Le groupe Canal+ passe les chaînes de TF1 en crypté
La brouille n’est pas nouvelle. Entre Canal + et TF1, le bras de fer continue donc. La chaîne appartenant au groupe Vivendi – détenu par Vincent Bolloré – a annoncé ce vendredi «renoncer» à la diffusion des chaînes gratuites du groupe TF1, dans le cadre du renouvellement du contrat de distribution entre les deux parties.
L’objet du différend concerne le paiement d’une «rémunération» que Canal + juge «très conséquente», et refuse donc de verser à TF1 – propriété du groupe Bouygues. «Face à ces exigences infondées et déraisonnables pour des chaînes qui sont accessibles gratuitement pour tous et qui doivent le rester, le groupe Canal +, partenaire de longue date du Groupe TF1, est contraint de renoncer à diffuser ces chaînes en France métropolitaine», a ainsi indiqué Canal + dans un communiqué.
Le groupe TF1, de son côté, a annoncé à ses téléspectateurs recevant ses chaînes via Canal + que celles-ci n’étaient plus disponibles. «L’accord qui permettait à Canal + de diffuser les chaînes du groupe TF1 et MyTF1 a pris fin le 31 août, nos deux groupes n’étant pas parvenus à un accord, indique la chaîne dans un communiqué. […] Nous regrettons cette situation qui vous prive de nos contenus alors que vous continuez à la payer dans votre abonnement. Nous espérons qu’un accord sera trouvé rapidement pour rétablir la réception de nos chaînes et nos services.»
Ce n’est pas la première fois que les deux géants de l’audiovisuel français s’écharpent sur le sujet de la distribution des chaînes gratuites du groupe TF1 (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films et LCI). Celles-ci sont disponibles sur Canal + via son décodeur, le satellite et son service MyCanal. Le dernier contrat entre les deux groupes, conclut au forceps fin 2018, avait viré au conflit commercial. Refusant de payer la somme exigée par TF1, Canal + avait décidé de couper un temps la diffusion de la chaîne du groupe Bouygues à ses abonnés, provoquant un tollé chez certains téléspectateurs.
Entre les deux chaînes, la brouille tourne désormais au chantage. «Fort de son partenariat avec beIN Sports qui détient l’intégralité des droits de la compétition», Canal+ indique ainsi dans son communiqué qu’il sera «en mesure de proposer l’intégralité» de la Coupe du monde de football (qui se tiendra au Qatar du 20 novembre au 18 décembre) «à ses abonnés».
Au printemps 2018, la passe d’armes entre les deux groupes avait illustré de manière spectaculaire la montée en puissance des opérateurs et autres intermédiaires dans les modes de réception des chaînes de télé, au détriment de la TNT, que l’on peut capter sans aucun abonnement). Face à cette situation, les pouvoirs publics avaient été contraints de taper du poing sur la table. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, aujourd’hui devenu Arcom) et le gouvernement étaient ainsi montés au créneau en appelant les deux groupes à s’entendre.