Au cœur du procès de l'affaire Stormy Daniels, un système pour ...
Ancienne actrice de films X, Stormy Daniels – de son vrai nom, Stephanie Clifford – est un personnage-clé du procès sur le point de s’ouvrir à New York, lundi 15 avril. Dix-huit ans après sa brève aventure sexuelle avec Donald Trump, elle se trouvera au centre du charivari médiatique, qu’elle a toujours autant subi qu’entretenu.
Mais l’attention du procureur de Manhattan, le démocrate Alvin Bragg, qui joue ici sa réputation et sa crédibilité, n’est pas focalisée sur les détails de cette liaison. Le magistrat doit prouver que le système de protection mis en place par Donald Trump contre les scandales, à l’approche de l’élection présidentielle de 2016, est pénalement répréhensible.
Inculpé pour trente-quatre chefs d’accusation début avril 2023, Donald Trump fait face à un dossier nourri de nombreux éléments matériels et témoignages. Le milliardaire républicain est accusé d’avoir organisé des paiements, par le biais de son conseiller Michael Cohen, pour s’assurer de l’étouffement de témoignages possiblement embarrassants, notamment ceux de femmes ayant eu une relation sexuelle avec lui.
« Attraper et tuer »
Selon les enquêteurs, « les participants ont violé les lois électorales » et ont enregistré de fausses dépenses dans les comptes de différentes entités impliquées. La nature exacte des dépenses engagées, à compter d’août 2015 et jusqu’en décembre 2017, a aussi été dissimulée. Mais le grand défi, pour l’accusation, sera de démontrer la volonté de Donald Trump de frauder le fisc ou de maquiller les comptes de son groupe, la Trump Organization.
« Attraper et tuer » : c’est ainsi qu’est nommé le stratagème de crise employé par le candidat à l’approche du scrutin. Attraper les révélations, les tuer dans l’œuf. C’était encore un temps où Donald Trump se souciait de sa réputation. Nouveau venu sur la scène politique, l’entrepreneur transgressif bousculant le camp conservateur était en passe de créer une immense surprise, en obtenant l’investiture républicaine. Il avait face à lui Hillary Clinton, incarnation absolue des élites démocrates, sans proposition politique forte mais ayant le privilège d’être la première femme à s’approcher aussi près du bureau Ovale.
Les vulnérabilités du candidat républicain étaient nombreuses et identifiées de longue date. Le principe d’un bouclier préventif, pour le protéger, aurait été formalisé au cours d’une réunion en août 2015. Les participants étaient Donald Trump lui-même, son conseiller, Michael Cohen, et David Pecker, le patron du groupe American Media Inc., auquel appartient le tabloïd The National Enquirer. Ce journal aux grands moyens et aux scrupules inexistants avait son propre agenda politique, ses priorités, ses vedettes à mettre en valeur et ses cibles à accabler.
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