«Experimentboy», le youtubeur jugé pour corruption de mineurs ...

Le youtubeur Baptiste Mortier-Dumont, plus connu sous le nom de Experimentboy, était jugé ce mardi 17 septembre au tribunal judiciaire de Val de Briey. Âgé de 30 ans, il est accusé de corruption de mineurs par six plaignants pour avoir envoyé puis demandé des images et des vidéos à caractère sexuel à de jeunes garçons entre 2016 et 2018, selon Numerama, le média ayant divulgué l’affaire en 2020. Le youtubeur, entendu lors de l’enquête ouverte en août 2020, avait nié l’ensemble des faits reprochés et avait affirmé ne pas connaître certains des adolescents qui l’accusent.

Le parquet a requis contre Experimentboy 10 mois d’emprisonnement avec sursis, une interdiction d'exercer une activité en lien avec les mineurs et l'inscription de son nom au fichier des auteurs d'infractions sexuel. Le procureur de la République considère qu'«il a abusé de sa notoriété pour corrompre des mineurs et violé la responsabilité qu'il avait en tant que youtubeur. L'innocence de leur adolescence leur a été volée». Le tribunal rendra sa décision finale le 15 octobre.

Grâce à sa chaîne YouTube de plus d’un million d’abonnés, le vidéaste a profité de sa célébrité sur les réseaux sociaux pour contacter des jeunes adolescents, âgés de 15 ans ou moins, fans de ses vidéos de vulgarisation scientifique. Il contactait en privé certains jeunes qui commentaient ses publications. Au bout de quelques jours, il leur transmettait des contenus à caractère sexuel et exerçait une emprise sur ces mineurs. Les méthodes utilisées par Baptiste Mortier-Dumont impliquaient fréquemment l'utilisation de chantage émotionnel, comme des menaces de suicide si les jeunes refusaient ses avances. Experimentboy allait même jusqu’à contacter les parents des victimes, pour les convaincre de partir en vacances avec leurs fils. 

«Vu que j'étais un fan, je faisais tout ce qu'il voulait»

Lorsque Quentin, la seule victime à avoir assisté au procès, est contacté par le youtubeur en avril 2017, il n’a que 13 ans au moment des faits. La victime assure que «c'était le plus beau jour de (s)a vie». Ses échanges sont devenus quotidiens : «j'étais impressionné, et puis c'est très vite allé dans le registre sexuel», indique-t-il. Quentin explique qu’il lui faisait des propositions sexuelles. «Il fallait se masturber en vidéo», mentionne-t-il par exemple.

Sept après, Quentin dévoile lors de l’audience l’emprise qu’Experimentboy exerçait sur lui : «j'étais très manipulé, je n'osais pas en parler parce qu'il y avait un climat de peur, un climat bizarre avec lui. Son but, c'était d'avoir de l'emprise sur moi». «Vu que j'étais un fan, je faisais tout ce qu'il voulait», «je me suis rendu compte que sa chaîne YouTube n'était qu'un moyen de rencontrer des jeunes hommes», ont déclaré d'autres plaignants.

Des «peines totalement inadaptées»

L’avocat du prévenu, Maître Bruno Bourchenin, a estimé sur France Bleu  que ce procès est «une vindicte populaire» et a ajouté que «les seuls éléments sur lesquels on se base, ce sont des impressions écran. Je ne dis pas que ce sont des montages bidon, je dis juste que ça aurait permis d'avoir un jugement éclairé.» Me Thomas Kremser, l'avocat des parties civiles pour la Fondation pour l'enfance, a dénoncé de son côté des «peines totalement inadaptées» pour de la corruption de mineurs car il considère ces cas comme de la de «pédophilie». Selon l’avocat de la défense, «l'instruction a été complète et on a un individu qui cessera de nuire grâce aux démarches entreprises par les victimes». 

Au terme de l’audience, Quentin, le jeune homme aujourd’hui âgé de 21 ans, exprime une délivrance : «c'est très important pour moi, j'ai pu exprimer mon point de vue. Je pense avoir été entendu, c'est un soulagement.» «Même si les enfants ne parlent pas, il faut faire attention à leur vie numérique. Et pour les enfants, il faut faire attention avec qui on discute, certaines personnes sont dangereuses et si vous êtes victimes de ça, vous avez le droit de parler et il faut le faire».