Inondations et crues : la vigilance rouge levée, 18 départements de ...
Intempéries
Après une journée d’intempéries dantesques dans le Centre-Est et le Sud-Est de la France, c’est l’heure des premiers bilans. Les secours ont effectué 2 300 interventions dans ce qu’il a qualifié d’épisode cévenol le plus violent «depuis 40 ans», et ont ainsi permis de «sauver des vies», a souligné ce vendredi 18 octobre le Premier ministre Michel Barnier, à l’issue d’une visite du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises, à Paris, aux côtés du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Le locataire de Matignon a assuré que la «priorité» serait accordée au rétablissement du trafic routier et ferroviaire entre Saint-Etienne et Lyon, précisant que la ministre de la Transition écologique et de l’Energie Agnès Pannier-Runacher et le ministre délégué à la Sécurité, Nicolas Daragon, se rendraient «aujourd’hui même en Ardèche et dans la Loire». Dans la foulée, Michel Barnier a appelé les pays de l’UE à anticiper «ensemble» ces crises climatiques qui se succèdent. «On doit se préparer avec le changement climatique à faire face à des risques et à des catastrophes dans tous les domaines de plus en plus souvent», a reconnu le Premier ministre. En oubliant un peu vite les coups de rabot écolo prévus dans le budget 2025.
Météo-France a annoncé le début du retour à la normale ce vendredi matin dans son bulletin de six heures. «L’épisode cévenol est terminé. Quelques averses sont encore possibles, mais sans commune mesure avec l’épisode pluvieux des deux derniers jours.»
La vigilance rouge pour «crues» est ainsi levée dans le Rhône, la Loire, la Haute-Loire et la Lozère, mais une alerte orange est maintenue dans neuf départements (Loire, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, Gard, Landes et Pyrénées-Atlantiques), et une autre pour «pluie-inondation» pèse toujours sur dix départements (Dordogne, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Tarn, Gers, Haute-Garonne, Ariège, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Atlantiques).
Au total, plus d’un millier de personnes auront été évacuées, dont des dizaines par hélicoptères. On compte également trois blessés légers en Auvergne-Rhône-Alpes. Les régions marquées par ces pluies «exceptionnelles» auront connu des cumuls de pluies tout aussi remarquables, jusqu’à 700 millimètres en Ardèche. A Annonay, notamment, le périmètre du centre-ville est bouclé, les établissements scolaires fermés. Une situation qui se prolonge ce vendredi, pour tout le département, mais également le long de la rivière Gier, qui coule dans le Rhône et la Loire.
A Givors, au sud de Lyon, «les trottoirs sont invisibles, l’eau arrive jusqu’aux genoux», décrit Samuel Barataud, 25 ans, vendeur dans un commerce situé à proximité de cet affluent du Rhône, sorti de son lit. Les secours ont évacué 180 habitants du quartier des Cornets situé à proximité d’une digue endommagée et 463 autres dans une zone commerciale. Deux centres d’accueil ont été ouverts sur la commune voisine de Grigny et une cinquantaine d’élèves et d’enseignants passent la nuit dans un lycée de la ville, selon la préfecture.
Dans la Loire, où deux ponts se sont déjà effondrés, la préfecture estime que «la situation va continuer à se dégrader» ces prochaines heures. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, attendue dans la Loire et en Ardèche vendredi, a évoqué une situation «inédite par son ampleur. 600 millimètres d’eau sur l’Ardèche, c’est du jamais vu de mémoire d’homme» et a lié «ces épisodes au dérèglement climatique».
Autoroute coupée, trafic ferroviaire suspendu
Ces trombes d’eau ont créé de fortes perturbations sur les réseaux électriques, avec un millier de foyers sans courant jeudi après-midi, et dans les transports. Plusieurs routes départementales et nationales restent fermées à cause d’inondations ou d’éboulements, tout comme l’autoroute A47 entre Lyon et Saint-Etienne.
Le trafic ferroviaire entre les deux villes a également été suspendu, de même que sur plusieurs lignes au nord-est de Toulouse. Les trains entre Les Arcs, Cannes, Nice, Monaco et Vintimille en Italie ne circulaient plus depuis 17 h 30 jeudi, a indiqué la SNCF. Face à la montée des eaux, près de 900 personnes ont dû être évacuées en Auvergne-Rhône-Alpes, selon la préfecture de région.
En région parisienne, la SNCF a signalé tôt ce vendredi matin sur son compte X que le fonctionnement du RER E dans Paris était interrompu, soit entre les stations d’Haussmann-Saint-Lazare et Rosa Parks «jusqu’au dernier train de la journée, 23h15». La SNCF parle d’une «panne sur les installations du gestionnaire de réseau» en raison de la pluie et de dégradations à Magenta à cause de fortes pluies. Le trafic reste aussi perturbé sur l’ensemble du RER E pour tous les départs et arrivées en gare de Paris-Est.
A Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, une centaine de foyers situés au bord du Rhône, dont le niveau monte rapidement, ont également dû quitter leur domicile. Céline Laurent, une mère de 38 ans a été mise à l’abri dans la salle des fêtes avec ses trois enfants. «On va dormir ici jusqu’à ce que ça se calme», dit-elle à l’AFP. Dans les Alpes-Maritimes, où 1 050 pompiers étaient mobilisés, environ 70 personnes ont quitté par précaution leur logement, essentiellement à Saint-Martin-Vésubie. Les campings situés en zone inondable ont également été évacués.
En Haute-Loire, au Chambon-sur-Lignon, les écoles ont également été évacuées, quelques maisons sont inondées et du bétail a été emporté, a précisé à l’AFP le maire Jean-Michel Eyraud. A Béziers, dans l’Hérault, la foudre est tombée sur le toit du conservatoire de musique provoquant l’affaissement de la toiture. Les 60 élèves présents ont été mis en sécurité, précise la préfecture.
Mise à jour : à 12h07, avec l’ajout des propos de Michel Barnier.