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US Open : pourquoi le tennis américain sort de son sommeil

US Open  pourquoi le tennis américain sort de son sommeil
À court de champions, les États-Unis réajustent leur modèle de formation. Lundi s’ouvre l'US Open à New York.

10h00 , le 29 août 2022

Il s’appelle Ben Shelton, il a 19 ans, et c’est peut-être lui. Ou pas. Chaque fois qu’un de ses jeunes loups pose une empreinte sur le circuit, ­l’Amérique du tennis se demande si elle ne tiendrait pas là son nouveau champion tant attendu. Celui qui succédera à Andy Roddick, lointain vainqueur en Majeur (US Open 2003). La semaine dernière au Masters 1000 de Cincinnati, Shelton a dominé Lorenzo Sonego et flanqué un 6-3 6-3 à Casper Ruud, 5e mondial et finaliste à Roland-Garros. Gravitant autour du 500e rang ATP au début de l’été, le voilà 171e et invité à l’US Open. De quoi l’inciter, dès mardi, à stopper son cursus universitaire à Florida (il a été sacré champion NCAA 2022) pour mieux s’immerger dans le grand monde.

Possible que les épaules soient moins légères désormais. D’autres avant lui ont été liquéfiés par les attentes ou se sont vus trop bons trop tôt. Tel Donald Young, plus jeune champion du monde junior en 2005 (à 16 ans et 5 mois). Plus précoce encore que Richard ­Gasquet, il traîne sa gloire évanouie dans les circuits secondaires. Il y a aussi eu des comètes, comme Jack Sock, titré à Bercy et en demie du Masters en 2017, mais sorti des radars depuis. Si bien qu’en mai de l’an passé la bannière étoilée n’était plus présente dans le top 30 pour la première fois depuis la création du classement ATP en 1973. Elle qui s’était habituée à enfanter des numéros un (Connors, McEnroe, Sampras, Courier, Agassi).

Crise des vocations

Si le versant féminin a permis au tennis américain de donner le change lors des deux dernières décennies, les sœurs Williams en tête, la retraite de Serena à New York va symboliquement accentuer le vide. Consciente de la mauvaise pente, la fédération (USTA) a engagé dès 2008 José Higueras, accompagnateur des plus grands (entre autres Federer et Sampras) pour structurer le travail des entraîneurs du pays.

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Or, rappelait l’Espagnol il y a quelques années, « il n’y avait rien en place, mais vraiment rien » à son arrivée. Juste des académies privées se tirant la bourre et, en ­complément, un championnat universitaire comprenant des joueurs en retard sur les meilleurs mondiaux du même âge. Ajoutez à cela une petite crise des vocations, surtout du côté des garçons, attirés par des sports aux débouchés plus lucratifs (basket, foot US, baseball…), et un coût élevé de la pratique.

Cinq Américains figurent désormais parmi les 35 premiers à l’ATP

Poussé par Higueras, un grand centre national a vu le jour en 2017 à Orlando, avec 92 courts et l’idée d’organiser des rassemblements. En mettant l’accent sur la terre battue et non plus le tout-dur. « Il y a une dizaine d’années, quand je rencontrais mes homologues américains, ils me disaient qu’ils avaient fait une erreur, retrace Louis Borfiga, grand ordonnateur de la refonte de la formation à Tennis Canada, dont sont sortis Félix Auger-­Aliassime, Denis ­Shapovalov, Bianca Andreescu et Leylah ­Fernandez. Les États-Unis ont donc copié notre programme, ça a fait très plaisir à mes ­dirigeants. »

Avec un bémol récent dans l’exécution : sous l’effet de la pandémie et de budgets resserrés, bon nombre d’entraîneurs fédéraux ont dû quitter le navire USTA. Quant à l’idée de varier les plaisirs du revêtement, elle répond aussi à un constat stylistique : les joueurs américains se ressemblent un peu tous. Oscillant entre le grand échalas serveur-volleyeur et le frappeur-lifteur irréfléchi. Or, avec le ralentissement généralisé des surfaces, le jeu purement basé sur la vitesse de balle a trouvé ses limites. Alors que la terre battue, elle, reste le meilleur outil pour développer la lecture du jeu et appréhender la géométrie du court.

De fait, des profils un brin plus variés, capables de produire un plan B, s’affirment. Après avoir poussé Nadal au tie-break du 5e set à Wimbledon (quart de finale), ­Taylor Fritz vient d’atteindre son meilleur classement (12e). Même chose pour l’incandescent Frances Tiafoe (24e). Cinq Américains figurent désormais parmi les 35 premiers à l’ATP. Tous âgés de 24 ou 25 ans, signe d’une génération approchant de la maturité. Au-delà de ce quintet, les indices d’un fort potentiel existent chez Jenson Brooksby (21 ans, 43e), Sebastian Korda, le fils de Petr (22 ans, 30e en mai), ou encore Brandon Nakashima, qui a passé une tête dans le top 50 cet été. Affaires à suivre. 

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