Investiture de Donald Trump : l'Union européenne est-elle prête ?
Le 47e président des Etats-Unis est officiellement investi ce lundi 20 janvier. Absents de la cérémonie en dehors de quelques dirigeants d’extrême droite, les Européens se préparent à un deuxième mandat placé sous le signe de la confrontation.
“L’Europe doit-elle s’inquiéter ?”, s’interroge Ouest-France. A l’image du quotidien régional, la presse européenne tente de répondre à cette question ce lundi 20 janvier, à quelques heures de l’investiture de Donald Trump. Réélu en novembre dernier, le milliardaire américain “reprend officiellement les commandes de la Maison-Blanche”, indique BFMTV. “De l’autre côté de l’Atlantique, l’Europe s’interroge sur les intentions économiques du nouveau président américain”, poursuit la chaîne d’information.
Ces inquiétudes ne sont pas partagées par le reste du monde. “De l’Inde à la Chine en passant par la Turquie et le Brésil, une majorité de personnes pensent que le retour de Trump […] sera positif pour la paix dans le monde, leur pays et les citoyens américains”, note un sondage du Conseil européen pour les relations internationales [Ouest-France].
Des Européens absents
“En ce premier jour du monde selon Trump, il faut montrer patte noire (extrême droite) pour avoir une place”, écrit Le Soir. “La Première ministre italienne Giorgia Meloni […] fait partie d’un nombre limité de dirigeants mondiaux” présents à Washington, en compagnie du “Chinois Xi Jinping, [du] Salvadorien Nayib Bukele et [de] l’Argentin Javier Milei”, liste Euronews. Selon TF1, le président chinois aurait cependant décidé “d’envoyer son vice-président, Han Zheng”. “Le Britannique Nigel Farage, les Français Eric Zemmour, Sarah Knafo et Marion Maréchal, […] l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, [ou encore le vice-président de l’Afd allemande] Tino Chrupalla” sont également de la partie précise Euronews. Tandis que le doute plane sur la présence du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
En dehors de ces quelques personnalités invitées, les Européens seront absents. “[La présidente de la Commission européenne] Ursula von der Leyen ne sera pas au Capitole. [Les autres dirigeants de l’UE] António Costa, Roberta Metsola et Kaja Kallas non plus”, précise Le Soir. Une absence “justifiée”, rappelle le quotidien belge : “les dirigeants européens ne sont traditionnellement pas conviés”. Euronews confirme n’avoir “trouvé aucune preuve qu’un chef d’Etat ou de gouvernement européen ait jamais assisté à la cérémonie d’investiture depuis le début des archives [du département d’Etat américain] en 1874.” C’est donc plutôt le nouveau président qui déroge à la règle en accueillant certains d’entre eux cette année.
Les premières provocations de Trump
Malgré ces absences, “le 47e président des Etats-Unis entend bien se mêler des affaires de l’Europe”, affirme le média suisse Blick. “Son mandat pourrait être une succession de confrontations transatlantiques, commerciales, notamment, et remettre en cause les garanties de sécurité américaine apportées à l’Europe”, renchérit La Libre.
Donald Trump et ses alliés n’ont d’ailleurs pas attendu son investiture pour provoquer les Européens. “Avant même de prendre ses fonctions, le 20 janvier, Donald Trump défraie déjà la chronique en avançant son intention d’annexer le Groenland (qui est un territoire danois), tandis que son collaborateur Elon Musk appuie la campagne de la candidate d’extrême droite allemande, Alice Weidel”, rappelle Courrier international.
De retour aux affaires, Donald Trump devrait tenter d’ ”imposer son ordre diplomatique, commercial, technologique et militaire” [Blick]. “Taxes douanières, doutes sur le maintien de l’alliance militaire de l’Otan, pressions sur nos lignes diplomatiques, déréglementation des nouvelles technologies… les menaces sont connues”, annonce Le Pèlerin.
Une réponse européenne commune ou en ordre dispersée ?
“Pour l’Europe, la menace est sérieuse : les Etats-Unis représentent un partenaire commercial incontournable”, avance BFMTV. “La situation est toutefois très variable au sein de l’UE. Certains Etats membres [comme l’Allemagne ou l’Italie] affichent un excédent commercial considérable avec les Etats-Unis”, complète la chaîne.
Invité de la matinale de France Inter le 20 janvier, le commissaire français Stéphane Séjourné a avancé l’idée d’un “deal” avec Donald Trump. “C’est oui pour un désengagement” de la défense européenne “et pour construire des garanties de sécurité européennes en plus de l’Otan, mais nous ne pouvons pas le faire avec une guerre commerciale à nos portes”, a-t-il déclaré.
Plus largement, “la Commission européenne prépare une réponse qui alterne le bâton et la carotte” avec des contre-sanctions sur certains produits, explique Le Pèlerin. Mais “pour réussir, cette stratégie de dissuasion suppose une Europe unie”, souligne l’hebdomadaire.
Or “l’unité nécessaire pour y parvenir est loin d’être évidente”, déplore Sud Ouest. “Si l’on rajoute les antagonismes politiques au sein des Vingt-Sept, qui font pencher l’Italie, la Hongrie, les Pays-Bas – et peut-être demain une Allemagne gouvernée par la droite – sur une ligne idéologique proche de celle de Donald Trump, la cohésion de l’Union est loin d’être garantie” [Le Pèlerin].