Simon Fieschi, victime de l'attentat à Charlie Hebdo, est décédé
Ce 7 janvier 2015, dans la salle de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, il fut la première personne visée par les frères Kouachi. Simon Fieschi, 41 ans, a été retrouvé mort, ce jeudi 17 octobre, dans une chambre d’hôtel à Paris. Dans un communiqué, le Parquet de Paris a indiqué qu’une « enquête en recherche des causes de la mort » a été ouverte à la suite de la découverte du corps de l’ancien webmaster du journal satirique, et que les conclusions de l’autopsie n’ont « pas permis de déterminer la cause du décès ». L’avocate et conseil de la famille de Simon Fieschi a, pour sa part, souligné « que contrairement à ce qui a été annoncé par certains médias, il n’y a aucun élément en faveur d’un geste volontaire à ce stade des investigations et les causes de la mort sont encore actuellement ignorées ».
Enfermé dans son propre corps
Le jour de l’attentat à Charlie Hebdo, Simon Fieschi a été transpercé par une balle de kalachnikov qui lui a touché, entre autres, la moelle épinière. Lorsqu’il a repris conscience, après une semaine de coma, il s’est retrouvé enfermé dans son propre corps. Après neuf mois d’hospitalisation, et au prix d’efforts redoutables et sans cesse renouvelés, il a fini par réussir à marcher à nouveau, avec une canne. Il a raconté, dans Charlie Hebdo, sa si difficile reconstruction, dans un texte poignant. Il s’est consacré, ces dernières années, à témoigner dans les établissements scolaires, et à œuvrer pour l’indemnisation des victimes de terrorisme, comme il en témoignait dans l’émission de Fabienne Sintes, le Téléphone sonne, sur France Inter, le 19 septembre dernier. « Simon Fieschi était un homme d’une sensibilité et d’une intelligence exceptionnelles », a écrit sur X le président d’honneur de l’association 13onze15, Georges Salines, rappelant que l’ancien journaliste « était un de ceux qui allaient avec nous dans les écoles parler aux élèves, soutenir les professeurs ».
Au procès des complices des frères Kouachi, en 2020, il avait tenu à témoigner debout. « Cette balle ne m’a pas raté, mais elle ne m’a pas eue », avait-il remarqué. Il réfutait le terme de rescapé : « Ça voudrait dire qu’on a échappé à ce qui s’est passé. Mais aucun de ceux qui étaient là, vivants ou morts, et même ceux qui n’étaient pas là, n’y a échappé. Je suis plus un survivant qu’un rescapé. Conscient de sa chance. De sa responsabilité aussi. ». Il avait encore témoigné, il y a quelques semaines, au procès de Peter Cherif, jugé pour son rôle dans les attentats de janvier 2015.
Les réactions au décès brutal de ce garçon à la fois gentil, doux et plein d’humour se sont multipliées hier sur les réseaux sociaux. L’ancien président de la République François Hollande évoque « des cicatrices que beaucoup ne voient plus mais qui ne se referment jamais », tandis que la dessinatrice Coco a posté un dessin représentant Simon Fieschi. La rédaction de Charlie Hebdo se dit « dévastée » dans un communiqué sur X (ex-twitter) : « Drôle, vif, inlassable défenseur de la liberté, il refusait de laisser gagner ceux qui avaient voulu l’anéantir, affirme le communiqué. Au procès des attentats de 2015, il avait notamment raconté les impacts que les balles de kalachnikov avaient laissés sur son corps, déplorant de ne pouvoir plus faire de doigts d’honneur. Promis Simon, on continuera à les faire pour toi ».