Face à Omicron, le retour au télétravail obligatoire
Publié le 27 décembre 2021
Trois jours de télétravail obligatoire minimum. C'est la mesure phare du Premier ministre Jean Castex pour freiner la propagation du variant Omicron. Une décision, applicable pendant trois semaines à partir du 3 janvier, qui pourrait se heurter à la réticence des entreprises puisque non inscrite dans la loi.
Après le variant Delta, la France fait face, comme ses voisins, à une flambée de cas positifs à Omicron. Un variant qui "contamine vite et fort", selon les mots du ministre de la Santé Olivier Véran qui tenait le 27 décembre une conférence de presse avec le Premier Ministre Jean Castex. "Il est responsable de très nombreuses personnes positives, dont certains malades, mais également de très nombreux cas contacts. Cela représente un risque majeur d’absentéisme. On voit déjà une hausse très forte et des arrêts de travail", a-t-il souligné.
Le 23 décembre, le Président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy craignait même un risque "de désorganisation possible d’un certain nombre de services essentiels" à la rentrée comme l’éducation, les transports, la sécurité ou la santé. Pour y faire face, le gouvernement a ainsi annoncé un retour au télétravail obligatoire. A partir du lundi 3 janvier, et pour une durée de trois semaines, toutes les entreprises devront imposer le télétravail à leurs salariés, lorsque c’est possible, à raison de trois jours minimum.
Une concertation, menée par la ministre du Travail Elisabeth borne, aura lieu le 28 décembre avec les partenaires sociaux. L’enjeu est de négocier une révision du protocole sanitaire applicable en entreprise, une condition sine qua none à l’obligation du télétravail. Jusqu’ici, la ministre s’était plutôt montrée réticente, préférant recommander ce mode de travail plutôt que de l’imposer. "Mon objectif, c’est vraiment que ce renforcement du télétravail puisse se mettre en œuvre dans le dialogue social au sein de chaque entreprise et qu’on n’ait pas besoin de revenir à des obligations", soulignait-elle sur LCI début décembre.
"Madame Borne bluffe un peu"Reste que si les entreprises ne se plient pas à cette nouvelle règle, il semble difficile de les sanctionner sans inscription de l’obligation du télétravail dans la loi ou par décret. Un employeur a bien l’obligation de protéger la santé de ses salariés mais la mise en place de masques, de gel, de plexiglas peut répondre à cette injonction. D'où l'idée du gouvernement d'imposer un nombre de jours minimum de télétravail comme mesures de protection des collaborateurs, dans le protocole sanitaire.
Pour mieux contrôler son application, la ministre de la Santé a annoncé un renforcement des contrôles de l’inspection du travail. Mais pour la secrétaire générale de la CGT Travail Emploi et Formation professionnelle (CGT-TEFP), "Madame Borne bluffe un peu". "Les agents de l’Inspection du travail n’ont ni les moyens humains, ni les moyens juridiques d’imposer le télétravail dans les entreprises", a-t-elle soulignait sur France info ajoutant qu’il y avait "un agent de contrôle pour 10 000 salariés".
Le télétravail est pourtant un outil majeur dans la lutte contre la propagation du Covid-19. Les entreprises s’étaient pliées à cette règle lors du premier confinement mais elles ont eu "énormément de mal à ramener à l’activité des gens en télétravail depuis très longtemps", pointe le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. Les grandes entreprises, elles, se sont déjà préparées à l’arrivée d’Omicron. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux a assuré que les employeurs avaient intensifié le recours à ce mode de travail depuis quelques semaines.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina