Télétravail : « Tout le monde doit jouer le jeu », plaident les DRH
Publié le 7 déc. 2021 à 16:41Mis à jour le 7 déc. 2021 à 18:08
Les DRH poussent un « ouf » de soulagement. Lors de sa conférence de presse lundi, le Premier ministre Jean Castex a appelé les entreprises qui le pouvaient à intensifier le recours au télétravail pour tenter de freiner les contaminations au Covid-19 qui flambent en France depuis quelques jours . Le gouvernement fait donc le choix à ce stade de ne pas les y forcer, comme ce fut le cas lors des précédentes vagues. Une décision applaudie par Benoît Serre, vice-président délégué de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) et DRH de L'Oréal France.
Pourquoi accueillez-vous favorablement les annonces du gouvernement sur le télétravail ?Depuis quelques mois maintenant, nous disons qu'à chaque fois que l'on peut laisser les entreprises s'organiser elles-mêmes, sans des normes qui tombent d'en haut, c'est une bonne chose. Il vaut mieux que cela vienne du terrain, avec des solutions adaptées à la réalité des entreprises. Les grandes règles globalisantes ne sont pas bonnes.
Les entreprises sont-elles toutes concernées par ces annonces ?Les propos du gouvernement valent en réalité pour les entreprises qui peuvent faire du télétravail mais qui n'ont pas encore mis en place des accords en ce sens. Pour les autres, les accords portent généralement sur deux jours de télétravail par semaine. Donc on est dans la norme demandée. Libre à celles qui le souhaitent de l'amplifier.
Les entreprises peuvent-elles s'organiser assez rapidement pour respecter la demande du Premier ministre ?Aujourd'hui, on peut instaurer le télétravail par le biais d'une charte. Il n'y a pas forcément besoin d'accord avec les partenaires sociaux. Quand vous êtes responsable de la santé des collaborateurs, vous pouvez le décider. Par ailleurs, nous avons remarqué que sur ce sujet-là, on a un dialogue social de très bonne qualité qui avance très vite. Il faut que les entreprises se saisissent de cette opportunité car le gouvernement a fait le choix de la confiance. Nous avons réclamé de pouvoir nous organiser et avons promis de prendre notre part dans la lutte contre les contaminations. Maintenant, il faut que tout le monde joue le jeu.
Le renforcement annoncé des contrôles inquiète-t-il les entreprises ?La question du renforcement des contrôles par l'Inspection du travail pose des questions sur le plan juridique. En effet, pour le moment, l'extension du télétravail comme le demande le gouvernement est une incitation. Le non-respect de cette incitation n'est pas condamnable. On comprend donc qu'il s'agit là de mettre la pression sur les entreprises qui ne se sont pas encore organisées.
Forcer les entreprises à étendre le télétravail, comme menace de le faire Jean Castex, serait une erreur ?C'est le gouvernement qui dispose des informations sanitaires et qui prendra éventuellement cette décision. Mais nous disons toujours qu'avant d'imposer le télétravail quelque part, il faut mesurer l'impact sur les personnes et l'entreprise. Nous sommes en plein redémarrage de l'activité. Il ne faudrait pas casser cette dynamique-là.
Le télétravail est-il aujourd'hui bien accepté par les salariés ?Le tout télétravail imposé est une catastrophe. En revanche, les accords négociés sont très largement adoptés par les salariés via les avenants au contrat de travail. C'est plutôt positif. On constate même que le travail hybride est devenu la norme. C'est une attente très forte de la part des salariés à qui le télétravail apporte une liberté d'organisation et une plus grande souplesse. Lors des recrutements, les candidats nous interrogent désormais sur cet aspect. Certains services ou métiers deviennent plus ou moins attractifs. C'est une vraie tendance.
Qu'est-ce que cela change pour les entreprises ?Les entreprises sont obligées de se transformer pour s'adapter à cette demande. Certaines réorganisent les tâches pour pouvoir mettre en place du télétravail ou lancent une réflexion sur la manière dont les métiers peuvent être exercés. Ce sont de vrais mouvements de fond.