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Violences sexuelles au cinéma : « Il faut continuer » le travail ...

Violences sexuelles au cinéma   Il faut continuer  le travail
L’élue écologiste préside la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences sexuelles dans le monde du spectacle et de l’audiovisuel. Entretien.
Sandrine Rousseau, à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.
EMMANUEL DUNAND / AFP Sandrine Rousseau, à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.

EMMANUEL DUNAND / AFP

Sandrine Rousseau, à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.

POLITIQUE - « Il faut continuer ». Ce mardi 5 novembre, la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau rouvre une commission d’enquête chère à beaucoup : celle sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Lancée en mai 2024 à la demande de l’actrice Judith Godrèche, elle avait été suspendue par la dissolution. Avant d’être relancée à la faveur d’un vote unanime de l’Assemblée nationale début octobre.

Au printemps dernier, le dossier avait été confié à Erwan Balanant, député MoDem du Finistère nommé président de la commission d’enquête, et sa rapporteure Francesca Pasquini, députée écologiste des Hauts-de-Seine. Mais l’élue francilienne a perdu son siège aux législatives de juin et Sandrine Rousseau a donc « repris le flambeau » comme présidente - Erwan Balanant occupe cette fois la place de rapporteur.

La commission d’enquête est prévue pour durer 11 semaines, avec des conclusions attendues autour d’avril 2025. Se traduiront-elle par une proposition de loi ? Ou des amendements pour mieux encadrer certaines pratiques ? Sandrine Rousseau ne se prononce pas, mais dit « espérer » aboutir à un travail transpartisan. Entretien.

Le HuffPost. Où s’étaient arrêtés les travaux de la dernière commission ?

Sandrine Rousseau. La précédente commission d’enquête avait réalisé toutes les auditions d’institutionnels (le CNC, la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia…). Elle avait donc une vision d’ensemble de ce qu’il se passait. Au moment de la dissolution, elle commençait tout juste à aborder les cas les plus concrets, avec des auditions de personnalités.

Ce travail est-il caduc ? Ou pourrez-vous reprendre certaines auditions ?

Nous allons faire un mix. Certaines auditions qui ne touchaient que le cadre institutionnel ne seront pas refaites, car les éléments que nous avons récupérés suffisent. En revanche, il y a d’autres auditions que l’on se permettra de refaire, parce que nous avons besoin de précisions.

Avez-vous déjà une idée des personnalités qui seront entendues ? Judith Godrèche ou Michel Hazanavicius pourront-ils être convoqués à nouveau ?

Nous n’avons pas encore arbitré. Mais oui, elles font partie des personnes que l’on réfléchit à recontacter. Les institutions à propos desquelles nous avons des retours mitigés seront sans doute aussi rappelées.

Ce n’est pas juste une histoire entre deux personnes, ce n’est pas une histoire intime. C’est plus que ça.

Quels sont les objectifs concrets de cette commission ?

Nous ne sommes ni juges ni journalistes. Nous sommes des législateurs et ce que nous voulons, c’est d’avoir les éclairages les plus intéressants pour légiférer et mettre en place une véritable protection des enfants, des femmes mais aussi des hommes qui sont victimes.

Francesca Pasquini avait évoqué plusieurs pistes : l’encadrement du métier de « responsable enfant », la présence de coordinatrice d’intimité pour certaines scènes. Allez vous les reprendre ?

Oui. Plus largement, la question est celle de la responsabilité : qui est en charge de la sécurité des personnes sur un plateau ? Certains disent qu’il s’agit du coordinateur d’intimité, d’autres du producteur, d’autres encore du réalisateur… Cela montre bien que la chaîne de responsabilité sur la façon d’assurer la sécurité doit être clarifiée.

La première commission d’enquête a-t-elle permis de lever un peu plus l’omerta sur les violences dans l’audiovisuel ?

On l’a vu lors de la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le sport : les témoignages permettent de faire bouger les choses parce qu’il ne s’agit pas de débats théoriques mais de débats très concrets, sur ce qu’il s’est passé, pour qui, comment, pourquoi personne n’a réagi. Je pense que c’est aussi valable dans le milieu du spectacle.

Quand on écoute Adèle Haenel, Judith Godrèche, toutes les personnes qui ont parlé, on s’aperçoit que tout s’est passé au vu et au su de tous. Ce n’est pas juste une histoire entre deux personnes, ce n’est pas une histoire intime, c’est plus que ça. Ça s’est passé publiquement. Il faut comprendre comment de telles choses ont pu se produire ? Qu’est-ce qui l’explique ? Et répondre à cette question : comment fait-on en sorte que ce ne soit plus possible ?

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