Election présidentielle 2022 : Yannick Jadot et la cause de l'urgence climatique peinent à émerger

Chez les écologistes, il y a toujours de mauvaises langues. Depuis quelques jours, certaines d’entre elles estiment que l’épilogue de la longue « affaire Sandrine Rousseau », soldée par l’exclusion de l’écoféministe, le 3 mars, accusée d’avoir trop critiqué Yannick Jadot, fut une bonne nouvelle : il s’est enfin passé quelque chose dans sa campagne.

Car il y a cette impression entêtante et diffuse selon laquelle le candidat a beau faire ; démultiplier sa voix de stentor sur les plateaux audiovisuels, être « le premier à organiser une manifestation contre la Russie, dès le 26 février », mettre une cravate, présenter un programme sérieux d’écologie de gouvernement, mais aussi en rupture avec la logique productiviste… Rien n’y fait. Le candidat écologiste stagne dans un marais sondagier. Ses conseillers se grattent la tête : il n’est pas au niveau auquel il devrait être. Samedi 5 mars, énième symptôme, la Primaire populaire, forte de ses 467 000 votants, mais délestée de sa gagnante, Christiane Taubira incapable de rassembler 500 parrainages, a appelé à voter Jean-Luc Mélenchon plutôt que Yannick Jadot, deuxième.

Lundi 28 février devait être une date faste. A peine sorti de Matignon, où il était reçu par le premier ministre, Jean Castex, avec d’autres candidats, pour une réunion d’information sur l’Ukraine, Yannick Jadot avait organisé une conférence de presse pour expliquer que « l’écologie est le seul projet qui répond à la multiplication des crises ».

Le même jour, était publié le deuxième volet du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui constatait l’irréversibilité du dérèglement climatique. « Le développement des énergies renouvelables pour assurer notre souveraineté, le dérèglement climatique qui devient un sujet de sécurité internationale. Tout est lié. » Mais il n’y avait pas beaucoup de médias pour en rendre compte. Comment extirper la campagne d’un relatif anonymat alors que l’urgence écologique est la grande affaire du siècle et Yannick Jadot censé être son héraut lors de l’élection présidentielle ?

Parmi les délicatesses signées Sandrine Rousseau : « Nos grands stratèges sont nuls ! » Un commentaire subjectif. Mais, en interne, les doutes existent. En totale confidentialité, un des membres de l’équipe lâche que même si le candidat Jadot se baladait en kilt, cela ne changerait rien. Cette mystérieuse alchimie qui concourt à la fameuse rencontre entre le pays et le futur locataire de l’Elysée reste à dénicher. Yannick Jadot « n’imprime » pas. « Il n’est pas dans l’hystérisation du débat », justifie Delphine Batho, sa porte-parole. Quand même, au sein de son équipe, on a pu lui reprocher de reproduire sa campagne de la primaire écologiste dont il était le grand favori : il déroule une campagne en pantoufles.

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