Open d'Australie 2025 Finale Alexander Zverev, le grand bond en ...

Il y a donc toujours quelqu'un pour se mettre en travers de la route d'Alexander Zverev. Trois finales de Grand Chelem, dans trois tournois différents. Le signe de la qualité de ce joueur qui a presque tout pour entrer dans le cercle des vainqueurs majeurs. Nous ne citerons personne, mais certains, qui sont allés au bout, ont une carrière qui n'arrive pas à la cheville de la sienne. Mais après Dominic Thiem à l'US Open en 2020 et Carlos Alcaraz à Roland-Garros l'an passé, Jannik Sinner a stoppé ses rêves de grandeur sur la dernière marche à Melbourne.

C'est dur, c'est même d'une certaine manière injuste au regard de son bilan global dans les grands tournois. Mais le mérite n'a rien à voir là-dedans. Un titre, ça se gagne ou ça ne se gagne pas. Peu importe les contextes et les adversaires. Il faut aller au bout. Zverev, lui, n'y arrive pas. Il est sans aucun doute un joueur plus accompli qu'il ne l'était lors de son premier échec en finale voilà plus de quatre ans, mais plus les finales passent, plus il semble loin de la terre promise. Sa désillusion est à la hauteur de ses espérances du jour et de la foi qui l'habitait.

A New York, contre Thiem, il avait mené deux sets à rien puis servi pour le match. On ne le saura jamais, mais s'il avait pu gagner ce Grand Chelem pas comme les autres, à huis clos, sans Federer ni Nadal et avec un Djokovic disqualifié en huitièmes de finale, la suite aurait peut-être été différente. Il aurait été libéré. Sa confiance serait décuplée. Son autorité aussi. A Paris, l'an passé, il avait encore mené deux manches à une contre Alcaraz. Malgré tout, il ne s'était jamais retrouvé en position de remporter cette finale.

Mais ce troisième acte marque un recul assez terrible pour l'Allemand. Cette fois, trois sets ont suffi pour enterrer ses espoirs. Jannik Sinner y est pour beaucoup. Il est le meilleur joueur du monde et, sur dur, sa suprématie aujourd'hui est quasi-totale. Le plus dur pour Zverev, au-delà de la défaite, c'est l'ampleur de celle-ci et l'impuissance qui a été la sienne pendant toute la rencontre. Tactiquement, il n'a jamais eu l'ombre d'un début de solution. Sinner était trop fort pour lui comme il l'est pour beaucoup de monde, mais ce sont aussi ses propres carences qui ont explosé à la figure du grand Sascha dimanche.

Pourtant, ces derniers mois, il pensait avoir tout fait pour franchir le cap. A Bercy, sa semaine avait été parfaite. On se souvient de ses séances d'entrainement après chaque match, à faire des gammes. Idem ici à Melbourne. Tout ceci n'avait qu'un seul but, répétait-il : combler le retard qui le sépare encore de Alcaraz et Sinner, vainqueur de tous les titres majeurs depuis un an. Il voulait croire que ce travail allait payer. Cette finale face à Sinner était là pour lui apporter la réponse. Il l'a eue, mais ce n'est pas celle qu'il escomptait.

Un seul joueur le sépare de la première place mondiale et le séparait dans ce tournoi du titre en Australie. Jannik Sinner. Mais il peut désormais mesurer à quel point il est loin de lui. Il espérait embrasser enfin son destin. Ou, a minima, avoir la confirmation de son évolution, du fait qu'il était dans le vrai. Là, il va quitter Melbourne avec la certitude d'être beaucoup plus loin du compte qu'il ne le croyait. Comme si, après avoir tant œuvré ces derniers temps pour se rapprocher, cette finale marquait un grand bond en arrière.

Durant son discours lors de la cérémonie protocolaire, où il s'était montré élégant et digne, Alexander Zverev a parlé de son staff et à son staff, où figurent son père et son frère. Il a souligné tout le travail effectué ces derniers mois, rappelant qu'il était convaincu que les choix avaient été judicieux et les efforts colossaux. "Mais je ne suis tout simplement pas assez bon", a-t-il dit dans un sourire. Il est évidemment beaucoup trop dur avec lui-même dans l'absolu, mais d'une certaine manière, ce constat, terrible, contient une part de vérité s'il se compare à ses bourreaux.

Face à un Sinner sur dur, ou contre un Alcaraz au sommet de son expression, il lui manque clairement quelque chose. Alors, comment peut-il combler cet écart qu'il s'escrime tant à combler sur ces deux rivaux et dont il ne pensait sans doute pas qu'il était encore aussi important ? Le pire pour Zverev, à la sortie de ce premier Grand Chelem de 2025, c'est que tout ne semble pas dépendre de lui. Il était beaucoup trop loin pour cela dimanche. Arnaud Clément avait raison quand il disait qu'à ce stade, seules des circonstances particulières peuvent lui permettre de gagner un Grand Chelem. Un tableau grand ouvert, qui lui permettrait d'éviter un Alcaraz et un Sinner.

A défaut, il va lui falloir se remettre au travail, trouver de nouvelles armes, d'autres solutions, faire évoluer son jeu beaucoup plus qu'il ne l'a fait. Il a promis de ne pas renoncer. D'essayer, encore et encore. Souhaitons-lui d'y parvenir. Dans l'ère Open, tous les joueurs qui ont perdu leurs trois ou quatre premières finales majeures, comme Lendl, Agassi ou Murray, ont fini par y arriver. Et pas qu'une fois. Mais à l'âge de Zverev (il aura 28 ans lors de sa prochaine tentative, à Roland-Garros), ils avaient mis dans le mille depuis longtemps. Après la claque de dimanche, son chemin semble encore si long. Et les doutes toujours aussi nombreux.