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« Star Wars : Jedi Fallen Order », jeu vidéo touche-à-tout pour les longues soirées d'hiver

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Cal, trop respectueux de la mythologie «Star Wars», ne fera pas diverger la série de son canon.
Cal, trop respectueux de la mythologie «Star Wars», ne fera pas diverger la série de son canon. Electronic Arts

Un grand bouleversement de la Force. Comme si des milliers de voix avaient soudainement hurlé de terreur et puis s’étaient éteintes aussitôt… Ceux qui ont vu La Revanche des Siths savent qu’à la fin du troisième épisode de Star Wars, la plupart des Jedi se font massacrer en un claquement de doigts par les troupes serviles du maléfique Empereur.

Le maître du jeune Cal, le héros du jeu vidéo Jedi Fallen Order (disponible sur PC, Xbox One et PlayStation 4 vendredi 15novembre), ne fait pas exception, et succombe sous les yeux de son padawan. Le gamin, pourtant, se débrouille tant bien que mal pour survivre, et, au mépris de sa formation initiale, se réinvente vers une carrière de ferrailleur qui l’amène, cinq années durant, à désosser des carcasses de vaisseaux gigantesques dans l’anonymat le plus total.

Quand l’action commence, Cal vient de se faire repérer par une Inquisitrice chargée de finir le boulot. Il quitte alors en catastrophe sa planète-poubelle et embrasse l’existence rêvée de tout Jedi digne de ce nom, faite de crapahutage dans des environnements hostiles et de combats à mort contre robots et sbires de l’Empire.

Jedi bretteur et cascadeur

Ce n’est pas avec Jedi Fallen Order que l’on risque de se divulgacher le film Star Wars à sortir le mois prochain, L’Ascension de Skywalker. L’action se passe des décennies plus tôt, et multiplie plutôt les clins d’œil à l’esthétique de la saga originale, tandis que passent en arrière-plan des personnages qui raviront les fans les plus pointus, tels que Saw Gerrera, vu dans Rogue One, ou l’ordre des Inquisiteurs, connu des adeptes des séries animées et des comics.

De manière générale, un peu comme l’intrigue de Rogue One ou d’un épisode des Simpson, Jedi Fallen Order se termine comme s’il n’avait jamais existé, les événements qu’il conte étant condamnés à ne pas avoir de réelle importance, sous peine de contredire l’histoire future telle qu’on la connaît déjà. Pas grave: comme le stipule une maxime essorée, ce qui compte ici, ce n’est pas tant la destination que le voyage.

Et celui de Jedi Fallen Order vaut le coup. De la planète Kashyyyk (celle des sympathiques wookies) à Dathomir (celle de Darth Maul) en passant par des astres aux noms encore plus fantaisistes, on visitera des environnements montagneux, verdoyants, marécageux ou encore neigeux, dans la grande tradition de la série. Et si le jeu du studio américain Respawn Entertainment a quelque chose pour lui, ce sont bien ces décors somptueux qui nous rappellent que cette génération de consoles a six ans maintenant, et que les développeurs maîtrisent désormais parfaitement son potentiel technique.

On visitera six planètes, dont deux ou trois particulièrement vastes dans lesquelles il est aisé de se perdre.
On visitera six planètes, dont deux ou trois particulièrement vastes dans lesquelles il est aisé de se perdre. Electronic Arts

Jedi oblige, notre valeureux Cal manie évidemment le sabre laser, aussi indissociable de Star Wars que le sont ces paysages extraterrestres. Jamais un jeu Star Wars n’avait été aussi radicalement un jeu de sabre, Cal se contentant de se servir de la force pour ralentir le temps, ainsi que pour pousser et tirer des objets (et plus tard, des ennemis). Pas de manipulation mentale ici, pas d’éclairs, d’étranglements à distance: Cal est un Jedi bretteur, occasionnellement adepte du parkour, capable de courir sur les murs ou de s’accrocher sur les rebords les plus escarpés.

C’est une lame plus qu’une arme, un athlète plus qu’un magicien. Les duels au sabre avec les rares ennemis capables de le maîtriser, combats chorégraphiés, millimétrés, figurent d’ailleurs parmi les sommets du jeu.

Pull Chewbacca et mug Yoda

Des planètes extraterrestres et des sabres laser: si Jedi Fallen Order respecte en la matière le cahier des charges des films, pour le reste, il va surtout piocher dans l’univers du jeu vidéo. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point le jeu est un pot-pourri de tout ce qui s’est fait et de tout ce qui a marché en jeu vidéo au cours des dernières années, voire des derniers mois.

La mise en scène (très intense lors du premier niveau, plus posée ensuite) pleine de coups d’éclat et de chutes vertigineuses? C’est Uncharted. Ses niveaux linéaires qu’on décloisonne progressivement, tous reliés par un espace central (ici le vaisseau)? Dark Souls II. Ses combats techniques, agressifs, misant sur la parade et la contre-attaque? Sekiro. Et on pense régulièrement aussi aux jeux de combat que sont les God of War III (signé, tiens-tiens, par le même réalisateur que Jedi Fallen Order), Bayonetta et autres DMC, avec leurs combinaisons de touches et leurs compétences à débloquer.

Un peu chouette géante, un peu pangolin volant, mais définitivement pas un compagnon envisageable.
Un peu chouette géante, un peu pangolin volant, mais définitivement pas un compagnon envisageable. Electronic Arts

Ce n’est peut-être d’ailleurs pas un hasard si le jeu évoque également le récent reboot de God of War, qui lui aussi, à sa façon, avait agrégé d’innombrables références pour offrir un nouveau regard sur une série bien connue.

Sauf que là où God of War transcendait ses modèles, Star Wars Jedi Fallen Order, lui, peine à s’en détacher, et donne surtout l’impression de peiner à en capturer l’essence. Le résultat, c’est un jeu ouvert mais pas trop, technique mais pas trop, accessible mais pas trop – à trois reprises, il jette dans les pattes d’un joueur pas du tout préparé des chefs de fin de niveau absurdement difficiles.

Surtout, à force de piocher partout, Jedi Fallen Order semble oublier d’exister par lui-même, le tout ne faisant jamais vraiment oublier la somme des parties. C’est en fait un jeu-synthèse, comme les derniers films Star Wars (en particulier Le Réveil de la Force) sont des films-synthèses, des patchworks d’influences évidentes peinant à dessiner un motif nouveau.

C’est dommage, mais on pourra aussi s’en contenter. Car, comme les films encore une fois, Jedi Fallen Order est un jeu de Noël, qu’on pourra glisser sans trop de risque sous le sapin, picorer pendant une petite vingtaine d’heures en pull moche Chewbacca, un mug Yoda rempli de vin chaud à portée de main. Avant de l’oublier quelques semaines plus tard, préférant se remémorer les qualités (parfois fantasmées) des jeux vidéo Jedi Knight ou Force Unleashed de sa jeunesse.

Cal ne lance pas d’éclair mais fait de la tyrolienne comme personne.
Cal ne lance pas d’éclair mais fait de la tyrolienne comme personne. Electronic Arts
En bref

On a aimé:

  • Les décors à couper le souffle
  • Des environnements moins cloisonnés que ce à quoi on s’attendait
  • Des combats qui demandent du doigté sans pour autant être frustrants

On n’a pas aimé:

  • Deux ou trois combats de boss tellement difficiles qu’ils semblent tirés d’un autre jeu
  • Des allers-retours longuets quand on a terminé une mission ou qu’on revisite une planète déjà connue
  • Des phases de plateforme et quelques énigmes peu inventives dont on aurait pu se passer

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous cherchez un jeu qui ressemble à Sekiro en moins dur
  • Vous cherchez un jeu qui ressemble à God of War III en plus fin
  • Vous cherchez un jeu qui ressemble à Uncharted en plus Star Wars
  • Vous cherchez un jeu qui ressemble à Dark Souls II en plus science-fiction

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous préférez Star Trek

La note de Pixels:

14832/plus de 20000 midi-chloriens

Corentin Lamy

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