être compétente. Mais devant la télé, toute seule, je suis capable de vite m’agacer. Je garde tout de même une pointe de retenue. C’est mon tempérament, puis je sais aussi ce que c’est de faire du vélo. Je ne serais jamais dégoûtée parce que Julian ne gagne pas une course.
Que ce soit pour commenter une victoire ou des défaillances, Il n’y a pas de souci. J’arrive très bien à faire la part des choses. Mais je dois reconnaître qu’il y a un truc qui m’effrayait : c’était la chute. Et la chute, je l’ai connue il y a quelques semaines sur Liège-Bastogne-Liège (en avril dernier Julian Alaphilippe a été victime d’un pneumothorax et de plusieurs côtes cassées après une très lourde chute). Malgré tout, je reste humaine, et après sa chute, j’ai eu un moment où je ne maîtrisais plus la situation. Je ne savais pas comment réagir. Je suis beaucoup sortie pendant le direct pour avoir des informations parce que de l’endroit où on commentait, on ne savait rien. On savait que Julian était dans le fossé, qu’il ne bougeait pas. Je n’étais...