Thrombose veineuse à l'épaule : quelle est cette maladie dont ...

On ne reverra pas Victor Wembanyama sur les parquets cette saison. Le jeune joueur français, pivot des Spurs de San Antonio (Texas), doit en effet déclarer forfait en raison d’une thrombose veineuse profonde à l’épaule droite. «Les experts médicaux (...) ont confirmé qu’il en aura fini pour cette année et qu’il n’y a pas d’inquiétude pour la santé personnelle à long terme de Victor ou pour tout ce qui est lié à ses activités de basket-ball», a assuré l’entraîneur intérimaire des Spurs, Mitch Johnson, au San Antonio Express jeudi soir. Avant d’ajouter: «Il n’y a aucune raison de ne pas croire qu’il ne sera pas prêt pour le début de la saison prochaine.»

Quelle est cette maladie dont souffre le basketteur ?

La thrombose veineuse profonde désigne la formation d’un caillot dans une veine. Celle-ci résulte de la combinaison simultanée de trois phénomènes: une moins bonne circulation du sang, une activation localisée de la coagulation ainsi qu’une modification de la paroi du vaisseau. Le caillot est constitué de fibrine (une protéine qui participe à la coagulation), de globules blancs et de plaquettes. Il peut provoquer une occlusion partielle ou totale de la veine, obstruant ainsi la circulation du sang.

Quels sont les symptômes ?

La maladie se manifeste dans 80% des cas par un œdème (gonflement) du bras pouvant aller jusqu’à la main. Une douleur n’est présente que chez un peu moins de la moitié des patients. Le patient peut aussi ressentir une lourdeur ou une tension dans le bras, ainsi que des paresthésies (fourmillements, picotements, engourdissements, etc.). Enfin, un comblement du creux situé sous la clavicule peut être observé.

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Est-ce une maladie courante ?

Chaque année, environ 120 personnes sur 100 000 développent une thrombose veineuse profonde en France. Dans la grande majorité des cas, le caillot se développe au niveau des jambes. Seuls 5 à 10% des cas concernent les membres supérieurs, comme c’est le cas de Victor Wembanyama.

Le jeune sportif n’est pas le premier basketteur touché par ce problème de santé. En 2019, Brandon Ingram, membre des Los Angeles Lakers, avait dû déclarer forfait pour la même raison. Plus récemment, le jeune joueur des Pistons Ausar Thompson en a été victime l’année dernière, tout comme le pivot des Lakers Christian Koloko. Tous ont pu reprendre le cours de leur carrière. En revanche, Chris Bosh du Miami Heat avait dû mettre un terme à sa pratique professionnelle au début des années 2010, suite à une thrombose des membres inférieurs ayant dégénéré en embolie pulmonaire.

À quoi est due cette maladie ?

La grande majorité des cas (70 à 80%) de thrombose veineuse profonde du membre supérieur sont dus à la présence d’un facteur identifiable. Il peut s’agir de la présence d’un dispositif intraveineux (cathéter utilisé pour la chimiothérapie ou pour la dialyse rénale, pacemaker, etc.), d’un cancer ou d’un traumatisme local (fracture de la clavicule, chirurgie de l’épaule).

Quand aucun de ces facteurs de risque n’est présent - ce qui est généralement le cas chez des personnes jeunes comme le basketteur de la NBA -, il faut se tourner vers d’autres causes. On sait qu’un effort intense et répété du membre supérieur, en particulier vers le haut (musculation, port de charges lourdes sur l’épaule, peinture de murs et plafonds, jardinage...), peut entraîner ce type de problème. Ces mouvements peuvent en effet abîmer la veine sous-clavière (au niveau de la clavicule), ce qui peut conduire à la formation d’un caillot.

Est-ce une maladie grave ?

La thrombose veineuse profonde des membres supérieurs a longtemps été considérée comme une maladie bénigne. En réalité, elle peut conduire à un accident cardiovasculaire en l’absence de traitement. En effet, si le risque d’embolie pulmonaire est moins élevé qu’en cas de thrombose des membres inférieurs, il est tout de même estimé entre 9 et 36%. Cela s’explique par le fait que le caillot - qui a initialement pris naissance dans une veine supérieure - peut migrer jusqu’aux poumons.

Chez les patients jeunes en bonne santé générale, le pronostic est généralement très bon. En revanche, il existe un risque de syndrome «post-phlébite» (dans 7 à 46% des cas), caractérisé par des douleurs persistantes, une sensation de bras lourd, des crampes, un gonflement, de l’œdème et des varices. Par ailleurs, la maladie peut récidiver, surtout en cas de prédisposition génétique à faire des thromboses.

Comment se soigne cette maladie ?

Pour les soignants, l’objectif est de prendre en charge le patient avant que le caillot ne se décroche. «Quand le diagnostic est confirmé, on traite avec un anticoagulant qui permet de fluidifier le sang. Son rôle est de prévenir l’extension et la récidive de la thrombose», expliquait récemment au Figaro le Dr Lina Khider, médecin vasculaire à l’hôpital européen Georges Pompidou. Dans les cas les plus graves, les médecins procèdent à une thrombolyse, un procédé qui permet de dissoudre le caillot. «Mais chez un patient dont le pronostic vital n’est pas immédiatement engagé et qui n’a pas de contre-indication, on démarre d’emblée avec des comprimés, les anticoagulants oraux directs», indique le médecin. C’est peut-être ce qui explique que Victor Wembanyama ne puisse plus jouer pendant plusieurs semaines : les anticoagulants fluidifiant le sang, la prudence est de rigueur pour éviter le risque hémorragique. Tous les sports à risque de coups ou de chute sont donc fortement déconseillés aux patients pendant la durée du traitement.