1972 : Soeur Sourire interprète "Dominique" - Archives vidéo et radio Ina.fr
C'est une artiste quelque peu oubliée aujourd'hui que met en lumière Arte, ce lundi 19 juillet au soir. Avec le film Soeur Sourire, réalisé en 2009, suivi du documentaire Soeur Sourire, qui a tué la voix de Dieu ?, la chaîne culturelle franco-allemande fait revivre l'incroyable succès d'une jeune belge de 30 ans, Dominicaine au couvent Fichermont, à Waterloo, soeur Luc-Gabriel (de son vrai nom Jeanne-Paule Marie Deckers).
En 1963, cette religieuse qui s'est distinguée auprès de ses coreligionnaires par sa voix et ses compositions signe au nom de son couvent un contrat avec la maison de disque Phillips. Sa chanson Dominique va faire le tour du monde, de l'Europe à l'Amérique, de l'Océanie à l'Afrique du Sud. Sur le Vieux Continent, Dominique se place dans les 10 premières ventes de singles 45 tours en 1963 en Norvège, en Irlande, au Danemark, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni.
Encore plus impressionnant, la chanson s'impose également aux Etats-Unis, où elle reste numéro un des charts pendant tout le mois de décembre, tandis que l'album Sœur Sourire (The Singing Nun) se classe no 1 des ventes d'albums pendant dix semaines de décembre 1963 à février 1964, jusqu'à être finalement délogé de la première place par de sérieux concurrents, les Beatles, avec leur album Meet the Beatles !
Le 17 juillet 1964, encore tout auréolée de son incroyable succès américain, Soeur Sourire était interviewée par les caméras de "Sept jours du monde", qui s'étaient déplacées au couvent de Fichermont. La religieuse expliquait ainsi l'origine de son nom de scène, « le résultat d'un sondage auprès d'élèves de collège qui ont écouté la chanson Dominique chantée par une "soeur anonyme" » et donnait à voir les journées bien chargées de son mode de vie monacal. Elle reconnaissait ce paradoxe, celui de « ne pas rechercher le succès tout en espérant faire passer son message » basé sur « l'authentique et le vécu ».
Son deuxième album, Sa joie, ses chansons, sorti en 1964, est une relatif échec. Jeanne-Paule Marie Deckers quitte les ordres en 1966 et récupère son nom de scène en 1969, mais sa carrière ne redécolle pas. Le 29 mars 1985, après avoir subi pendant des années les pressions du fisc belge, elle se suicide avec sa compagne Annie Pécher, thérapeute d'enfants autistes.