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La Shoah, l'industrialisation implacable du génocide

La Shoah lindustrialisation implacable du génocide

Publié le 23 janv. 2020 à 11h45Mis à jour le 23 janv. 2020 à 13h16

Israël commémore la libération, il y aura exactement 75 ans lundi prochain, d'Auschwitz, le plus grand des camps d'extermination du programme génocidaire nazi, sans équivalent historique par son ampleur et son caractère systématique, industriel. Ce génocide, connu aussi sous le nom de Shoah (en hébreu « catastrophe ») ou d'Holocauste a été lancé en 1941, puis méticuleusement planifié lors de la conférence de Wansee en février 1942 et ne s'est interrompu qu'à cause de la débâcle du Reich à l'hiver 1944-1945.

Grande variation suivant les pays

Il a conduit à l'extermination dans les territoires conquis par les Nazis de 5.8 à 6 millions de Juifs, soit la moitié de la population juive d'Europe à l'époque et 40 % de la population mondiale. Avec de grandes variations suivant le type d'administration nazie, la réaction des autorités des pays occupés, ou l'antisémitisme de leur population : de 80 à 90 % des Juifs polonais, grecs, ou baltes ont été massacrés, ainsi que la majorité des Juifs belges, néerlandais, hongrois, tchèques, roumains ou yougoslaves, mais seulement 1 % en Bulgarie, au Danemark (où tous ont été évacués vers la Suède par diverses opérations clandestines), ou en Finlande. Paradoxalement, la proportion de Juifs allemands exterminés n'a pas dépassé un quart, car la plupart avaient fui avant 1942, et elle n'aurait pas dépassé 17 % dans l'Italie fasciste. La proportion a atteint 22 % dans la France de Pétain (mais 0 % en Corse).

Six camps d'extermination

Les Nazis ont opéré d'abord par fusillades massives des Einsatzgruppen sur le front de l'Est, puis ont raflé les Juifs pour les rassembler dans une trentaine de camps de concentration (Dachau, Buchenwald), consacrés au travail forcé et où les opposants politiques allemands avaient commencé à être parqués dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. Si nombre de Juifs sont morts d'épuisement et de malnutrition dans les camps de travail, la moitié de l'extermination a eu lieu dans six centres spécifiques dotés de chambres à gaz, utilisant notamment le Zyklon B, pour gagner en « efficacité » par rapport aux fusillades. Ces centres étaient tous situés en Pologne, à Chełmno, Bełżec, Sobibor, Treblinka et surtout, Auschwitz - Birkenau, le seul à opérer encore à partir du printemps 1944. Les fours crématoires servaient à faire disparaître les cadavres, dans le cadre d'un programme systématique d'élimination des preuves et des traces d'existences des victimes. Signe d'ailleurs qu'ils craignaient d'être jugés en cas de défaite, les responsables de la Shoah utilisaient dans leurs documents des formules codées pour parler de l'extermination, tels que Solution finale ou Eloignement. Pour duper les déportés, les centres d'extermination étaient dotés d'équipements anodins, y compris une fausse horloge de gare à Auschwitz. Deux révoltes ont toutefois eu lieu à Chelmno et Sobibor. Les seuls survivants se trouvaient à Auschwitz lors de la libération du camp par les Soviétiques.

En sus des Juifs, les Nazis ont exterminé environ 80.000 handicapés mentaux, 600.000 Tziganes, ainsi que des témoins de Jéhovah, des homosexuels et des apatrides.

Un massacre bureaucratisé

Ces massacres ne sont pas les plus importants par leur ampleur (près de trente millions de civils ont été exterminés en Chine durant la révolte des Taiping en 1851-64) ni le premier génocide de l'Histoire, précédé au XXème siècle par celui des Arméniens en 1915 et des Héréros dans la colonie allemande de Namibie en 1904. Mais la Shoah est clairement sans équivalent par son caractère organisé, bureaucratique, avec la volonté non pas de faire fuir ou asservir un peuple, mais de le faire totalement disparaître de la surface de la terre. Elle a donné lieu dès 1945 à l'élaboration du concept juridique de crime contre l'humanité, imprescriptible. Un crime qui a marqué une  rupture dans l'Histoire et dans la vie intellectuelle et morale mondiale, faisant dire à Primo Levi, déporté italien, que « Dieu est mort à Auschwitz ».

Emmanuel Macron a reconnu jeudi lors de son déplacement en Israël qu'on « mesure aux chiffres, aux informations qui sont données, qu'il nous reste encore énormément de travail, même si la Shoah est au programme » de l'enseignement de l'Histoire en France.  Un sondage de Schoen Consulting publié mercredi indiquait qu'un quart des Français âgé de moins de 38 ans affirme n'avoir jamais entendu parler de la Shoah... 

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