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Tchernobyl : coupure d'électricité, risque nucléaire... Que se passe-t-il...

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TCHERNOBYL UKRAINE. Après la prise de contrôle russe de la région dès le 24 février, la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, a cessé de transmettre des informations mardi. Ce mercredi 9 mars 2022, l'alimentation électrique, nécessaire notamment a

Tchernobyl : coupure d'électricité, risque nucléaire... Que se passe-t-il à la centrale ? TCHERNOBYL UKRAINE. Après la prise de contrôle russe de la région dès le 24 février, la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, a cessé de transmettre des informations mardi. Ce mercredi 9 mars 2022, l'alimentation électrique, nécessaire notamment au refroidissement des combustibles, a été coupée...

Sommaire

[Mis à jour le 9 mars 2022, à 15h41] Le blackout. La centrale de Tchernobyl, aux mains de l'armée russe depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février dernier, ne répond plus depuis ce mardi 8 mars 2022. "Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl en Ukraine ont cessé de transmettre des données à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA)", a indiqué celle-ci dans un communiqué.

A la mi-journée ce mercredi 9 mars 2022, la coupure de l'alimentation électrique de la centrale, totalement arrêtée depuis 2000 mais contenant toujours des déchets radioactifs, a été rapportée. La centrale de Tchernobyl "a été complètement déconnectée du réseau électrique en raison des actions militaires de l'occupant russe" et le site "n'a plus d'alimentation électrique", a déclaré Ukrenergo, l'opérateur ukrainien, sur sa page Facebook. Le message précise "qu'il n'y a pas de possibilité de rétablir les lignes".

L'AIEA a néanmoins indiqué sur son compte Twitter ce mercredi après-midi qu'elle ne voyait "aucun impact critique sur la sûreté" dusite. "L'AIEA indique que la charge thermique de la piscine de stockage du combustible usé et le volume d'eau de refroidissement à la centrale nucléaire de Tchernobyl sont suffisants pour une évacuation efficace de la chaleur sans avoir besoin d'alimentation électrique", a-t-elle poursuivi dans un autre message.

IAEA says heat load of spent fuel storage pool and volume of cooling water at #Chornobyl Nuclear Power Plant sufficient for effective heat removal without need for electrical supply. IAEA update from March 3: https://t.co/x5IlduZQOn

— IAEA - International Atomic Energy Agency (@iaeaorg) March 9, 2022

La crainte d'un nouvel incident et de nouvelles fuites dans la zone de Tchernobyl était néanmoins palpable ce mercredi. Energatom, la Compagnie nationale de production d'énergie nucléaire d'Ukraine, a notamment mis en garde contre le risque de "libération de substances radioactives dans l'environnement". "Le vent peut transférer le nuage radioactif vers d'autres régions d'Ukraine, de Biélorussie, de Russie et d'Europe", a-t-elle prévenu.

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La situation à la centrale de Tchernobyl préoccupe la communauté internationale depuis que la région et le complexe ont été pris par l'armée russe, le 24 février dernier, au premier jour de l'invasion de l'Ukraine. Outre les bombardements qui ont fait craindre des dégâts sur la centrale en elle même, le maintien d'un niveau de sécurité optimal sur le site soulève de nombreuses inquiétudes. Un peu plus de 200 techniciens ukrainiens sont toujours dans la centrale et n'ont pu être relevés comme le prévoit le protocole, avec des roulements réguliers sur le site accidenté dans les années 1980. Les autorités de sureté nucléaire ukrainiennes ont indiqué début mars que les conditions de travail de cette équipe se détérioraient, malgré un accès à la nourriture, à l'eau et à des médicaments.

Mardi 8 mars 2022, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA) a rapporté que les  systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl ont cessé de transmettre des données. Rafael Grossi, le chef de l'AIEA a aussi indiqué que "la transmission à distance des données des systèmes de contrôle des garanties installés à la centrale nucléaire de Tchornobyl" avait aussi "été coupée". Ce mercredi 9 mars 2022, plusieurs médias dont Le Monde ont rapporté que l'alimentation électrique de la centrale nucléaire et de ses équipements de sécurité était "complètement" coupée en raison des combats, citant un message de la Compagnie nationale de production d'énergie nucléaire d'Ukraine (Energatom) sur Telegram.

Après l'arrivée des Russes à Tchernobyl le 24 février, un conseiller du ministère ukrainien de l'Intérieur, Anton Gerashchenko, a rappelé au Washington Post que la centrale, bien qu'arrêtée, comptait toujours des installations de stockage pour les "déchets radioactifs nucléaires dangereux". Des déchets abrités dans un gigantesque sarcophage qui n'a été totalement achevé qu'en 2019.

Dans les heures qui ont suivi la prise de Tchernobyl, Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a estimé qu'il était "impossible de dire que la centrale nucléaire" était restée "sûre". Il a qualifié la déferlante de l'armée russe dans la zone de "menace des plus graves" non seulement pour l'Ukraine mais aussi pour l'Europe. Des propos repris en substance par Volodymyr Zelensky lui-même dans la même journée sur les réseaux sociaux. De son côté, le ministère ukrainien des Affaires étrangères s'est ému d'un risque de nouvelle "catastrophe écologique".

L'agence ukrainienne du nucléaire et le gouvernement ukrainien ont surtout indiqué dès vendredi 25 février que les radiations mesurées très régulièrement à Tchernobyl et dans les environs commençaient à augmenter (jusqu'à 9,46 microSieverts par heure). Un phénomène que plusieurs experts ont expliqué par le passage des troupes et des blindés russes, qui auraient soulevé des poussières radioactives toujours présentes dans les sols contaminés de la région. Ces niveaux de radioactivité restaient néanmoins sans danger et localisés dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, soit un rayon de 30 km autour de l'ancienne centrale.

La fin des communications et surtout la coupure électrique rapportées les 8 et 9 mars ont ravivé l'inquiétude autour de la centrale. Energatom, la Compagnie nationale de production d'énergie nucléaire d'Ukraine s'est inquiétée d'un potentiel défaut de refroidissement des combustibles et mis en garde contre le risque de "libération de substances radioactives dans l'environnement" et d'un éventuel "nuage radioactif" que le vente pourrait transférer "vers d'autres régions d'Ukraine, de Biélorussie, de Russie et d'Europe". L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a néanmoins rassuré sur Twitter dans l'après-midi indiquant ne voir "aucun impact critique sur la sûreté" étant donné que "la charge thermique de la piscine de stockage du combustible usé et le volume d'eau de refroidissement à la centrale nucléaire de Tchernobyl sont suffisants pour une évacuation efficace de la chaleur".

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La Russie peut-elle provoquer un nouvel accident à Tchernobyl ?

Les combats et l'usage d'explosifs dans la zone de Tchernobyl restent un sujet d'inquiétude et un dommage collatéral peut toujours être envisagé selon les experts. Le site n'a pas été équipé de système de défense antimissile. Lors d'une conférence de presse à paris le 28 février, Alexandra Prysiazhniuk, porte-parole de l'ambassade d'Ukraine en France, a brièvement rappelé que des avions russes survolaient encore la zone interdite de Tchernobyl avec un "risque de bombardement". Dans Le Parisien vendredi 25 février, Teva Meyer, expert des questions énergétiques, estimait néanmoins que "quasiment plus rien n'est très radioactif" à Tchernobyl, "si ce n'est l'intérieur du sarcophage, qui est protégé et solide" et qu'il " faudrait vraiment un concours de circonstances important pour que des frappes le touchent au point de le mettre à mal".

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui s'exprime quasi quotidiennement sur la situation en Ukraine, a publié un communiqué samedi 26 février,  prévenant que "les opérations des installations nucléaires de la zone ne pouvaient en aucune façon être affectées ni perturbées et que le personnel devait pouvoir travailler et se reposer normalement". Le personnel assurant la maintenance du site est notamment source d'inquiétude. Selon le protocole, cette équipe de 210 techniciens et gardes ukrainiens, en charge de la surveillance et de la maintenance du site, doit être régulièrement relevée. Un roulement qui n'a pu être effectué depuis l'arrivée des troupes russes le 24 février.

Outre Tchernobyl l'ensemble des installations en question

Le Directeur général de l'AIEA Rafael Mariano Grossi a plus généralement demandé aux personnes assurant le contrôle effectif des installations nucléaires ukrainiennes "d'éviter toute action qui pourrait compromettre la sûreté de ces installations [...], mettre en péril la sécurité des matières nucléaires et l'exploitation sûre de toutes les installations nucléaires, un tel incident pouvant avoir de graves conséquences pour la santé humaine et l'environnement".

Interrogé par Les Echos lundi 28 février, Jan Vande Putte, chargé de campagne sur le nucléaire pour Greenpeace Belgique et Asie de l'Est, estime que la prise de Tchernobyl par la Russie accentue les risques déjà présents autour de l'ancienne centrale nucléaire. "Mais l'inquiétude principale réside sur les centrales nucléaires encore en activité en Ukraine", résume le quotidien. L'Ukraine compte en effet quatre "sites électronucléaires", avec un total de 15 réacteurs en fonctionnement, représentant la moitié de l'électricité du pays. Mais dans Le Parisien, Yves Marignac, expert du secteur et porte-parole de l'Association négaWatt, estime qu'un "nouveau Tchernobyl" est très peu probable même si l'on peut toujours craindre "une catastrophe à l'échelle régionale".

La Russie peut-elle fabriquer une "bombe sale" à Tchernobyl ?

La question de la fabrication par les Russes d'une "bombe sale" à partir des déchets nucléaires de Tchernobyl a aussi été posée, mais très vite écartée par les experts. La fabrication d 'une telle bombe ne s'improvise pas et "demande une organisation industrielle". L'arsenal nucléaire russe est par ailleurs largement suffisant pour s'épargner un tel "bricolage" selon les mêmes sources.

Selon le magazine américain, Forbes citant l'agence de presse Reuters, la Russie pourrait néanmoins envoyer un message aux Occidentaux en s'emparant de la zone de Tchernobyl. "Un message à l'OTAN afin qu'elle n'entreprenne aucune action militaire", résume une source russe.

Pourquoi la Russie a-t-elle pris Tchernobyl ?

Quel serait alors l'intérêt de l'armée russe dans la prise de contrôle de Tchernobyl ? Il apparaît que le positionnement rapide des militaires dans la zone réponde à une stratégie plus conventionnelle. D'abord, Tchernobyl est située à proximité immédiate de la frontière biélorusse, depuis laquelle la Russie a choisie de pénétrer en Ukraine. Elle se situe en outre juste au nord de Kiev, la capitale, qui est rapidement apparue comme un objectif militaire de Vladimir Poutine. La zone est aussi toute proche du fleuve Dniepr, réserve d'eau potable pour la capitale ukrainienne, qui pourrait s'avérer stratégique.

La catastrophe nucléaire de 1986 et la construction du sarcophage a en outre nécessité la construction d'infrastructures majeures, comme d'une voie ferroviaire que les Russes pourraient utiliser pour acheminer du matériel militaire et un approvisionnement de ses troupes dans la conquête de Kiev. Des installations électriques peuvent aussi être détournées pour couper une partie de la capitale en énergie.

Enfin, d'aucuns soulignent l'aspect symbolique de la prise de Tchernobyl. Forbes estime ainsi que "le site nucléaire revêt une importance historique pour la Russie, car Mikhaïl Gorbatchev, qui était le président de l'Union soviétique au moment de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, a déclaré que l'accident 'était peut-être la véritable cause de l'effondrement de l'Union soviétique', plus encore que sa politique de restructuration du système économique et politique".

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