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Affaire Delphine Jubillar : le corps bientôt retrouvé ? Nouvelles fouilles...

Affaire Delphine Jubillar  le corps bientôt retrouvé  Nouvelles fouilles
JUBILLAR. De nouvelles fouilles ont débuté ce lundi 17 janvier dans un large périmètre entourant une ferme à Cagnac-les-Mines. Sont mobilisés désormais des militaires membres des "Fouilles opérationnelles spécialisées".

Affaire Delphine Jubillar : le corps bientôt retrouvé ? Nouvelles fouilles stratégiques JUBILLAR. De nouvelles fouilles ont débuté ce lundi 17 janvier dans un large périmètre entourant une ferme à Cagnac-les-Mines. Sont mobilisés désormais des militaires membres des "Fouilles opérationnelles spécialisées".

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Le corps de Delphine Jubillar sera-t-il bientôt retrouvé ? De nouvelles fouilles pour retrouver le corps de l'infirmière tarnaise disparue il y a maintenant plus d'un an ont débuté ce lundi 17 janvier, a indiqué TF1 et France Info. Sont notamment explorés les environs d'une ferme du Tarn sur laquelle les regards des enquêteurs se sont tournés à plusieurs reprises depuis la disparition de la mère de famille. La ferme en question se situe au lieu-dit de Drignac, à quelques kilomètres seulement au sud de Cagnac-les-Mines - où se trouve la maison du couple Jubillar. L'exploitation agricole, qui couvre plus de 200 m², avait brûlé le 15 avril 2021. Un périmètre "d'une quinzaine d'hectares" autour de la zone a été installé et les alentours sont complètement bouclés. A priori, ces fouilles devraient se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine. France Bleu Occitanie précise que ce nouvel épisode de recherches pourrait durer jusqu'au 17 février, date butoir de l'autorisation des fouilles selon l'arrêté municipal.

Le domicile du couple Jubillar et ses alentours devrait, lui aussi, être fouillé. Des nouvelles manœuvres qui indiquent un coup d'accélérateur dans l'enquête : le groupement de gendarmerie départemental du Tarn sera effectivement aidé par les militaires des Fouilles opérationnelles spécialisées (FOS), une unité de l'armée. Sont aussi présents sur les sites l'IRCGN, la Section de recherche de Toulouse, l'unité de fouille opérationnelle du 17e RGP de Montauban spécialisés en fouilles, ainsi qu'un escadron de gendarmerie mobile à partir de mardi 18 janvier. A propos de cette reprise des recherches du corps de Delphine Jubillar, "une source au sein de la gendarmerie a précisé à LCI qu'il s'agissait moins d'une reprise que d'une poursuite de fouilles, les recherches n'ayant jamais cessé en réalité", a indiqué la chaîne d'informations en continu. Effectivement, un hélicoptère de la gendarmerie avait survolé Cagnac-les-Mines pour faire une reconnaissance mercredi 11 janvier, notamment au-dessus de la mystérieuse ferme.

Pour rappel, c'est à la suite des révélations de l'ex-codétenu de Cédric Jubillar, Marco, que ces nouvelles recherches ont été exigées par les magistrats. L'ancien prisonnier avait affirmé que le peintre plaquiste lui avait confié avoir enterré Delphine Jubillar près d'une ferme "qui a déjà brûlé", à un niveau "peu profond". Le père de famille aurait également craint que la dépouille ne réapparaisse "au gré des aléas de la nature". Marco avait enfin aussi incriminé Séverine L., actuelle compagne de Cédric Jubillar : celle-ci serait, selon l'ex-voisin de cellule celui qui se définit comme "le mec le plus connu du Tarn", complice - accusation que la principale intéressée nie en bloc. En outre, la ferme avait déjà été inspectée par les gendarmes au printemps 2021 - Cédric Jubillar s'étant déjà vanté, à l'époque, d'avoir enterré Delphine là-bas. Elles n'avaient rien donné.

Cédric Jubillar de nouveau devant les juges le 11 février prochain

Comme lors des dernières fouilles, ces recherches surviennent alors que l'enquête pour retrouver Delphine Jubillar est, une nouvelle fois, à un moment charnière : il y a trois jours, une énième demande de remise en liberté de Cédric Jubillar a été rejetée. En outre, le peintre plaquiste doit être réentendu par les juges d'instruction toulousaines le 11 février prochain. Il sera notamment interrogé sur les déclarations de son ex-codétenu Marco et sur celles de la nouvelle compagne, Séverine L. Pour rappel, les auditions qui se sont tenues jusqu'ici n'ont apporté aucun nouvel élément à l'enquête, Cédric Jubillar continuant de clamer haut et fort son innocence.

En savoir plus

En décembre dernier, c'est à la nouvelle compagne de Cédric, Séverine L., que les enquêteurs en charge de l'affaire de la disparition de Delphine Jubillar s'étaient intéressés. Âgée de 44 ans, celle qui a partagé pendant de courts mois la vie du peintre-plaquiste avait été interpellée et placée en garde à vue le 15 décembre 2021. Une garde à vue pour suspicions de "complicité de recel de cadavre" qui avait duré une journée et demi, au terme de laquelle elle avait été relâchée sans charges.

Séverine L. et Cédric Jubillar se connaissaient de vue depuis de longues années : le fils de la première est, depuis longtemps, un grand ami du second. Ce n'est cependant que le 15 avril 2021, lors d'une battue pour retrouver Delphine à laquelle participait la quadragénaire, qu'ils se sont réellement rencontrés. Séverine avait alors trouvé un pull, qu'elle pensait être la propriété de l'infirmière tarnaise, et s'était tournée vers Cédric afin qu'il confirme ou infirme ses doutes. "Ensuite, autour de la mi-avril, nous avons dîné ensemble et notre histoire a commencé. Je me suis attachée à lui et lui s'est attaché à moi" a-t-elle, plus tard, expliqué au Parisien. Quatre mois après la disparition de Delphine Jubillar, le nouveau couple est formé et s'affiche sur les réseaux sociaux...ce qui n'est pas sans déplaire. Certains proches de Delphine critiquent cette attitude et Séverine indiquera avoir coupé les ponts avec sa famille après leur avoir annoncé sa nouvelle relation. "Ma mère ne me parle plus, mon père non plus", confiait-elle en août à Femme Actuelle. Cette mère de deux enfants, respectivement âgés de 24 et 16 ans, confiait également aux colonnes de Femme Actuelle qu'elle était en rémission d'un cancer. Ainsi, après avoir travaillé dans les hôpitaux, elle est en arrêt maladie depuis plusieurs mois.

Un double discours

Bien qu'elle tienne devant les médias un discours montrant son soutien indéfectible à Cédric Jubillar, Séverine L. aurait confié aux gendarmes un tout autre discours en juin dernier, rapporte Le Parisien. Selon le quotidien régional, elle aurait confessé : "Avec le recul, je ne l'ai jamais vu vraiment chercher sa femme. D'ailleurs, je l'ai accompagné à un rassemblement il y a quelques semaines J'ai eu l'impression qu'il y allait juste par obligation pour se montrer. Je trouve que Cédric a changé de comportement récemment. J'en ai d'ailleurs parlé à un pote qui ne connaît pas Cédric, je le trouve détaché de l'affaire". Et d'ajouter, décrivant son compagnon comme "bipolaire" : "Parfois je pense qu'il n'a pu rien faire à Delphine, on dirait même qu'il est un peu bête, mais à d'autre moment, il réagit un peu violemment et ne me paraît pas si bête que ça". Des paroles prises au sérieux par les enquêteurs, auprès desquels Séverine L. avait également assuré : "Je lui ai même posé la question directement : 'Qu'est-ce que tu en as fait ?'et il répond : 'Mais je l'ai enterrée à la ferme qui a brûlé'. Lui le dit en rigolant, donc je pense qu'il n'est pas sérieux. En fait, je n'arrive pas vraiment à le cerner. Je veux me convaincre qu'il est innocent mais j'ai toujours le doute."

Un discours qui restait tout autant ambigu en décembre dernier : la quadragénaire, alors en garde à vue pour suspicion de recel de cadavre, avait assuré aux enquêteur avoir "peur" de Cédric Jubillar. Elle aurait, toujours selon Le Parisien, confié : "Je pense qu'il est coupable. Je pense qu'il l'a vraiment tuée en fait. J'ai été manipulée, je l'ai cru, je m'en veux de l'avoir cru.". Brouillage des pistes, tentative de sauver sa peau ou réelle crainte d'avoir entamé une relation avec un meurtrier ? Seule la suite de l'enquête le dira.

Une potentielle complice ?

Alors que les avocats de Cédric Jubillar avaient de nouveau demandé, ce mardi 11 janvier, la remise en liberté de leur client (sans succès, encore une fois), de nouveaux éléments d'enquête semblant incriminer le peintre plaquiste avaient été portées à la connaissance du public. Effectivement, Le Parisien avait révélé, ce lundi 10 janvier, que Cédric Jubillar communiquait avec son actuelle compagne de sa prison... en langage codé. Le quotidien régional avait eu accès à un courrier du suspect n°1 dans la disparition de Delphine Jubillar sur lequel une suite de chiffres sans aucun lien logique, écrite dans la marge de feuille, a intrigué. Grâce à l'adjudant de la section de recherches de Toulouse, "68, 18, 35, 13, 56, 80..." ont pu être remplacés par "J T AIM FOR MON ANG. J ENVIE D T FAIRE L AMOUR PARTOU", notait Le Parisien. Une autre suite de chiffres semblait cependant s'adresser aux enquêteurs : "BONNE LECTURE LES PD SI VOUS TROUF L CODE (sic)"...de quoi laisser penser que Cédric Jubillar joue avec les nerfs des inspecteurs.

En outre, le quotidien régional précisait les sombres confidences que le peintre plaquiste aurait livrées à "Marco", Corse de 36 ans, décrit par le quotidien comme ayant un "lourd passé criminel"... et surtout ex-locataire de la cellule voisine de celle de Cédric. Pour rappel, Le Parisien avait déjà indiqué que le père de famille et son voisin avaient communiqué, et que ce dernier aurait reçu pour instruction de déplacer le corps de Delphine Jubillar - avec l'aide de Séverine L. Des détails ont été révélés de ces discussions de cellule ce 10 janvier. Effectivement, Marco a assuré aux enquêteurs que Cédric Jubillar, qui "s'estime être une star du quartier d'isolement", lui aurait avoué avoir prémédité le meurtre de Delphine. Selon sa déposition, l'ancien compagnon de détention aurait obtenu des confessions. Cédric Jubillar lui aurait fait savoir que le soir de la disparition, il aurait quitté sa chambre pour rejoindre Delphine, alors en train de regarder la télévision dans le salon, afin de récupérer son chargeur de téléphone. Il aurait "pété un câble" en voyant son épouse plongée dans son téléphone. "Il aurait d'abord vu un message de l'amant de sa femme avec qui elle textotait, relate le codétenu corse. Il a pris son téléphone des mains et a vu les messages. C'est ça qui l'a fait vriller (…). Il se dit être le plus grand cocu de France. Il m'a dit qu'il savait où l'enterrer avant les faits. Il m'a expliqué avoir suivi sa femme en la géolocalisant, avoir tenté de pirater son téléphone sans succès. Il savait ce qui allait se passer. Il attendait le moment propice pour s'en débarrasser", aurait précisé le détenu Corse aux enquêteurs. Et Le Parisien de préciser que ce témoignage aurait été "étayé par des détails que seul Cédric était en mesure de lui communiquer".

En outre, l'ex-codétenu de Cédric Jubillar aurait assuré que le peintre plaquiste parlait en des termes péjoratifs de l'infirmière tarnaise : "L'autre", comme il l'appellerait, aurait été enterrée par ses soins dans "un endroit qui a déjà brûlé", à un niveau "peu profond" - ce dernier détail aurait d'ailleurs suscité des inquiétudes chez Cédric, craintif de voir le corps réapparaitre à l'occasion des intempéries hivernales et de la présence d'animaux en quête de nourriture. 

Ces confidences concernent aussi la compagne de Cédric Jubillar, Séverine L. Chargé par le peintre plaquiste de remettre à la quadragénaire plusieurs lettres, Marco a également organisé quatre rendez-vous avec la nouvelle compagne du père de famille. Des rendez-vous discrètement surveillés par les gendarmes, mis au parfum par l'ex-détenu. Entre le 13 octobre et le 6 décembre, Marco apprendra pêle-mêle, selon ses dires, que Séverine L. sait exactement où est enterré le corps de Delphine Jubillar - mais qu'elle ne souhaite pas s'y rendre, de peur d'être "pucée", c'est-à-dire suivie par les enquêteurs - et qu'elle souhaite, avec Cédric, déplacer ledit corps près de Montauban pour faire accuser l'amant de l'infirmière tarnaise. Des révélations que l'ex-codétenu du peintre plaquiste s'est empressé de rapporter aux enquêteurs, leur proposant même un enregistrement vidéo d'une des rencontres susmentionnées où l'on entend la quadragénaire déclarer : "Ça se voit un corps qui a été déplacé ? [...] Je ne sais pas comment tu vas retrouver ça, t'as les nerfs bien accrochés, con ?"

Pourtant, Séverine L. aurait fermement contredit cette version lors de sa garde à vue de décembre dernier : "C'est pour lever le doute que j'ai montré à Marco où se trouvait la ferme, pour qu'il aille vérifier s'il y a le corps de Delphine enterré", avait-t-elle alors assuré aux enquêteurs, ajoutant : "Je suis bête et influençable. J'ai fait ça par amour, j'ai donné l'endroit où Cédric a pu enterrer Delphine. Cédric ne m'a jamais dit ouvertement qu'il l'a tuée". Quid du fait qu'elle n'ait jamais contacté les gendarmes à propos du lieu où pourrait être enterré le corps de Delphine ? Son silence vient, selon elle, du fait qu'elle avait "peur" de Cédric. Et de confier : "Je pense qu'il est coupable. Je pense qu'il l'a vraiment tuée en fait. J'ai été manipulée, je l'ai cru, je m'en veux de l'avoir cru. Il est tellement capable de me mentir en me regardant droit dans les yeux".

Après l'audition du 3 décembre, Cédric Jubillar demeure le principal suspect dans la disparition de sa femme

Vendredi 3 décembre, de 9h30 à 15h40 environ, Cédric Jubillar avait, pour la seconde fois, été devant les juges d'instruction toulousaines, afin de s'expliquer sur les faits de la nuit où Delphine Jubillar a disparu, entre les 15 et 16 décembre 2020. A la sortie du bureau des magistrates, ses avocats ont martelé : Cédric "a redit ce qu'il a toujours dit, à savoir qu'il n'a pas tué son épouse, Delphine Jubillar. Nous considérons aujourd'hui que la piste Jubillar est épuisée et qu'il y a lieu de chercher ailleurs". Nos confrères de BFMTV confirment qu'il n'y a "pas [eu] de révélation" pendant cette audition, le peintre plaquiste ayant "maintenu [cette même] position" qu'il revendique depuis plusieurs mois : il est innocent, a-t-il réaffirmé.

Avant l'audition, les avocats du père de famille s'étaient exprimés, dénonçant une nouvelle fois le traitement juridique de l'affaire, des nombreux mois entre chaque épisode judiciaire à l'analyse de la couette qui se fait toujours attendre, en passant par - nouveauté - les auditions de Louis. "Je trouve que ceux qui font ça sont des irresponsables. Ceux à la fois qui diffusent ce que cet enfant a pu dire, ceux qui estiment utile d'entendre cet enfant trois fois. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je trouve cela assez indécent", avait accusé Me Alexandre Martin, l'un des conseils du suspect. Et d'ajouter : "Cette audition, dans le détail, démontre qu'il y a des contradictions et des contre-vérités. Mais, vous savez, [la thématique des] enfants dans les affaires criminelles nous renvoie à des exemples terribles : Murielle Bolle, le petit Rambla... Si l'accusation en est à vouloir faire tenir la culpabilité de Cédric Jubillar sur la parole d'un enfant de six ans entendu un an après, c'est que vraiment, ils n'ont rien d'autre."

145 appels téléphoniques qui interrogent

Une audition qui intervenait dans un contexte d'accélération de l'enquête. La Dépêche avait ainsi dévoilé ce même vendredi 3 décembre l'existence de 145 appels téléphoniques suspects émis par la compagne de l'amant de Delphine Jubillar, à destination d'un numéro pas encore identifié à ce jour. Ces nombreux appels ont été passés entre le 14 décembre, minuit et le 16 décembre à 14 heures, rapporte le quotidien régional. Pour rappel, la jeune femme avait appris que son compagnon, avec qui elle avait récemment eu un enfant, entretenait une relation extra-conjugale avec l'infirmière tarnaise le 14 décembre. A la suite de cette découverte, elle avait contacté Delphine Jubillar et lui avait demandé de se mettre en retrait, le temps des fêtes de fin d'année. Une requête qu'avait accepté l'infirmière disparue. A cela s'ajoutent les nouveaux entretiens avec Louis Jubillar et la révélation par Le Parisien du récit de deux voisines du couple cette nuit-là, qui assurent avoir entendu des cris.

Ces informations sont révélées à un moment charnière de l'enquête. La première audition de Cédric Jubillar, le 15 octobre dernier, qui portait sur les relations qu'entretenaient le couple, n'avait pas apporté aux juges d'instructions de nouveaux éléments. Malgré plusieurs demandes de remise en liberté, Cédric Jubillar est, depuis, resté incarcéré, à l'isolement, pour meurtre sur conjoint. France Bleu Occitanie indique également qu'une troisième audition pourrait avoir lieu, en janvier prochain.

L'enquête s'était accélérée peu avant la seconde audition de Cédric Jubillar

L'enquête s'est accélérée ces dernières semaines. La couette avec laquelle Delphine Jubillar dormait habituellement sur le canapé du salon a enfin été envoyée pour être analysée, après plusieurs mois sous scellés. Pour rappel, les dernières expertises réalisées sur l'eau de la machine à laver des Jubillar, prélevée le 17 décembre 2020, n'avaient révélé aucune trace de sang ni d'urine. Le siphon de la salle de bain ne comportait, lui non plus, aucune trace suspecte. D'autres nouveaux éléments de l'enquête, révélés par Le Point, ont fait émerger l'hypothèse selon laquelle Delphine Jubillar ne serait jamais sortie de chez elle le soir de sa disparition, alors que son mari avait déclaré, dans une première version, qu'elle ne s'était pas couchée à la même heure que lui et qu'elle s'était absentée pour sortir leurs chiens. L'un des chiens de la gendarmerie, un Saint-Hubert au flair réputé, n'aurait ainsi jamais retrouvé sa piste en dehors de son domicile.

Une première audition le 15 octobre sur la perception de Cédric sur le contexte de séparation du couple Jubillar

Cédric Jubillar avait déjà été entendu une première fois le 15 octobre dernier, devant les deux juges d'instruction toulousaines en charge de l'affaire. L'interrogatoire ne portait pas sur les faits de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, mais sur "les relations que Cédric entretenait avec son épouse depuis l'été 2020 jusqu'à sa disparition, dans le contexte d'une séparation qui se dessinait", avaient précisé ses avocats à la sortie du tribunal de Toulouse. Ils ont également indiqué que leur client n'avait pas changé de ligne de défense et qu'il clamait toujours son innocence. Aucun nouvel élément n'est apparu lors de cette audition, et un second entretien avec les magistrates est prévue en décembre.

Lundi 15 novembre, à l'occasion du 34ème anniversaire de l'infirmière tarnaise disparue, Le Parisien avait révélé le contenu de la première audition du 15 octobre de Cédric Jubillar, mis en examen pour meurtre sur conjoint en juin dernier. Lors de sa convocation au tribunal de Toulouse le vendredi 15 octobre dernier, à 9h30, le mari de Delphine Jubillar avait maintenu sa ligne de défense pendant les quatre heures où il a fait face aux juges d'instruction. Ouvrant son propos en martelant : "Je conteste toujours. Je suis innocent, je n'ai rien à voir avec la disparition de ma femme, je vous l'ai toujours dit", le peintre plaquiste avait également dénoncé les conditions dans lequel il est détenu. Avant de se défendre sur les violences verbales qu'il faisait subir à son épouse et de détailler sa vision du contexte de leur séparation.

Si l'audition avait donc débuté sur la dénonciation virulente des conditions de l'emprisonnement de l'accusé, le débat avait très rapidement été recentré sur la perception que Cédric Jubillar avait de son couple. Avec, en premier sujet, la question des insultes et violences verbales, qu'il semblait régulièrement professer à l'encontre de son épouse. Vaste malentendu, pour le père de famille. "Je sais pas, peut-être que l'humour que moi je possède n'est pas le leur, du coup ils le prenaient pour du rabaissement. Je n'ai jamais réussi à m'entendre avec ces gens-là, j'ai toujours été en conflit avec ces personnes", indique-t-il aux magistrates, se référant aux amies de sa compagne. Relancé par ses interrogatrices, il contre-attaque sur la question culturelle : "Quand moi je dis les choses, je ne tourne pas autour du pot […]. Je n'ai pas un langage soutenu comme certains gens ou comme vous, très haut placées et qui ont des termes polis. Moi, j'ai des termes plus désagréables et plus méchants." Pour ce qui est des menaces de morts professées à l'encontre de sa femme, il a également une réponse toute prête : "J'étais en colère, c'était des mots jetés en l'air" se défend le suspect. Et d'ajouter : "Ouais, j'en avais marre, j'étais en train de lutter sur tous les fronts, les enfants, le ménage, la nourriture, l'extérieur, j'étais tout seul à tout faire, donc quand j'ai dit ça, j'étais en colère, j'étais en train de me défouler. Comme je vous ai dit, c'est moi le con."

Quid des violences rapportées par Louis, le fils aîné du couple Jubillar ? Coups de pieds aux fesses, fessées, gifles en public, tirages d'oreilles... autant de marques d'admonestation que Cédric Jubillar infligeait à son fils aîné. Sur cette question, le peintre plaquiste reprend les juges : "C'est pourtant pas un enfant maltraité, rétorque Cédric Jubillar. Il n'est jamais arrivé à l'école avec des bleus ni avec des coquards ou quoi que ce soit (…). C'est sûr que oui, je gueule, c'est un moyen de faire peur, j'essayais de faire peur à mon enfant. Pour éviter qu'il ne refasse la même bêtise". Et se justifie : J'étais le seul à m'occuper de l'éducation de Louis, parce que Delphine ne faisait rien, elle ne faisait que le laisser devant la télé ".

Argent, drogue, cannabis... : quelle est la version de Cédric Jubillar ?

Le sujet de la consommation de cannabis du peintre plaquiste a également été abordé par les juges d'instruction toulousaines, mais rapidement balayé par Cédric Jubillar. Pour lui, le malaise dans le couple ne provenait pas tant de sa consommation de cannabis, qu'il estimait à une dizaine de joints par jour et dont le budget mensuel s'élevait à environ 400 euros - soit un quart de son salaire -, que de la précarité de son statut d'ouvrier intermédiaire. Il a expliqué aux juges : "Elle m'en voulait parce que ça ne me faisait pas avoir un revenu fixe comme elle avait. Pour elle, ce qui était le plus important, c'était que j'ai de l'argent qui rentre à période fixe. Ça la gênait que je sois obligé de ponctionner sur le compte des petits ou sur son compte à elle…". " Ça m'arrive de lui prendre encore sa carte, oui de temps en temps à son insu, ça l'embêtait un peu, elle m'engueulait comme d'habitude et puis après ça passait", explique-t-il encore. Et d'ajouter : "Quand je remboursais, je donnais 20 ou 30 euros de plus, j'étais pas le méchant, j'étais l'homme bien au final, mais ça, elle le disait pas".

Enfin, le vif du sujet a été abordé : le contexte de séparation du couple. Qu'est-ce qui a poussé à la procédure de divorce, pour Cédric Jubillar ? "J'ai pas de CDI, l'argent ne rentre pas au bon moment, j'ai pas de voiture fixe, j'ai pas de permis, je ne sais pas parler et je fais que crier, énumère-t-il. J'essaye de la reconquérir, de redevenir le mari idéal, mais ça donne rien […]. Quand je vois que ça sert à rien, j'abandonne, je laisse tomber […] Je sais que c'est fini. Je l'ai accepté à partir de mi-septembre. En octobre, je m'inscris sur Meetic." Il se dit "très déçu. Très très abattu de tout ce qu'on avait pu construire ensemble et que ça vole en éclat en un claquement de doigts. Ça reste la mère de mes enfants, elle aura toujours une place dans mon cœur". 

Quid de la découverte de l'amant de Delphine Jubillar ? Le père de famille admet "l'existence d'un amant", mais ajoute : "Je m'en moque un peu". "Je suis le seul et unique homme dans sa vie et je suis le premier, donc je me dis que si elle peut aller voir ailleurs et qu'elle me revienne en voyant que c'est nul, tant mieux". L'homme a cependant tenté de géolocaliser sa femme et a surveillé ses paiements. Ces actions ont aussi une explication pour le suspect n°1 dans la disparition de l'infirmière tarnaise : "Si jamais elle veut m'embêter par rapport au fait que je suis un fumeur et qu'elle veuille que la garde ne soit plus alternée mais exclusive pour elle, que j'aie aussi des billes de mon côté, que je puisse lui dire : 'Attends, t'as un amant et je te fais pas chier', qu'on reste à l'amiable…" Bémol dans cette argumentation ? Rien ne laissait présager que Delphine Jubillar allait réclamer la garde exclusive. Le trentenaire a également proposé aux juges son analyse de la vie extra-conjugale de son épouse : "Pour moi, elle a plusieurs amants. C'est quelqu'un qui s'amuse et qui est en train de se chercher", affirme-t-il devant les magistrates. Encore une fois, rien ne corrobore ses propos.

Cédric Jubillar veut sortir de prison

L'audition du 15 octobre dernier s'est achevée sur un "Je suis un innocent mis en prison, tout ça parce qu'au départ on vous a manipulées", lancé par Cédric Jubillar. Pourtant, la chambre de l'instruction a rejeté, le 22 novembre dernier, la nouvelle demande de remise en liberté de Cédric Jubillar. Le peintre plaquiste devra donc attendre à la maison d'arrêt de Seysses (Haute-Garonne) son prochain rendez-vous avec la justice, fixé au 3 décembre : il y sera interrogé par les juges d'instructions toulousaines sur les faits de la nuit de la disparition de son épouse. La chambre de l'instruction a justifié sa décision par deux arguments : d'une part, les recherches du corps qui se poursuivent et de l'autre, les auditions à venir de Louis Jubillar, 7 ans, qui ont eu lieu fin novembre, ainsi que le second interrogatoire de Cédric Jubillar par les juges d'instruction début décembre.

Son audience du 16 novembre dernier lui avait également permis de plaider avec ses avocats pour sa remise en liberté. Les avocats avaient affiché leur colère à la sortie de cette audience. Pour eux, leur client n'y avait pas "été entendu sur le fond du dossier". Ces derniers regrettaient encore qu'il faille attendre le mois de décembre : "Cet homme a besoin de s'exprimer, il a crié son innocence". A l'ouverture de cette audience, Cédric Jubillar avait glissé à la presse : "Je n'ai jamais fait de mal à Delphine", juste avant que cette dernière ne s'éclipse de la salle, un huis clos ayant été imposé. Il avait immédiatement été rabroué par la présidente : "Vous n'êtes pas là pour donner des interviews à la presse", s'était-elle exclamée. Interjection aussitôt suivie d'une "Mais il n'a jamais eu l'occasion de s'exprimer !", scandé par Me Alexandre Martin, l'un des conseils de Cédric Jubillar.

Incarcéré à la maison d'arrêt de Seysses (Haute-Garonne) depuis le 18 juin 2021, Cédric Jubillar s'est vu refuser à ce jour plusieurs demandes de remise en liberté. Il continue de nier quelconque implication dans la disparition de son épouse, mais reste le suspect n°1 aux yeux des enquêteurs.

Des témoignages qui pointent du doigts Cédric Jubillar

Englué avec son épouse dans une procédure de divorce, Cédric Jubillar est la cible de plusieurs témoignages le calomniant depuis le début de l’enquête. Le 1er décembre, Le Parisien avait dévoilé le témoignage d'une des voisines des Jubillar, qui assure avoir entendu des cris de femme la nuit du 15 au 16 décembre 2020, dernière nuit où Delphine Jubillar a été vue en vie. Le domicile de cette voisine, situé à 130 mètres à vol d'oiseau de celui du couple, lui aurait permis, selon le quotidien, de distinguer un premier "cri de peur" : "C'était fort. Ça criait, ça s'arrêtait, et la peur était si importante qu'elle n'avait pas le temps de reprendre son souffle. Ce que je sais, c'est que le cri de cette personne m'a fait très, très peur". La témoin aurait également confié aux gendarmes que la scène aurait duré "entre cinq et dix minutes" et que des "couinements" de chiens se seraient également fait entendre. Dans le détail, la voisine a indiqué être sortie fumer une cigarette peu avant la fin de "Retour vers le Futur II", diffusé cette nuit-là sur TF1 : elle aurait entendu, à ce moment, de premiers cris de femme. Quelques minutes plus tard, c'est sa fille, âgée d'une dizaine d'années au moment des faits, qui la rejoint, "au moment de la pub". Pas de doute pour les gendarmes, qui ont recueilli les informations du programme télévisé auprès de TF1 : cette coupure pub correspond à la fin du film, à 23h07. Le Parisien rapporte, dès lors, que "sur la base de ces différents éléments, les enquêteurs émettent l'hypothèse qu'à cet horaire précis, Delphine Jubillar est en situation de détresse, en train de suffoquer à l'extérieur de sa maison, sans doute dans le jardin situé à l'arrière de l'habitation."

Autre élément troublant : le relancement des interrogatoires du fils aîné du couple Jubillar, Louis, âgé de sept ans. Fin novembre 2021, les enquêteurs ont cherché à savoir si sa version des faits sur la nuit de la disparition avait évolué. Version des faits qui, par ailleurs, remet largement en cause celle de son père : si le peintre plaquiste affirmait être endormi dès 22h30, Louis assure depuis près d'un an qu'il a entendu ses parents se disputer aux alentours de 23 heures, lorsqu'il était allé se coucher. Pour rappel, Louis es l'est l'une des dernières personnes à avoir vu Delphine Jubillar en vie : le soir de sa disparition, il avait regardé "La France a un incroyable talent" (M6) aux côtés de sa maman, avant de partir faire un câlin à son père dans la chambre parentale, vers 22h30. Il avait rejoint sa propre chambre environ une demi-heure plus tard, avant d'entendre ses parents se disputer : lors de ses précédentes auditions, le jeune garçon avait précisé avoir entendu "des gros mots" et cette phrase : "Puisque c'est comme ça, alors on va se séparer". L'enfant, âgé de 7 ans aujourd'hui, n'avait alors pas su dire si elle avait été prononcée par son père ou par sa mère.

Son agressivité a aussi été dénoncée : "Plusieurs fois, on l'a entendu dire à sa mère : 'Oui je vais la tuer, je vais l'enterrer, personne va la retrouver. Elle veut me quitter, elle veut demander le divorce'. Déjà il savait qu'il allait tout perdre", avait confié anonymement un proche du peintre plaquiste à France Bleu Occitanie. Un autre intime de Delphine et Cédric Jubillar avait également témoigné auprès de BFMTV, faisant état d'"un couple qui avait beaucoup de tensions ces derniers temps", et précisant que Cédric "avait tendance à dire des choses mal sur Delphine, à la rabaisser". Et d'ajouter : "Je ne peux pas dire qu'il est coupable, mais j'ai mes doutes". Un autre membre de la famille proche de l'infirmière, dont les propos étaient recueillis par BFMTV, enfonçait le clou : selon lui, Cédric Jubillar "rabaissait Delphine, et rabaissait en même temps un peu tout le monde." Ce témoin privilégié de l'intimité de l'ancien couple ajoutait que "pour nous, on s'est toujours dit que...pas que c'était lui, mais qu'il pouvait y avoir quelque chose." Enfin, à l’occasion du premier interrogatoire de Cédric Jubillar, BFMTV diffusait son documentaire "Jubillar : pour le meilleur et pour le pire", qui rassemble des témoignages de proches et voisins du couple qui, pour certains, accablent Cédric Jubillar. Décrit par Ronan Falgoas, journaliste au Parisien ayant rencontré le père de famille à plusieurs reprises, comme un homme avide de la célébrité que cette affaire lui a apporté, il est également dépeint comme un provocateur, qui n'hésite pas à clamer "évidemment que je l'ai tuée" quand on lui demande s'il a un lien avec la disparition de sa femme.

D’autres éléments dépeignent un Cédric Jubillar agressif. Ainsi, Jean-Alphonse Richard, journaliste de l'émission "L'heure du crime", sur RTL, avait affirmé que Cédric Jubillar avait été "très difficile à appréhender" pour les gendarmes pendant sa garde à vue. Par ailleurs, une lettre qu’il aurait envoyée à une approche fait état de ses rapports conflictuels avec ses gardiens de prison au début de sa mise à l’isolement : il les y traite de "fiottes" et imagine qu’ils se font "violer par leurs femmes" pour avoir envie de lui imposer leur autorité de la manière dont ils le font. Son comportement à la maison d’arrêt de Seysses a également été rapporté par les enquêteurs : fraichement arrivé sur place, il a, à plusieurs reprises, dévissé l’ampoule qui éclaire sa cellule, dérangé dans son sommeil par l’allumage de cette dernière chaque heure de la nuit. Cette procédure, que l’homme assimilait à de la torture psychologique, est en réalité une procédure de prévention du suicide des prisonniers considérés comme fragiles, catégorie dans laquelle Cédric Jubillar se range.

De nombreuses disputes entre Delphine et Cédric Jubillar

Outre la nette différence de revenus entre les deux membres du couple, le dossier avait révélé, au fil des mois, plusieurs faits troublants : Delphine Jubillar avait notamment, peu avant sa disparition, demandé à changer son code de carte bancaire et elle avait rendez-vous, le 18 décembre 2020, à son agence pour faire fermer le compte qu'ils partageaient, selon les éléments dont disposeraient les enquêteurs. L'infirmière aurait également accusé son mari de puiser dans les livrets A de leurs enfants, Louis et Elyah, pour acheter de la résine de cannabis.

Une procédure de divorce placée sous le sceau de nombreuses disputes

Par ailleurs, alors que Cédric affirmait devant les gendarmes que la procédure de divorce se déroulait dans l'apaisement, les enquêteurs avaient découvert que le couple aurait connu de nombreuses disputes dans les derniers mois avant la disparition. Plusieurs messages retrouvés sur les téléphones de Delphine et Cédric Jubillar et plusieurs témoins auraient fait état d'une crise que traversait le couple. Par ailleurs, Delphine Jubillar aurait eu une relation extra-conjugale avec un homme marié résidant à Montauban : il semblerait qu’elle souhaitait s’engager sérieusement dans cette relation. Selon Le Parisien, enfin, "les gendarmes ont acquis la conviction qu'une dispute a éclaté entre Cédric et Delphine la nuit du drame après une discussion houleuse au sujet de l'avenir de leur couple". Les cris de femme entendus en pleine nuit par une voisine des Jubillar, Mme Emmanuelle Franck, et sa fille, assimilés par les deux femmes à une dispute du couple, semblent également accabler Cédric Jubillar.

Des éléments troublants sur la nuit de la disparition

Au début du mois d'octobre 2021, l'hebdomadaire Le Point révélait que Delphine Jubillar aurait pu ne jamais avoir quitté son domicile le soir de sa disparition, contrairement aux affirmations de son mari. Le Saint-Hubert de la gendarmerie, réputé pour son flair, n'aurait en effet retrouvé aucune piste de sortie de la jeune femme depuis sa maison. Cédric Jubillar avait pourtant assuré que, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, son épouse était sortie promener leurs deux chiens, comme à son habitude. Cette version était déjà contestée par plusieurs témoignages, qui affirmaient que la jeune femme ne sortait jamais ses chiens de jour, donc qu’il n’y avait aucune chance qu’elle les sorte de nuit. Le père de famille avait, par ailleurs, tenu des propos contradictoires devant les enquêteurs plus tard sur cette question : en juin 2021, toujours selon l'hebdomadaire, il aurait affirmé avoir lui-même promené les chiens le soir de la disparition de son épouse, alors que cette dernière regardait une émission télévisée avec leur fils aîné, Louis. Il aurait alors, selon ses dires, pensé qu'elle était ressortie promener les chiens ne la trouvant pas à son réveil, plus tard dans la nuit. Reste que l'enquête aurait établi que Delphine Jubillar s'était mise en tenue de nuit avant de disparaître, ce qui laisse penser qu'elle s'apprêtait à aller se coucher plutôt qu'à sortir ce soir-là. Les chiens, quant à eux, n'auraient jamais quitté le domicile familial, contrairement à ce qu'avance Cédric Jubillar...

Les gendarmes ont également pu s'interroger sur plusieurs éléments avancés par Cédric Jubillar au sujet de la nuit de la disparition de son épouse. L'analyse du téléphone du peintre plaquiste a fait apparaitre, par exemple, des dissonances avec le discours qu’il tient sur son activité la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Ainsi, son portable aurait cessé toute activité à 22h08, pour être rallumé à 3h53 pour se connecter sur un site de rencontres. Une minute plus tard, à 3h54, le téléphone aurait été utilisé pour contacter Delphine par tous les moyens : Cédric aurait effectivement tenté de joindre son épouse 189 fois en attendant l'arrivée des gendarmes, qu'il avait contacté après avoir demandé à des amies de Delphine si cette dernière se trouvait chez elles. Les gendarmes arriveront au domicile Jubillar dès 4h50. Dernier détail dans l'amoncellement d'éléments à charge dans ce dossier : à 7h12 du matin, alors que les gendarmes sont toujours présents chez lui et effectuent des constations dans la maison, Cédric Jubillar se serait connecté à un jeu vidéo Game of Thrones – un comportement jugé peu compatible avec l'état d'un mari inquiet, selon les enquêteurs.

Selon l'accusation, il est possible que Cédric Jubillar ait utilisé la Peugeot 207 bleue de Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre pour transporter le corps de son épouse, avant de rentrer chez lui. Pour cela, il aurait pu disposer d'une fenêtre de quatre à cinq heures, entre 23 heures et 4 heures du matin environ. Le père de famille aurait alors pu parcourir plusieurs dizaines de kilomètres. Bien que la nuit en question corresponde au début d'un couvre-feu en vigueur de 20 heures à 6 heures du matin – qui augmentait fortement le risque d'être contrôlé, ou d'apparaître sur le champ de caméras de vidéosurveillance –, deux témoignages laissent à penser que la Peugeot 207 de Delphine Jubillar aurait changé de sens de stationnement dans la nuit, donc qu’elle aurait été déplacée. Ce scénario semble être corroboré par le fait que les gendarmes appelés le soir de la disparition de Delphine Jubillar aient retrouvé de la condensation dans l'habitacle de la voiture, selon Le Point.

La disparition de Delphine Jubillar a eu lieu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Cette infirmière de 33 ans se trouvait à son domicile avant de s'évaporer. Toutes les affaires de la jeune femme, hormis une doudoune blanche et son téléphone portable, ont été retrouvées dans la maison. La seule version des faits est venue de son mari, qui prétend que sa femme a disparu alors qu'il était endormi, parti se coucher seul à 22 heures 30, laissant sa compagne devant la télévision.

Le trentenaire a expliqué aux gendarmes qu'il avait été réveillé aux alentours de 4 heures du matin le 16 décembre par les pleurs de la petite fille du couple, âgée de seulement quelques mois, et avait réalisé à ce moment-là que Delphine avait quitté leur domicile de Cagnac-les-Mimes (Tarn). Il a alors décidé de contacter la gendarmerie pour signaler la disparition de son épouse. Cédric Jubillar a également affirmé qu'il pensait que sa femme était partie promener les chiens, ayant retrouvé ces derniers à l'extérieur de leur domicile. Les gendarmes ont tout de suite pris très au sérieux ce signalement et se mobiliseront par centaines pour retrouver la trace de la trentenaire. Le 23 décembre, une information judiciaire a été ouverte pour "arrestation, enlèvement, détention ou séquestration arbitraire".

Les enquêteurs se sont rapidement penchés sur le bornage de son téléphone portable, qu'elle semblait vraisemblablement avoir emporté avec elle le soir du drame. Ce téléphone, également disparu, a borné une dernière fois à deux kilomètres de chez elle, quelques heures après la disparition de l'infirmière. S'étant éteint pour la dernière fois à 7h48 le 16 décembre, il avait été réactivé plusieurs fois dans la nuit – sans que les enquêteurs soient capables de déterminer si c'était Delphine elle-même qui l'avait utilisé, ou quelqu'un d'autre. A 22h58, Delphine aurait, selon les éléments de l'enquête, envoyé un message à son amant. Plus tard, c'est son frère qui l'aurait contactée sur WhatsApp, dans un message relatif aux cadeaux de Noël : le message sera lu à 00h11. Enfin, la caméra du téléphone aurait été réactivée à 1h33 du matin, toujours dans la zone dans laquelle le téléphone avait borné.

C'est donc dans cette zone que les espoirs de retrouver l'infirmière se sont d'abord concentrés. Les gendarmes de la Section de recherche ont sondé lacs, rivières et cavités, mené des battues dans les champs et les bois autour du village de Cagnac-les-Mimes, une ancienne cité minière de 3000 habitants, où la jeune femme habitait, avec son mari et ses deux garçons, Louis et Elyah. Le domicile a lui aussi été plusieurs fois perquisitionné. De nombreuses battues seront également organisées hebdomadairement par les amies et voisines de l’infirmière tarnaise. En vain.

"L'ouverture [de cette] information [judiciaire] a donné lieu à plus de 2 500 actes et procès-verbaux en six mois et a mobilisé des moyens matériels considérables", avait résumé le procureur du Tarn le 18 juin 2021. Il avait ajouté : "C'est une disparition inquiétante, qui ne saurait être considérée comme volontaire. L'hypothèse d'un accident a été évacuée […] La notion de suicide ou de départ volontaire est en contradiction totale avec tous les éléments du dossier. Delphine Jubillar était une mère de famille, une infirmière qui adorait son métier. Elle avait des amis et des enfants. Elle n'avait strictement aucune raison de disparaître." De plus, "elle avait pour projet, dans les semaines qui suivaient, de quitter le domicile et de s'installer avec un autre homme, rencontré l'été précédent". Concernant Cédric Jubillar, le procureur avait précisé : "Contrairement à ce qui a été dit, le contexte de séparation du couple était très conflictuel […] Cédric Jubillar avait une très grande difficulté à accepter cette séparation. Il pouvait se montrer brutal et grossier. Il avait organisé une véritable surveillance de son épouse, essayant même de la géolocaliser. Il était très intrusif." Entre l'appel de Cédric à la gendarmerie et aujourd'hui, la version des faits initiales du père de famille a largement été remise en cause.

Alors que s'enchainaient les auditions de Cédric Jubillar, La Dépêche du Midi avait recensé les nombreux lieux toujours inexplorés où pourrait avoir été dissimulé le corps de Delphine Jubillar. Certains lieux très précis avaient déjà été inspectés, ou étaient alors en passe de l'être, avait alors indiqué le quotidien, comme le puits de la Grillatié, situé entre Carmaux et Blaye-les-Mines et la déchetterie de Trifyl, ainsi que les stations d'épuration - comme celle de La Maurélié (Cagnac-les-Mines), des Glands (à proximité de Garric) ou encore celle située entre Carrefoul et Taïx. Les chantiers sur lesquels avait travaillé l'époux de Delphine Jubillar avaient également intéressé les gendarmes, ainsi que les déchetteries sauvages liées au monde du BTP, qui sont légion dans les bois de la région. Enfin, les points d'eau, peu importe leur taille, retiennent toujours l'attention des gendarmes, du ruisseau la Combe Longue à celui la Combe del Poux, en passant par la réserve d'eau de Fonroque et les lavoirs Laboulbène et Sainte-Marthe, à Labastide-Gabausse. Ces recherches s'étaient soldées d'échecs.

Pour rappel, d'autres lieux ont déjà été passés au peigne fin par les enquêteurs, du lac de la Roucarié au bois de Saint-Quintin, en passant par l'ancien lavoir à charbon sur le site de "La Tronquié", le site de Cap Découverte, le lac de Cagnac et, bien évidemment, le domicile des Jubillar à Cagnac-les-Mines. Ces lieux avaient notamment été inspectés lors des moments-clés de l'enquête - en premier lieu, à l'occasion de la toute première audition de Cédric Jubillar, qui survenait dans un contexte d'accélération des fouilles pour retrouver l'infirmière du Tarn. Ce sont sur les souterrains de Cagnac-les-Mimes, commune d'habitation du couple, que ces recherches s'étaient portées, sans succès. Les particularités topographiques de la région avaient en outre provoqué, mercredi 6 octobre, le déplacement d'une unité de gendarmes spéléologues pour fouiller les cavités souterraines - épisode très médiatisé. L'équipe spécialisée avait notamment investigué l'ancien lavoir à charbon de Blaye-les-Mines, situé à seulement 7 kilomètres du domicile des Jubillar. La zone, difficile d'accès, aurait été l'endroit idéal pour dissimuler un corps ou des indices. Des fouilles discrètes avaient également déjà été faites dans un puits inscrit dans le cadastre de Cagnac-les-Mines. Toujours et encore en vain. "C'est un travail de fourmi", avait alors affirmé François Daoust, ancien directeur de l'IRCGN (l'institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale), du pôle judiciaire de la gendarmerie et professeur de sciences criminelles à l'université de Cergy Pontoise. "On peut largement faire disparaître quelqu'un et ne pas le retrouver tout de suite", avait-t-il ajouté.

Pour rappel, "le sol et le sous-sol de cette commune constituent un vaste gruyère, c'est une zone particulièrement difficile pour rechercher un corps", avait précisé au Parisien un "connaisseur". En janvier 2021, déjà, la mairie de Cagnac-les-Mines avait recensé tous les puits de l'espace public et ceux présents sur les terrains privés, les cavités de la commune s'étant révélées être une véritable fourmilière. Dans un reportage paru dimanche 3 octobre 2021, La Dépêche du Midi expliquait que "le passé minier et la topographie vallonnée de la commune, avec plusieurs bois et des friches impénétrables, rend[ai]ent les opérations particulièrement difficiles", ce qui justifiait le déploiement de tels moyens dans les fouilles souterraines.

Au cours d’un entretien avec Midi Libre, Me Jean-Baptiste Alary, avocat de Cédric Jubillar, a développé, les pistes toujours inexplorées dans la disparition de Delphine Jubillar. Selon lui, en choisissant de désigner Cédric Jubillar comme unique suspect dans la disparition de son épouse, l'enquête passe à côté d'éléments importants qui auraient pu aider à retrouver le corps de l'infirmière tarnaise. Ainsi, il martèle à plusieurs reprises que "les autres pistes n'ont jamais véritablement été exploitées. Ce n'est pas 10 mois après qu'ils vont le faire. Maintenant c'est trop tard !" et qu'"on s'est contentés, je grossis le trait, de voir si leur téléphone bornait à Cagnac-les-Mines cette nuit-là. On a décrété que si leur téléphone ne bornait pas c'est qu'il n'y était pas. Ce n'est pas sérieux."

En choisissant par exemple de placer sous scellés la couette retrouvée dans le lave-linge des Jubillar pendant près de huit mois – les analyses de l'eau prélevée dans le siphon ont été révélées il y a quelques jours, sans dessiner le contour d'un quelconque indice, et la couette est en train d’être analysée –, les juges d'instruction et les enquêteurs ont fait une erreur pour le conseil : "Ce dossier a été mal géré dès le départ. Un exemple symptomatique : la couette. Elle est placée sous scellés une trentaine d'heures après le signalement de la disparition va mettre 8 mois à partir dans un laboratoire d'analyse. C'est symptomatique. Ça signifie que pendant 8 mois, des juges d'instruction, des enquêteurs - une dizaine à temps plein nous a-t-on dit - et un procureur de la République, dans tout ce petit monde, personne ne s'est dit : 'si on l'examinait ce truc-là'. On vous en fait a posteriori un élément à charge. Est-ce que c'est bien gérer un dossier ? Pour moi, c'est clairement non."

Il ajoute que plusieurs pistes intéressantes n'ont jamais été considérées comme sérieuses par les enquêteurs et par les juges d'instruction, en détaillant lesdites pistes : "La personne qui s'attribue le meurtre par SMS, on n'a rien cherché [un homme aurait écrit à son ex-compagne peu après la disparition de Delphine Jubillar, lui avouant être l’auteur du meurtre, ndlr]. Ce personnage qui la draguait, on n’a pas cherché. Le rôdeur, on n’a pas cherché. Ce véhicule resté pendant trois quarts d'heure au bord de la route et qui a été vu par deux témoins, on n'a pas cherché. Le chauffeur de taxi qui a aperçu une femme marchant au petit matin avec une doudoune blanche, on n'a pas cherché. Il n'y a que Cédric Jubillar qui les intéresse. Il est dans le viseur depuis le premier jour et il n'y a que ça qui les intéresse."

Les arguments de la défense

Me Jean-Baptiste Alary, dans un entretien accordé à Midi Libre ce mardi 19 octobre, a dénoncé une nouvelle fois le travail de la justice sur l'affaire de la disparition de Delphine Jubillar. L'avocat a notamment pointé du doigt le manque, voire l'absence, d'éléments à charge dans le dossier : "Des éléments à charge, ce n'est pas compliqué, il n'y en a pas ! Il y a des suppositions, des pièces à qui on veut faire dire ce qu'elles ne disent pas. En réalité si on essaie de regarder le dossier de manière objective et pragmatique, il n'y a rien ! Il y a des éléments de contexte, de personnalités c'est tout. Est-ce qu'on a une scène de crime, des traces, de l'ADN ? Non. Il n’y a rien. Il n'y a que des suppositions dans ce dossier", s'est-il indigné. "Il y a un raisonnement à l'envers, où on prétend avoir trouvé la solution de tous les problèmes avant même de les avoir cherchés. C'est un peu comme si votre médecin vous donnait un diagnostic avant d'avoir cherché les symptômes. C'est juste une aberration", a ajouté le conseil de Cédric Jubillar.

Me Alary a également dénoncé les stratégies de pression que son client subit : "Ils ont déjà tout essayé pour le faire craquer, pour le faire avouer, toutes les pressions psychologiques ont déjà été exercées. C'est inopérant car il n'a rien à lâcher, il n'a rien à dire. À partir de ce moment-là vous pouvez exercer sur lui toutes les pressions que vous voulez, s'il n'a rien fait, il n'a rien fait ! C'est tout", a-t-il insisté. Pendant son entretien avec Midi Libre, Me Alary a expliqué avoir effectué cette demande "parce que c'est anormal. Il ne faut pas perdre de vue que l'isolement est une mesure exceptionnelle et temporaire. C'est la cour européenne des droits de l'homme qui l'a décidé ainsi considérant qu'il s’agissait d'un traitement dégradant." Et d'ajouter : "Cédric Jubillar n'est pas une personne à risque. Rares sont ceux, dans des dossiers criminels que j'ai pu traiter, qui sont placés à l'isolement. A fortiori depuis plus de 4 mois. [...] Des clients plus dangereux que lui, qui présentent davantage de risques, j'en connais. Eux, ils ne sont pas à l'isolement". Selon lui, "c'est une mesure qui n'a aucune justification", "mais alors aucune", a-t-il martelé.

Interrogé par France 3 Occitanie jeudi 14 octobre, soit la veille de cette première audition, Me Alary, blâmait déjà le traitement de l'enquête par les juges. "Nous sommes aujourd'hui au seuil d'une erreur judiciaire", avait-t-il affirmé.

Delphine Aussaguel (nom de jeune fille) Jubillar était infirmière de nuit à la clinique Claude-Bernard d'Albi. Née en 1987, elle est âgée de 33 ans au moment de sa disparition, la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Dès ses 12 ans, la jeune fille perd son père, mécanicien automobile. Sa mère l'élève seule, elle et ses deux petits frères, dans un HLM situé à Gaillac (Tarn). Dès 2014, Delphine voit l'état de santé de sa mère se dégrader peu à peu : atteinte d'une maladie neurodégénérative, la femme est admise dans un centre spécial, mais décède en 2016, âgée de 60 ans. Un décès qui affectera énormément l’infirmière tarnaise, selon ses proches.

L'ayant rencontré en 2005 à la fête d'anniversaire d'une amie en commun, Delphine avait épousé Cédric Jubillar en 2013, peintre plaquiste autoentrepreneur. Selon des informations rapportées par Le Parisien, c'est Cédric Jubillar qui a entrepris la construction de la maison de famille, située à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. Ensembles, le couple a donné naissance à deux enfants : Louis, un garçon de 6 ans au moments des faits, et Elyah, âgée de 18 mois lorsque sa mère a disparu. Il est mentionné dans plusieurs titres de presse que c'est le salaire d'infirmière de Delphine Jubillar qui subvenait aux besoins du couple et du foyer. A l'été 2020, Delphine Jubillar avait fait part de son désir de divorcer de son époux. D'après son avocate, ce divorce paraissait s'effectuer d'un commun accord.

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