Le message de voeux de l’évêque du Havre pour 2020
« En ces dernières heures de 2019, je tiens à vous exprimer mes vœux de bonne année. Au-delà de la forme convenue, ce souhait veut pouvoir s’enraciner dans ce que vous vivez actuellement comme situations difficiles, peut-être épreuve personnelle ou familiale, mais aussi dans attentes et espoirs personnels» écrit l’évêque du Havre. « Que 2020 vous permette d’assumer pleinement ce que la vie vous donne, en cherchant sans cesse les chemins de la confiance, de la vérité et de la fraternité. Pour ceux et celles qui partagent la foi au Christ, nous savons qu’elle éclaire et nous ouvre de vrais chemins de responsabilité, de croissance et d’épanouissement ».
« Mais je ne peux vous exprimer des vœux de bonne année sans prendre en compte ce qui se vit actuellement dans notre société. Depuis des mois, nous traversons une période de fortes tensions sociales. Il semblerait parfois que nous sommes incapables de nous rencontrer, de nous parler et de nous entendre. Des solidarités se forment sur la base d’intérêts particuliers ou d’un socle idéologique qui fragmentent notre société. Pourtant, ce qui se vit aujourd’hui, était prévisible. Voici plusieurs années, nous parlions déjà de « fracture sociale ». Le fossé se creuse toujours plus entre ceux qui réussissent et vivent bien, et ceux qui se trouvent relégués à la marge, avec le sentiment d’être abandonnés et oubliés. Nous pressentions que nous ne pouvions tenir longtemps dans une telle société clivée entre gagnants et perdants. Dans son message pour la Journée mondiale de la Paix, le pape François nous met en garde : « la fracture entre les membres d’une société, l’accroissement des inégalités sociales et le refus d’utiliser les instruments en vue d’un développement humain intégral mettent en péril la poursuite du bien commun. » Nous peinons à construire une vision d’un destin commun qui pourrait refonder la cohésion nationale. Tout cela engendre inévitablement des sentiments d’amertume, d’injustice, de rancœurs et de rancunes qui gangrènent notre corps social ».
« La foi chrétienne nous fait obligation de comprendre cette situation, par-delà slogans et postures partisanes. Dans un message adressé à Rome en octobre 2014, lors de la rencontre mondiale des mouvements populaires, le pape François constatait : « Vous sentez que les pauvres n’attendent plus et veulent être acteurs de leur destin, ... [ils] ne sont pas des êtres résignés, ils savent protester, et se révolter ... J’espère que le vent de cette protestation deviendra un orage d’espérance. »
« Je fais mienne cette noble espérance du pape François. Ce n’est pas un espoir que les chrétiens porteraient dans leur cœur comme on espère le soleil après la pluie. C’est une espérance mobilisatrice qui nous engage à œuvrer pour la paix dans notre société comme dans le monde. Toujours dans son message pour la journée de la paix, le Saint-Père insiste sur la nécessaire réconciliation dans le processus de paix sociale. Cela suppose « d’abandonner le désir de dominer les autres et d’apprendre à se regarder comme des personnes, comme enfants de Dieu, comme des frères ... l’autre doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui... Ce qui est vrai de la paix dans le domaine social est vrai aussi dans le domaine politique et économique, [...] il n’y aura jamais de vraie paix tant que nous ne serons pas capables de construire un système économique plus juste ».
« En vous souhaitant une bonne année 2020, je vous encourage à vous mobiliser, qui que vous soyez, dans les perspectives qu’ouvre l’enseignement magistériel du pape François. Il nous offre à la fois de comprendre la situation de notre monde à la lumière de l’Evangile et d’ouvrir par nos engagements les chemins vers une société réconciliée, juste et apaisée. Que l’année 2020 nous trouve mobilisés sur ce chantier de la fraternité et de la paix, au nom de l’Evangile.
Bonne et heureuse année à tous » conclut Monseigneur Jean-Luc Brunin.