Worldline s'effondre en Bourse après son alerte généralisée pour ...
Publié le 25 oct. 2023 à 9:12Mis à jour le 25 oct. 2023 à 16:47
Voilà une alerte qui ne surprendra pas certains analystes, notamment ceux de Deutsche Bank. Lundi, alors que le titre du groupe de solutions de paiement était déjà affaibli par une panne informatique qui avait, durant près d’une heure samedi, empêché le traitement de nombreuses transactions dans de grandes enseignes en France (Carrefour, Auchan, Monoprix, Ikea, SNCF…), Deutsche Bank se montrait particulièrement frileux à l’approche de la publication des chiffres trimestriels de Worldline.
« Nous sommes prudents à l’égard de ces résultats et pensons que le troisième trimestre sera le trimestre le plus faible de l’année, estimait ainsi Jim Reid, de la banque allemande, les dépenses de consommation et les ventes au détail ont chuté en Europe au troisième trimestre et il y a de plus en plus de retours selon lesquels la croissance globale du PIB pour le reste de l'année sera, au mieux, au même niveau qu'au troisième trimestre (…) En outre, nous pensons que l'inflation des coûts pourrait exercer une pression sur les marges ».
« Bien pire que ce que l’on pouvait craindre »Les choses se vérifient aujourd’hui et l'action chute de plus de 50% après avoir été réservée à la baisse. Sous le couvert d’une dégradation de la conjoncture économique, en particulier en Allemagne, qui a pesé sur les performances du troisième trimestre, Worldline abaisse ses objectifs de croissance comme de marge. Il ne faut ainsi plus compter que sur une progression du chiffre d’affaires comprise entre 6% et 7%, contre 8% à 10% précédemment. La rentabilité, elle va se dégrader, de 1,5 point pour ce qui concerne l’excédent brut d’exploitation, l’une des lignes les plus en amont du compte de résultats, alors qu’une amélioration de 1 point était initialement anticipée. Le ralentissement de l’activité a été flagrant au troisième trimestre. Les facturations n’ont augmenté que de 4,8% à périmètre et taux de change constants. C’est deux fois moins que les 9,4% qui avaient été enregistrés lors du trimestre précédent.
Pour Invest Securities ce mercredi matin, « si le titre a subi un derating violent depuis deux ans que nous avions du mal à expliquer, la publication ce jour apporte un élément de réponse, avec des objectifs 2023-2024 fortement abaissés qui vont soulever beaucoup de questions, surtout au regard de la confiance affiché par le management fin juillet sur son plan de moyen terme. » Et chez Stifel, c’est « bien pire que ce que l’on pouvait craindre ». Quant aux objectifs 2024, ils seront ajustés au début de l’année prochaine, mais ils devraient être revus en baisse de l’ordre de 15%, selon plusieurs analystes. La croissance ne devrait pas réaccélérer, quoi qu’il en soit, avant le second semestre. La rentabilité devrait, elle, se redresser.
« Nous nous attendons clairement à une réaction négative suite à cette publication, écrivait de son côté et sans surprise le cabinet Oddo BHF ce matin, avec un ralentissement significatif de la croissance dans la branche phare des Services Commerçants et un impact sur la rentabilité qui devrait se poursuivre en 2024. Plus grave peut-être, au-delà des craintes macroéconomiques, la résiliation des contrats de certains commerçants en ligne pourrait également impacter Worldline, avec des pertes de parts de marché au profit d'autres acteurs de l'espace en ligne. »