Affaire Gabriel Matzneff. Qui est Vanessa Springora, autrice du livre « Le Consentement » ?
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Dans « Le Consentement » qui sort ce jeudi 2 janvier, Vanessa Springora raconte sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff alors qu’elle était âgée de 14 ans.
Vanessa Springora, autrice du « Consentement » (Grasset). | JF PAGA – GRASSET
Vanessa Springora a désormais 47 ans. Elle est la directrice des éditions Julliard. Ce jeudi 2 janvier 2020, elle sort Le Consentement (Grasset), un récit autobiographique selon ses mots, dans lequel elle n’a absolument rien romancé. L’autrice y raconte sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff, elle avait alors 14 ans et lui 50.
Je l’ai rencontré en 1986. On le connaissait. Il y a eu un dysfonctionnement de toutes les institutions : scolaire, policière, hospitalière… C’est ça qui est sidérant face à un militant de la cause pédophile qui a publié des textes en ce sens et qui s’en glorifie, dénonce-t-elle au Parisien .
Une relation au grand jourGabriel Matzneff, auteur aux pratiques pédophiles assumées, et Vanessa Springora se rencontrent lors d’un dîner. Son père est alors aux abonnés absents, la jeune fille possède un goût prononcé pour la lecture, une certaine précocité sexuelle et un immense besoin d’être regardée, dit-elle.
Leur relation n’est pas cachée. Tout le monde connaissait l’histoire entre Vanessa Springora et Gabriel Matzneff et leur relation avait la bénédiction du milieu. Certains connaissaient aussi la mère de l’adolescente, attachée de presse dans l’édition. Aujourd’hui, forcément, tout le monde est gêné, a confié de façon anonyme un professionnel de l’édition au Monde .
« L’hypocrisie d’une époque »Davantage que cette chasse à l’homme qui est en train de se mettre en place vis-à-vis de Matzneff, un vieux monsieur dans la misère qui n’est plus en mesure de nuire à qui que ce soit, pour moi, c’est l’hypocrisie de toute une époque qui doit être remise en question, explique Vanessa Springora au Parisien.
En 2013, quand il a reçu le Renaudot, aucun journaliste littéraire, pas un seul, ne s’est interrogé sur le bien-fondé de cette récompense. La vie d’une adolescente anonyme n’est rien face au statut d’un écrivain. Malgré sa décision d’écrire ce livre, elle assure ne pas avoir du tout envie d’être la porte-parole de quoi que ce soit.
La première à témoignerC’est justement ce prix Renaudot de l’essai, pour Séraphin, c’est la fin !, que Gabriel Matzneff reçoit en 2013 qui la pousse à écrire, elle qui a fait des études de lettres modernes. Elle a commencé sa carrière comme réalisatrice et autrice avant de devenir éditrice.
À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de 50 ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposé vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, a détaillé Vanessa Springora.
Elle est la première à témoigner parmi les adolescentes séduites par l’écrivain, aujourd’hui âgé de 83 ans. Surprise qu’aucune autre fille n’ait parlé, elle dit toutefois comprendre. Il est extrêmement difficile de se défaire d’une telle emprise, écrit-elle dans Le Consentement.