« She-Hulk : Avocate » : Que vaut la dernière série Marvel ?
Dans la famille Hulk, Marvel nous présente dès aujourd'hui la cousine, Jennifer Walters. Cette avocate new-yorkaise rêve d'une carrière florissante, mais le destin va en décider autrement. Après un accident de la route en compagnie de son géant vert de cousin, la demoiselle se voit, elle aussi, dotée du pouvoir de se transformer en géante ultra-puissante aux colères monumentales. C'est sur cette trame que commence She-Hulk : Avocate, accessible sur Disney+. Une série plutôt réussie qui a le mérite de faire souffler un vent de fraîcheur sur le MCU.
Qu'on se le dise, Marvel a de la ressource. Et continue de piocher habilement dans son catalogue pour y dénicher des personnages secondaires au fort potentiel. Cette fois, ils ont jeté leur dévolu sur She-Hulk, le pendant féminin du monstre vert, qui fut créée en 1980, en réponse au succès de la série vintage L'Incroyable Hulk lancée en 1977 par CBS. Moins torturée que Black Widow, moins austère que Captain Marvel, plus mature que Miss Marvel et moins barrée que Wanda Maximoff, She-Hulk propose une version plus légère, finalement presque plus contemporaine, des super-héroïnes du MCU.
D'ailleurs, si notre avocate se retrouve un jour la peau verte, c'est par accident et, il faut bien l'avouer, ce superpouvoir ne l'intéresse pas du tout, l'embarrasse même, elle qui rêve de devenir la star des prétoires tout en continuant à chercher l'amour sur Tinder.
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C'est ici l'une des différences majeures de cette nouvelle production estampillée Disney. Dans She-Hulk : Avocate, les super-héros se prennent moins au sérieux et ont mis de côté leurs doutes métaphysiques. Stratégie ingénieuse qui permet ainsi de proposer une série pétillante, qui, en s'éloignant gentiment des poncifs du genre, vient chercher un plus large public. Mieux, les quatre premiers épisodes, que nous avons pu visionner, ne sont pas construits autour des prouesses de la demoiselle mais bien autour des cas judiciaires défendus par son cabinet. Une sorte d'Ally McBeal plus verte et moins (tailleur) anthracite.
Sans se prendre le (quatrième) murL'autre bonne idée de cette série réside dans le choix de donner un ton résolument plus léger à l'ensemble en s'éloignant (un peu) de l'humour Marvel, un tantinet pompier. Et l'on sent bien que les scénaristes ont eu carte (semi) blanche pour laisser libre cours à leur imagination. Outre la flopée de personnages secondaires particulièrement gâtés en matière de comédie, le scénario se permet quelques libertés novatrices au sein du MCU, comme l'emprunt au comics original du concept du quatrième mur, qui permet à l'héroïne de s'adresser directement aux téléspectateurs : clins d'œil, regards complices et bonnes reparties se succèdent avec parcimonie, et sortent parfois du cadre classique, notamment lorsque Jennifer Walters (jouée par l'excellente Tatiana Maslany, découverte dans la série Orphan Black) se permet de souligner l'importance des stars invitées dans « sa série ».
Car non, les fans historiques de Marvel ne sont pas oubliés. Et quelques figures du MCU viennent donner du leur dans la vie de Jennifer. À commencer évidemment par Hulk (Mark Ruffalo) – on pouvait s'en douter –, mais aussi Wong (Benedict Wong vu dans Doctor Strange) ou encore L'Abomination (porté par le formidable Tim Roth). Une façon de rappeler qu'aussi différente soit-elle, notre nouvelle héroïne s'inscrit parfaitement dans la galaxie grandissante de la maison Marvel Studios. Le tout est saupoudré de quelques jolis moments de combat tout en vols planés, mais sans surenchère de muscles saillants, qui viennent pimenter les aventures de notre dame verte de rage.
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En « vert » et contre le machismePour autant, en choisissant de redonner vie à ce personnage, Disney a mis le doigt dans un engrenage complexe. À l'époque de sa création, des ligues féministes avaient pointé du doigt le fait que She-Hulk n'était « que » le pendant féminin d'un surhomme, soulignant d'ailleurs que sa morphologie était volontiers plus sexy que celle de Hulk. Si la production a fait le choix de faire de sa (Miss) Hulk une jolie plante (verte), elle n'en a pas pour autant exacerbé les courbes et les tenues. Mieux, Jennifer Walters exprime elle-même son désaccord sur le fait de devoir porter le nom à peine féminisé de son cousin, diatribe contre le sexisme ambiant à la clé.
Reste les effets spéciaux qui, semble-t-il, ont déçu une poignée de fans. Si les transformations et les combats restent, eux, impeccables, il est vrai que notre Miss Hulk, moins réussie que son cousin, se montre certes un peu raide et manque parfois de finesse dans le mouvement… Le public aurait-il été trop gâté pour se montrer aussi grincheux ? Aurait-il déjà oublié les désastreux effets de Flash, série super-héroïque made in DC Comics ? Peu importe… She-Hulk a bien d'autres ressources. Et on en redemande.