Christophe Castaner, un ministre plombé par ses boulettes
Le remaniement devrait mettre fin au mandat de Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur. Le locataire de la Place Beauvau n’a certes pas eu la partie facile avec la gestion de la crise des Gilets jaunes. Mais il laisse derrière lui l’image d’une certaine légèreté qui s’accorde mal avec la fonction.
Les gardes mobilesUn mois après avoir fait des pieds et de mains pour succéder à Gérard Collomb à la tête du ministère de l’Intérieur, à la mi-octobre 2018, Christophe Castaner se retrouve en première ligne dans la crise des Gilets jaunes. La violence des premières manifestations, fin novembre et début décembre, surprend le pouvoir. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Intérieur s’emmêle les pinceaux à l’Assemblée nationale. Alors qu’il s’exprime sur les effectifs des unités de maintien de l’ordre, il confond gendarmes mobiles et gardes mobiles. Mais il y a bien longtemps que les gendarmes mobiles ne s’appellent plus ainsi.
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Folle soiréeEnsuite, le mouvement des Gilets jaunes se poursuit, épuisant policiers et gendarmes. Le ministre de l’Intérieur fait alors un faux pas dans sa communication. Il est photographié, au soir du XVIIe acte des Gilets jaunes, lors d’une soirée arrosée. Les photos de Christophe Castaner dansant au Noto, un restaurant-discothèque, vont faire les choux gras des hebdomadaires people.
Repris par son secrétaire d’EtatLa critique en légèreté de Christophe Castaner reprend du corps après une nouvelle audition au Sénat. Début octobre 2019, la commission des Lois interroge Christophe Castaner sur le périple meurtrier de Mickaël Harpon à la préfecture de police de Paris. Les députés lui demandent les fonctions de l’assaillant. “Je crois qu’on va pouvoir vous communiquer la fiche de poste de l’auteur”, commence le locataire de la Place Beauvau. “Elle est forcément classifiée parce qu’elle touche à l’organisation”, corrige aussitôt son secrétaire d’Etat Laurent Nunez. “Vous savez ce qu’on va faire? On va la communiquer à la mission…”, tente de se reprendre le ministre. “A la délégation parlementaire au renseignement”, corrige aussitôt le président de la commission des Lois Philippe Bas. Quand ça ne veut pas…
Le rétropédalage sur la suspensionDébut juin, le débat sur les violences policières fait rage après la mort dramatique, aux Etats-Unis, de George Floyd, asphyxié par un policier. Christophe Castaner réussit alors l’exploit de décevoir ses troupes, policiers et gendarmes tout en ne contentant pas ceux qui dénoncent les violences policières. Après avoir demandé la suspension systématique des fonctionnaires pour “chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes”, Christophe Castaner précisera ses propos. “Le racisme est une faute grave, et lorsque les faits sont établis, la suspension administrative doit être envisagée indépendamment de l’enquête disciplinaire ou des poursuites judiciaires. C’est évidemment dans ce cadre, et dans ce seul cadre, qu’il convient d’agir”, écrit-il, rapporte Le Monde.
Les policiers avaient vu dans la première formulation du ministre une remise en cause de la présomption d’innocence. Un épisode décortiqué également par L’Opinion. Qui livre au passage le surnom de Christophe Castaner Place Beauvau: “Rantanplan”, le chien un peu bête qui suit Lucky Luke.