Qu’est-ce que le tramadol, le produit qui a disqualifié Nairo Quintana du Tour de France ?

Le Colombien Nairo Quintana (Arkéa-Samsic) a été « disqualifié du Tour de France 2022 » , dont il s’était classé sixième, pour infraction médicale, a annoncé mercredi l’Union cycliste internationale (UCI). « Le coureur colombien Nairo Alexander Quintana Rojas a été sanctionné pour une infraction à l’interdiction d’usage du tramadol en compétition », explique l’UCI dans un communiqué. Il ne s’agit cependant pas de « violations des règles antidopage » et que le coureur peut faire appel dans un délai de dix jours.

Deux échantillons de sang ont été incriminés : ils ont été prélevés les 8 et 13 juillet, après deux étapes majeures : la septième étape, qui arrivait à la Super Planche des Belles Filles (Nairo Quintana a fini 15e), et après la 11e étape au col du Granon, où il a terminé deuxième derrière le Danois Jonas Vingegaard, qui a renversé la Grande Boucle ce jour-là. Dans un communiqué, Nairo Quintana a annoncé « étudier toutes les options pour assurer sa défense » avec ses avocats. Mais qu’est-ce que le tramadol ?

Un antidouleur aux effets secondaires néfastes

Le tramadol est un antidouleur, qui appartient à la famille des opiacés de synthèse et qui se prend en comprimés. En vente libre, il s’achète très facilement sur Internet et est disponible sur prescription médicale. « C’est un antalgique qui traite les douleurs moyennes. C’est plus puissant que le doliprane, mais moins que la morphine. Les cyclistes l’ont utilisé car cela masque la douleur », explique à France Info le médecin du sport Thomas Simon.

Le danger réside dans les effets secondaires assez importants : le tramadol peut entraîner une perte d’attention et une augmentation du temps de réaction. Cela est dangereux dans un peloton et peut engendrer des chutes.

La notice du médicament précise qu’il peut aussi provoquer une accoutumance et « une dépendance physique et/ou psychique même aux doses thérapeutiques », c’est-à-dire une pharmacodépendance, qui incite à vouloir augmenter les prises pour obtenir les mêmes effets et peut entraîner une addiction. Le tramadol pourrait aussi causer des hallucinations, des troubles de la concentration ou encore des vertiges.

Un produit non considéré comme dopant

Dangereux, le tramadol n’est cependant pas considéré comme un produit dopant. Surveillé par l’Agence mondiale antidopage (AMA), depuis 2012, en compétition – afin de le « suivre pour pouvoir en déterminer la prévalence potentielle d’usage dans le sport », ce produit a été interdit en compétition par l’UCI le 1er mars 2019 « afin de préserver la santé et la sécurité des coureurs compte tenu des effets secondaires de cette substance » explique l’instance dans son communiqué de l’époque. La recrudescence des chutes laissait penser qu’elles pouvaient être liées à la prise du médicament.

LIRE AUSSI. L’antidouleur de Quintana, la grande douleur d’Arkéa-Samsic

« Ce n’est pas comme de l’EPO ou une substance dopante. Le tramadol n’améliore pas la performance. Il se rapproche plus d’une infiltration par exemple, dans le sens où il calme des douleurs. Certaines fédérations sportives l’autorisent. Il a été interdit par l’UCI pour ne pas que les cyclistes aillent plus loin que leurs limites », détaille Thomas Simon à France Info.

« Comme ce n’était pas interdit par l’UCI, des médecins en prescrivaient. Cela permettait de limiter la douleur mais ça les rendait tous groggy. Ils prenaient beaucoup, beaucoup, de caféine pour contrebalancer les effets secondaires », ajoute Yoann Offredo, ancien coureur cycliste à la chaîne télévisée.

Une utilisation massive chez les cyclistes

Recherché par prélèvement sanguin, le tramadol est détectable entre une heure et trente-six heures après son absorption. Le président de l’UCI David Lappartient expliquait en 2019 que « 2/3 à peu près du tramadol détecté au niveau mondial l’est dans des échantillons de cyclistes ». Selon les données de l’AMA publiées par l’UCI, la substance se retrouvait même dans près de 5 % des contrôles liés au cyclisme (exactement 4,4 % en 2017).

LIRE AUSSI. Cyclisme. Le Colombien Nairo Quintana prolonge avec Arkéa-Samsic

Les sanctions vont de la disqualification et du déclassement lors du premier contrôle à une suspension de cinq à neuf mois en cas de récidive. Le Colombien Nairo Quitana n’est donc pas suspendu pour le moment. Annoncé au départ de la Vuelta, qui s’élance vendredi d’Utrecht, aux Pays-Bas, le Colombien a annoncé ce jeudi renoncer à l’épreuve pour « faire valoir » ses droits auprès du Tribunal arbitral du sport.