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2023 : le «travail» à la fête dans les vœux de Macron

2023  le travail à la fête dans les vœux de Macron
Pour cette sixième édition de voeux présidentiels depuis son arrivée à l’Elysée, le chef de l’Etat a demandé aux Français d’être «fiers» de leur pays.

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Pour cette sixième édition de vœux présidentiels depuis son arrivée à l’Elysée, le chef de l’Etat a demandé aux Français d’être «fiers» de leur pays et de ne pas céder à «l’esprit de division».

Vous reprendrez bien une tranche de «travail» et «d’engagement» ? Ce sont les deux mets qu’Emmanuel Macron a mitonnés aux Français pour l’année 2023. Rodé à l’exercice des vœux télévisés en période de crise, après le mouvement des gilets jaunes et bientôt trois ans de pandémie de Covid, le chef de l’Etat a voulu marteler sa «confiance» face aux «inimaginables défis» apparus en 2022 : «la guerre revenue sur le sol européen» et une «vague d’inflation» devenue le sujet de préoccupation numéro un des Français. Ces derniers sont priés de ne pas céder à «l’esprit de défaite». Macron entonne le refrain merkelien du «Wir Schaffen Das» en traduisant et en reprenant à son compte le message phare de l’ex-chancelière allemande : «Nous y arriverons.»

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Pour faire face aux défis du moment, une anaphore résume la stratégie du chef de l’Etat. «C’est par notre travail et notre engagement» que les Français peuvent «refonder une Europe plus forte, plus juste», bâtir «une nation productive et écologique», «augmenter les moyens des forces de sécurité intérieure», «refonder [leurs] grands services publics». Le mot «travail» n’est pas choisi au hasard, alors que le chef de l’Etat a mis à l’agenda de 2023 les réformes des retraites et de l’assurance chômage. «Il nous faut travailler davantage», a-t-il martelé pour justifier le durcissement de l’indemnisation des demandeurs d’emploi aussi bien que l’allongement des carrières.

Le 31 décembre 2019, le Président avait consacré près d’un quart de son allocution à la réforme des retraites portée par Edouard Philippe, un «projet de justice et de progrès social parce qu’il assure l’universalité». Cela ne lui avait pas porté chance. Adoptée en première lecture à l’Assemblée grâce au recours à l’article 49.3 de la Constitution, après de longues semaines de mouvement national, elle avait été mise en pause pendant la crise du Covid et jamais réinscrite à l’agenda. Ce samedi, Macron s’est gardé d’entrer sur les détails de la nouvelle mouture de la réforme, sans rappeler son objectif d’un âge légal de départ à 65 ans. Il s’est contenté de rappeler la nécessité «d’assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir», tout en assurant qu’il serait tenu compte «des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches, de certains métiers». Au passage, il n’a mentionné ni sa Première ministre Elisabeth Borne ni son ministre du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur les deux réformes.

«C’est entre nos mains»

L’éloge du «travail» - mot fétiche de sa campagne victorieuse - sous-entend que le chef de l’Etat, même sans majorité absolue à l’Assemblée, ne compte pas dévier de sa trajectoire en 2023. L’heure semble même plutôt à l’autosatisfaction, avec un «taux de chômage au plus bas depuis quinze ans» et un taux d’inflation «inférieur» à celui des autres pays européens. Le tout sans oublier «deux prix Nobel et tant de moments de création et de sport». Et de sommer les Français : «Soyons fiers». Selon le coach de l’Elysée, cette «fierté» et cette «confiance» seront les munitions qui permettront de faire face à des «crises une fois encore à affronter».

Y aura-t-il des coupures de courant ? «C’est entre nos mains, avertit Macron, si nous continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois.» Faut-il craindre une hausse des prix de l’énergie ? «A chaque fois qu’il le faudra, le gouvernement adaptera ses réponses comme il l’a fait à chaque instant», promet le Président. Signe que le quoi qu’il en coûte n’est pas encore abandonné, malgré la suppression au 1er janvier de l’aide de 10 centimes par litre de carburant. Quant au Covid, qui suscite à nouveau des craintes après une vague sans précédent en Chine ? «Là aussi nous pourrons faire face.» Pour ne pas plomber l’ambiance, le chef de l’Etat fait mine de regarder vers l’avenir. «Soyons cette génération de bâtisseurs», intime-t-il aux Français. Il fait miroiter pêle-mêle les voitures électriques 100 % françaises, la reconstruction de Notre-Dame de Paris, et «tant d’autres projets […] pour permettre à la France tout à la fois de réduire le carbone et le chômage».

Beaucoup d’emphase, aucune annonce et peu de nouveautés, si ce n’est l’innovation de se faire filmer devant une bibliothèque. Et un record. Avec 19 minutes, le chef de l’Etat a prononcé son plus long message de vœux depuis son arrivée à l’Elysée en 2017. «Il nous a semblé totalement déconnecté, tant de l’histoire de notre pays que de la vie des Français», a regretté la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Marine Tondelier. «Au bout de cinq ans de vœux de Macron je crois qu’ils portent la poisse. 16 degrés à Paris le 31 décembre. Ça va chauffer en janvier ! Bonne année», a renchéri Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Sans surprise, là non plus.

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