NBA : la communication de Victor Wembanyama "va l'obliger à avoir ...
Le retour du roi. Six mois après la finale malheureuse des Jeux olympiques contre Team USA, Victor Wembanyama retrouve le fameux parquet de Bercy, jeudi 23 janvier (21 heures), lors d'une rencontre comptant pour la saison régulière de la NBA. Son équipe des Spurs de San Antonio défie les Pacers d'Indiana dans un match délocalisé par la ligue nord-américaine. C'est un peu le sujet du moment : "Wemby" est à Paris ! Aperçu il y a quelques jours en train de jouer aux échecs sous la pluie new-yorkaise, remarqué du côté du Chesnay à l'occasion de cette tournée parisienne ou dans les tribunes du Parc des Princes pour PSG-Manchester City mercredi, le phénomène de tout juste 20 ans soigne sa communication.
Franceinfo: sport a voulu en savoir plus sur ces rouages bien huilés, propres à cette génération de champions et a interrogé Franck Hocquemiller, cofondateur de VIP-Consulting, agence spécialisée dans la communication et le management de droit d'image des stars.
Peut-on comparer cette arrivée de Victor Wembanyama dans la capitale parisienne à celle des plus grandes stars ?
Oui, je pense que c'est parfaitement comparable. Il y a tout un programme qui a été fait et sur lequel tout le monde communique beaucoup. En effet, c'est un événement qui est attendu et sur lequel le club, lui et son entourage, essayent de créer du buzz.
A qui profite le plus cette énorme communication : la NBA, sa franchise, le basket français ou lui-même ?
C'est lui évidemment. Et c'est logique. La NBA, je ne suis pas sûr qu'ils aient besoin de promotion car ils en ont déjà beaucoup, surtout auprès des jeunes fans de basket US. San Antonio en bénéficie également, mais c'est surtout à lui que ça profite, et donc aussi à l'ensemble de ses partenaires. Et je parlerais de l'équipe de France, car Victor semble motivé pour y jouer dès qu'il en aura l'occasion, plutôt que le basket français en lui-même. Parce qu'il y a un monde, il ne faut pas s'en cacher, entre la NBA et le basket français. Donc c'est surtout l'équipe de France qui en tirera le plus de bénéfices, car il sera sur le parquet avec le maillot bleu quand il jouera dans l'Hexagone.
En quoi une communication très soignée est-elle primordiale pour un sportif professionnel aux Etats-Unis ? Est-ce que ça peut le devenir également en France avec son exemple ?
Tous les sportifs ayant une aura dépassant leur sport, et Victor est déjà dans ce cadre-là, ont envie d'avoir cette image du sportif qui prend des positions sur des sujets de société, qui investit dans des start-ups, en ayant cette image d'entrepreneur et d'être, en fait, une sorte de modèle. Cette communication à outrance, il est vrai, vient des Etats-Unis. Chez les sportifs, on pense bien sûr à Michael Jordan, mais pas seulement. Aujourd'hui, il y a aussi LeBron James ou Kevin Durant par exemple. Beaucoup ont procédé ainsi, et donc forcément cela donne envie aux plus grands athlètes français d'avoir cette image multicasquettes qui peut évidemment inspirer la jeunesse, les fans de basket, de NBA et au-delà.
S'agit-il aussi d'une question de génération par rapport à leur omniprésence, quasi systématique, sur les réseaux sociaux ?
Bien sûr, tout ça est extrêmement lié. En revanche, il ne faut pas se tromper. Car j'ai entendu ici et là que c'était une légende de basket, etc... Mais il faut aussi et déjà rester terre à terre, concret. Il a absolument tout pour le devenir, mais aujourd'hui, il faut faire les choses dans l'ordre. Donc là, sa communication à outrance est avant tout liée au fait qu'il vienne jouer à Paris, et c'est normal. Mais il ne faut surtout pas trop en faire derrière, et mettre la charrue avant les bœufs.
"Il faut rappeler avant toute chose, que quelqu'un qui va marquer son sport, c'est d'abord le sportif qui va remporter des titres, des trophées et c'est là-dessus qu'on attend Victor dans un premier temps."
Franck Hockmiller, cofondateur de l'agence VIP-Consultingà franceinfo: sport
Lors de son retour à Nanterre, son passage chez lui au Chesnay-Rocquencourt, ou encore lors de sa partie d'échecs à New York, sous la pluie, en plein coeur du Washington Square Park, il y a une dimension très personnelle voire affective dans ce qu'il fait. Est-ce orchestré ou maîtrisé de sa part ?
La nuance entre une communication orchestrée et une communication maîtrisée n'est pas énorme. Par rapport aux choses mises en place ici, on peut effectivement parler de communication orchestrée mais dans ce cas-là, c'est aussi et forcément maîtrisé. D'autant plus que pour quelqu'un de son statut, avec ce qu'il représente dans le monde entier et particulièrement pour nous les Français, c'est normal ! Il ne faut surtout pas critiquer ça, c'est logique.
"On ne va pas venir lui reprocher de revenir chez lui au Chesnay inaugurer un parquet ou autre, parce qu'il vient de là, et qu'il s'en rappelle. Donc c'est orchestré dans le sens où il n'a pas le choix de le faire par rapport à ce qu'il représente aujourd'hui."
Franck Hocquemiller, co-fondateur de l'agence VIP-Consultingà franceinfo: sport
Maintenant, encore une fois, ce sont les titres et seulement les titres qui amèneront cette dimension planétaire que, aujourd'hui déjà, beaucoup lui revendiquent. Lui aussi d'ailleurs le revendique ! Il ne s'est jamais caché derrière son ambition un peu démesurée, un petit peu dans le même genre qu'un Kylian Mbappé.
Ce qui est marquant, c'est le naturel avec lequel Victor Wembanyama communique...
En tout cas, je pense que ce niveau de communication n'est naturel pour personne. Simplement, il y a des gens qui maîtrisent les codes plus ou moins bien. Là, on peut dire que dans ce schéma-là, il est plutôt bon, voire très bon ! N'oublions pas qu'il est très jeune. Et que cette communication-là va forcément, derrière, l'obliger à avoir des performances de très haut vol. Sinon, on sait tous comment ça se passe : tout le monde lui tombera dessus ! Kylian Mbappé l'a un peu vécu ces derniers mois.
Lorsque vous êtes tout en haut en termes de performances, alors vous pouvez à peu près tout dire et tout revendiquer, car tout le monde trouve ça très bien. Mais le sportif de haut niveau a toujours des moments plus difficiles. Et si, à ce moment-là, vous n'avez pas fait ce que vous aviez annoncé auparavant, c'est là que les problèmes commencent. Il faut toujours faire attention car les gens aiment bien l'ambition, certes, mais ils n'aiment pas l'arrogance. Et là aussi, il y a une vraie nuance. Être ambitieux, c'est super, mais derrière, cela doit être suivi de faits très concrets.
"Au basket, comme dans tous les sports collectifs, vous n'êtes pas seul. L'équipe ne dépend pas seulement de vos performances. En tout cas, Victor ne gagnera pas tous les matchs à lui tout seul ! Donc l'ambition reste quelque chose de normal, et le revendiquer n'a rien d'arrogant ! Pour le moment, je trouve que Victor s'en sort très bien."
Franck Hocquemiller, spécialiste de la communicationà franceinfo: sport
A seulement 20 ans, Victor Wembanyama est-il en capacité de rejoindre les plus grandes stars de son sport ayant dépassé le simple cadre du basket, à l'instar de Michael Jordan ou LeBron James ?
Oui, absolument ! Mais ne le comparons pas, pour le moment, à Jordan, à LeBron, ou même à un Tony Parker. Car Victor dispose d'à peu près tous les atouts : tactiques, techniques, physiques, psychologiques. Et aussi la communication qui va avec, pour effectivement marquer son sport et devenir, un jour, une légende de cette trempe. Mais, attention, ça doit se faire étape après étape.
En France, peut-il atteindre l'aura d'un Zinédine Zidane, alors qu'il pratique un sport moins populaire ?
C'est possible également. Parce que le basket a le vent en poupe chez les jeunes qui n'hésitent pas à se lever à des heures improbables, la nuit, avec les horaires américains des matchs de NBA. Victor peut très bien, à un moment donné, et encore une fois dans le cas où tout se passe idéalement pour lui, rejoindre Zinédine Zidane. En citant cet exemple, dans sa communication, Zidane a toujours été extrêmement neutre et très discret. C'est un autre personnage médiatique, d'une autre époque qui plus est. Alors qu'aujourd'hui, tous les jeunes sportifs de très haut niveau sont dans ce type de communication, qui peut parfois paraître arrogante.
"Il faut que la communication ressemble aux caractéristiques du sportif, de sa mentalité et tout ça doit être clairement assumé. Il n'est pas idiot, et les gens autour de lui ne le sont pas non plus : il sait que les gens adorent mettre nos icônes tout en haut, avant de les brûler à la moindre occasion. C'est le sport national et pas qu'en France !"
Franck Hockmiller, cofondateur de lagence VIP-Consultingà franceinfo: sport
Il a vraiment tout pour, un jour, figurer aux côtés des Zidane, Teddy Riner ou Tony Parker. Même Léon Marchand plus tard, à la communication plus proche de celle de Zidane que de celle de Mbappé ou de Wemby.