« C'est l'effervescence dans tous les services de police » : Christophe Castaner confronté à la colère policière
A la veille d’un week-end marqué par des appels à manifester contre les violences policières et le racisme partout en France, l’exécutif se retrouve pris en tenaille, avec des forces de l’ordre en colère qui envisagent en retour un mouvement de protestation au sein de leurs rangs. Jeudi 11 juin, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a reçu tout l’après-midi les syndicats des gardiens de la paix et des gradés pour tenter de désamorcer ce début de fronde. Il devait recevoir les représentants des officiers et des commissaires vendredi, mais la mobilisation des fonctionnaires menace déjà de déborder.
Les policiers estiment ne plus être soutenus par le locataire de la Place Beauvau. « Mes collègues ne sont plus protégés, ils sont lâchés dans le désert par leur ministre, donc j’appelle mes collègues à ne plus interpeller, à ne plus intervenir », a réagi devant les caméras Yves Lefebvre, patron du syndicat Unité SGP Police-FO, majoritaire au sein du ministère de l’intérieur, à la sortie de l’entrevue, jeudi après midi, lançant un appel à des rassemblements devant les commissariats.
« Effervescence dans tous les services de police »« On est arrivés à la réunion avec une grosse colère remontant du terrain, abonde Olivier Hourcau, secrétaire général adjoint d’Alliance police nationale, l’autre principal syndicat de gardiens de la paix, qui devait organiser une action spéciale à Paris vendredi matin. Les déclarations du ministre ont résonné comme une bombe à retardement, c’est l’effervescence dans tous les services de police de France. »
Le feu couve depuis la conférence de presse organisée lundi 8 juin par Christophe Castaner. La veille, il avait été sommé par Emmanuel Macron « d’acccélérer » sur la réflexion déontologique entamée en janvier suite à plusieurs dérapages des forces de l’ordre pendant les manifestations contre la réforme des retraites et après la mort de Cédric Chouviat, un livreur tué lors d’un contrôle routier qui a dérapé, sur les quais à Paris.
Cette demande émanant de l’Elysée faisait suite à plusieurs manifestations contre le racisme et les violences policières, liée à la mort de George Floyd aux Etats-Unis, un homme noir asphyxié sous le genou d’un policier blanc. En France, le mouvement a trouvé un écho dans l’affaire Adama Traoré, un jeune homme décédé en juillet 2016 quelques minutes après une interpellation musclée réalisée par trois gendarmes, dans des circonstances qui font encore aujourd’hui l’objet d’une information judiciaire.
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