Séduite ado par un célèbre écrivain, Vanessa Springora raconte
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À 14 ans, Vanessa Springora a été attirée dans le lit d’un certain G.M. Devenue éditrice, elle décrit cette relation sur laquelle ses proches et le milieu littéraire ont fermé les yeux. Elle-même l’a vécue comme une histoire d’amour. Qui a laissé des traces…
Dans « Le consentement », Vanessa Springora décrit sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff alors qu’elle n’avait que 14 ans. | ©JF PAGA – GRASSET
C’était le milieu des années 1980. Adolescente de 14 ans en manque de père, Vanessa Springora rencontre celui qu’elle désigne par ses initiales, G.M., à l’un de ces dîners littéraires où sa mère l’emmène. Fascinée par cet écrivain de 36 ans son aîné, aux allures de bonze, elle tombe dans ses rets. Il l’attend à la sortie du collège, elle passe ses soirées chez lui, il l’exhibe dans les coulisses des émissions littéraires. Cela ne choque personne, ou si peu. C’est que, jusque dans ses livres, Gabriel Matzneff prône l’amour avec de très jeunes personnes…
« Le venin est entré »La jeune fille croit vivre une merveilleuse histoire d’amour. Bien sûr, certains traitent son amant de pédophile. Et puis elle finit par ouvrir ses livres, découvre son goût pour les petits Philippins. « Le venin est entré, il commence à se répandre », note-t-elle. La relation se délite. Mais l’empreinte des griffes de G… restera sur elle.
Éditrice chez Julliard, Vanessa Springora décrit parfaitement dans ce beau texte, qui pourtant donne la nausée, l’emprise d’un prédateur et ses conséquences. Fragile, elle a vécu des années d’analyse, a longtemps été dégoûtée par les hommes. Sans pouvoir oublier G.M. qui publiait des livres inspirés de leur histoire… Ce livre est sa réponse. Elle a voulu « prendre le chasseur à son propre piège. »
Le consentement, Grasset, 207 p., 18 €.