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Programme, EELV, divisions internes, Macron… les 5 raisons pour lesquelles Jadot ne décolle pas

Programme EELV divisions internes Macron les 5 raisons pour lesquelles Jadot ne décolle pas
Les déclarations de Sandrine Rousseau sur Yannick Jadot ont fini de jeter un froid sur une campagne qui peine à percer dans l’opinion. Malgré l’urgence climatique, le candidat écolo demeure inaudible.

Yannick Jadot se serait bien passé de ce nouveau psychodrame. Alors que l’ambiance à Europe Écologie Les Verts (EELV) n’était déjà pas au beau fixe, Sandrine Rousseau s’est (encore) lâchée sur son ex-concurrent à l’investiture présidentielle, fustigeant selon Le Parisien une campagne « floue » et un « gâchis ». De quoi sceller son exclusion de l’équipe du candidat écolo.

Mais ce n’est qu’une difficulté de plus dans une campagne morose. Depuis sa victoire à la primaire, alors même que l’environnement s’inscrit désormais parmi les préoccupations majeures des Français, Yannick Jadot peine à se faire entendre. Et à émerger dans les sondages. Marianne fait la liste des raisons pour lesquelles le candidat écolo ne décolle pas.

1. Un déficit de présidentialité venu de son parti

Yannick Jadot a beau mettre une cravate, ça ne suffit pas à vous rendre présidentiable du jour au lendemain. Surtout quand votre parti s’est construit dans la contestation de l’ordre établi et le rejet de la verticalité du pouvoir. « Aux yeux des Français, l'environnement est important, le réchauffement climatique fait peur, rappelle Daniel Boy, directeur de recherche émérite au CEVIPOF, spécialiste de l’écologie politique. Mais les écolos ne sont pas perçus comme un parti qui est susceptible d'occuper la fonction présidentielle. »

Au lendemain d’élections européennes réussies et de municipales qui ont vu les écolos conquérir plusieurs grandes villes – Bordeaux, Poitiers, Lyon, etc. – EELV espérait enfin combler son déficit de crédibilité. « Les Verts sont passés d’une attitude où ils participaient pour témoigner à une attitude où ils participent pour gagner, analyse Daniel Boy. C’est la première fois que j’entends un candidat écolo dire "quand je gagnerai" la présidentielle. » Pour autant, la route vers le pouvoir semble encore longue. « Les Verts ont le sentiment qu’ils sont la force qui va remplacer la social-démocratie, souligne Daniel Boy. Mais la gauche est dans les choux. Et puis les européennes ne sont jamais prédictives. D’ailleurs en 1989 les Verts y faisaient déjà 11 %. Les dernières municipales n’ont pas non plus radicalement changé la donne dans l’opinion. »

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Pour le politologue, EELV manque encore d’une grande victoire au niveau national. « Il faudrait qu'ils réussissent aux législatives, estime-t-il. Pour l’instant ils ont eu de bons accords avec le PS, c’était le seul moyen d’avoir un score au niveau national. Alors que cette fois-ci il va être extrêmement difficile d’avoir des accords étant donné la division à gauche, ce sera un bon test pour les Verts. » Mais ce sera trop tard pour les espoirs présidentiels de Yannick Jadot…

2. Difficulté à incarner les sujets régaliens

Si Yannick Jadot est identifié sur les questions environnementales, la course à la présidentielle demande un positionnement plus large et un projet global. D’où les tentatives du candidat de se faire entendre sur les questions de pouvoir d’achat ou de service public, histoire de battre en brèche les accusations en écologie punitive ou antisociale. Et d’élargir son socle électoral, au-delà des métropoles et des profils diplômés.

Mais le candidat peine à se faire entendre. D’après un sondage France Inter Ipsos Sopra-Steria publié fin janvier, si Yannick Jadot est perçu comme le candidat le plus compétent sur l’environnement, seul 2 % des Français l’identifient comme le candidat le plus crédible sur les enjeux de santé ou le terrorisme.

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Les questions régaliennes, pourtant indispensables pour obtenir une stature présidentielle et largement mises sur le devant de la scène dans cette campagne par les candidats de droite et d'extrême droite, demeurent un point faible des écolos. Yannick Jadot a tenté d’y remédier dès 2020 en se positionnant, à rebours de l’ADN de son parti, sur l’islamisme ou la laïcité. Il s’est aussi rendu, au grand dam d’une frange de la gauche, à la manifestation de policiers le 19 mai dernier devant l’Assemblée.

Dans son programme, l’écologiste propose le rétablissement d’une police de proximité ou l’augmentation du budget de la justice. Insuffisant aux yeux de Daniel Boy. « Quand il s’agit de la police ou des questions internationales, les Verts ne sont pas très bavards, avance le politologue. La police de proximité, ça fait un moment qu’on l’entend. Les écolos comme toute la gauche devraient se bouger un peu pour sortir de ce refrain. Pour l’instant, c’est un peu léger. » Surtout en plein conflit à l'est de l’Europe.

3. Un candidat bloqué entre Macron et Mélenchon

Face à sa rivale Sandrine Rousseau incarnant une écologie radicale, Yannick Jadot s’est présenté comme le candidat d’une écologie « des solutions » rassembleuse. Une façon pour celui qui se déclarait en 2019 « favorable à la libre entreprise et l'économie de marché » de rassurer son électorat social-démocrate ? « Il n'y a pas de doute que c’est la bonne stratégie, la plupart des électeurs d’EELV sont moins à gauche que le parti en lui-même, pointe Daniel Boy. Il y a une composante centriste dans son électorat, une bonne partie d’entre eux ont déjà voté Macron. »

Au risque que les électeurs modérés de Jadot, tentés par le vote utile, se rabattent dès le premier tour sur Macron, et que les plus radicaux aillent voir chez Mélenchon. Une équation impossible ? « C’est la difficulté de tout candidat qui n’est pas extrême, réagit Marine Tondelier, porte-parole de Yannick Jadot. Emmanuel Macron est le candidat du blabla sur les questions environnementales. Quant à Jean-Luc Mélenchon, du fait de sa radicalité, il ne peut pas gagner. Il y a de l'espace entre les deux options. » « Qui n’a pas ce problème en politique ? abonde Daniel Boy. Valérie Pécresse a la même difficulté. Ce qu’on prend d’un côté, on le perd de l’autre. » Attention à ne pas perdre des deux côtés.

4. Une campagne à « bas cris » pas adaptée au tempo médiatique et politique

Dès novembre, l'entourage de Yannick Jadot théorisait dans Le Parisien une campagne menée à « bas cris ». Le candidat écolo comptait opposer son « sérieux » et ses propositions à la fureur du jeu médiatique, dominé par l’émergence d’Éric Zemmour et la centralité du pouvoir d’Emmanuel Macron. « Il faut que l’écologie apparaisse digne, acceptable, pointe Daniel Boy. Jadot fait une très bonne campagne. »

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Mais le danger en étant trop prudent est tout simplement de ne plus être audible. Et de laisser trop de place à ses concurrents. Les rares candidats qui émergent dans la campagne, de Jean-Luc Mélenchon à Éric Zemmour ou Emmanuel Macron, sont ceux qui proposent un récit puissant, au-delà du catalogue de propositions. « On a entendu parler de Macron au moment de la phrase sur les non-vaccinés, de Pécresse pour le “karcher” et de Zemmour quand il a demandé à une femme de retirer son voile. S’il faut faire une campagne de caniveau pour être audible, ça ne nous intéresse pas, défend Marine Tondelier. Yannick Jadot reste concentré sur ses sujets, il est sérieux. » Une stratégie qui, pour la porte-parole du candidat écologiste, paiera « à l'approche de l'élection » : « Les gens vont reconnaître sa constance au moment des débats. »

Pour l'instant, force est de constater que le récit de Yannick Jadot, bloqué entre antilibéralisme économique timide et rupture écologique revendiquée, n’imprime pas.

5. Des querelles intestines

C’est la cerise sur le gâteau qui finit sérieusement d'abîmer la campagne de Yannick Jadot. Depuis sa défaite à la primaire, la désormais très médiatique Sandrine Rousseau ne cache pas ses (sérieux) doutes sur le candidat. Ce qui ne fait pas très bon genre alors même qu’avant de se faire virer l’écoféministe était à la tête de son conseil politique. Comment convaincre les Français de sa capacité à gouverner quand on n’arrive pas à gérer son propre camp ?

Exclusion de @sandrousseau de la campagne : "Depuis la primaire, elle mène d'autres campagnes que la présidentielle, elle veut conquérir le parti. Elle n'est pas une adversaire, mais ses prises de positions ont parasité la campagne des écologistes." @yjadot#BonjourChezVouspic.twitter.com/YNPnJMADa8

— Public Sénat (@publicsenat) March 4, 2022

« Sandrine Rousseau est incontrôlable, soupire Daniel Boy. Mais tous les partis sont faits pour organiser des bagarres entre personnes. Les écolos ne font pas exception à la règle. Rappelez-vous de Royal-Aubry ou de Coppé-Fillon. » Et le politologue de ne pas donner cher de l’avenir politique de Sandrine Rousseau, souvent pressentie pour prendre la direction d’EELV au lendemain des présidentielles : « Elle n’aura pas le parti à mon avis, elle va se faire incendier à cause de tout ce qu’elle dit. Et puis sa ligne n’existait pas du tout au dernier congrès. »

Dans l'équipe de Yannick Jadot, on veut vite passer à autre chose. « Je n'ai pas envie de commenter, on en a trop parlé, regrette Marine Tondelier. Maintenant qu’elle est partie, on passe à la suite. » À peine plus d'un mois avant l’élection présidentielle, l'éclaircie se fait attendre dans le camp Jadot.

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