Salon de l'agriculture: ces cinq dossiers chauds qui attendent ...

Infllation, interdiction des néonicotinoïdes ou encore crise du bio attendent Emmanuel Macron lors de son passage au Salon de l'agriculture.

Le Salon de l'agriculture ouvre ses portes ce samedi à Paris. Entre l'interdiction des néonicotinoïdes, la crise du bio, la grippe aviaire ou le retour de la sécheresse, les dossiers agricoles s'accumulent pour Emmanuel Macron, attendu pour l'inauguration de l'évènement.

• L'interdiction des néonicotinoïdes

Emmanuel Macron ne pourra probablement pas éviter l'épineux sujet des néonicotinoïdes. Se pliant à une décision de justice européenne, la France a été contrainte de renoncer à autoriser par dérogation le traitement des semences de betteraves sucrières à l'aide de néonicotinoïdes, ces insecticides mis en cause dans le déclin massif des colonies d'abeilles. Or, lors de leur interdiction initiale en 2020, la récolte avait lourdement chuté en raison d'une sévère attaque de jaunisse et les pertes n'avaient pas été entièrement couvertes.

Début février, la FNSEA avait orchestré une démonstration de force en faisant défiler plus de 500 tracteurs dans les rues parisiennes pour dénoncer le renoncement du gouvernement sur les néonicotinoïdes. Pour tenter de désamorcer la situation, le ministre de l'Agriculture a d'ores et déjà promis que toutes les pertes des producteurs de betteraves seraient indemnisées si la jaunisse frappe à nouveau en 2023, craignant que certains ne renoncent à les cultiver. Pas certain que cela suffise à calmer le mécontentement des betteraviers.

• La crise du bio

C'est l'une des victimes de l'inflation: l'agriculture biologique peine à sortir de la mauvaise passe actuelle. En pleine crise inflationniste, les consommateurs se détourner des produits bio, souvent considérés (à tort ou à raison) plus coûteux que leurs équivalents traditionnels. Selon le panéliste NielsenIQ, les ventes de produits bio ont reculé de 7,4% dans les grandes surfaces en 2022, une baisse encore plus marquée dans les magasins spécialisés. Un retournement de situation après une dizaine d'années de croissance à deux chiffres.

Agriculteurs et industriels de la filière bio, eux, s'agacent d'une inaction du gouvernement, malgré les appels à l'aide. Les messages d'alerte s'empilent à la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture. Dans un rare mouvement d'humeur sur ce sujet, les syndicats FNSEA et Jeunes agriculteurs, les Chambres d'agriculture et la Coopération agricole ont jugé que la réponse du ministère de l'Agriculture n'était "pas satisfaisante" en l'état actuel des discussions, appelant à une "aide conjoncturelle" aux producteurs pour passer la crise.

• Les négociations commerciales tendues

Les négociations commerciales annuelles, particulièrement tendues, s'achèveront en plein cœur du Salon de l'agriculture. L'Ania, principale organisation de l'industrie agroalimentaire, estimait encore mercredi dernier qu'à peine un industriel sur deux avait signé tous ses contrats avec ses clients distributeurs, un taux inhabituellement bas à cette période. Traditionnellement difficiles, les discussions le sont encore davantage cette année, chahutées par la forte augmentation des coûts de production.

Les lois Egalim sanctuarisent les matières premières agricoles dans les négociations commerciales, mais les agriculteurs ne sont pas épargnés pour autant par les soubresauts. Car les tensions entre industriels et distributeurs rejaillissent sur les agriculteurs, qui ont besoin d'écouler leurs productions et d'augmenter leurs tarifs pour couvrir la hausse des coûts. "Si on n'a plus nos outils pour transformer nos produits, ils n'arriveront plus jusqu'à vos assiettes", assurait encore ce vendredi le président des Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot.

• Le retour de la sécheresse

À peine partie, la sécheresse est déjà de retour. La France pourrait connaître de nombreuses restrictions d'eau dès le mois de mars – des restrictions inédites si tôt dans l'année – après un nouveau record d'une trentaine de jours sans pluie et un hiver très sec. Les nappes phréatiques, déjà épuisées par la sécheresse historique de l'année passée, peine à se recharger. Un sujet tendu: un millier d'agriculteurs manifestait préventivement mardi dernier dans les Landes pour défendre leurs quotas de prélèvement.

Avec une situation appelée à se répéter en raison du réchauffement climatique, la question des retenues d'eau s'impose dans le paysage agricole. Le ministre de l'Agriculture a récemment annoncé la mise en service d'une soixantaine de nouveaux projets d'ouvrages hydrauliques à vocation agricole d'ici le mois de juin, laissant entendre qu'Emmanuel Macron aborderait la question des "moyens budgétaires". Mais ces projets suscitent de vives tensions avec les militants écologistes, qui appellent à repenser le modèle agricole français.

• La grippe aviaire

Pas de poules dans les allées du Salon de l'agriculture, confinées encore une fois à cause de la grippe aviaire qui continue de sévir depuis plus d'un an. Poulets, dindes, canards, poules pondeuses… Pas moins de 25 millions de volailles sont mortes du virus ou ont été abattues en 2022 pour freiner la propagation de l'épizootie. Et, par ailleurs, de nombreux élevages sont restés vides de manière prolongée, en raison des délais sanitaires avant de pouvoir accueillir de nouveaux poussins ou canetons, chahutant la production de viande ou d'œufs.

Malgré l'absence des poules, la grippe aviaire sera inévitable pour Emmanuel Macron. Car les volaillers s'inquiètent notamment de la hausse des importations: les importations de volailles ont grimpé de plus de 10% en 2022, conséquence du repli de l'offre française du fait de la grippe aviaire et de la concurrence des viandes à bas prix, alertait encore récemment l'interprofession française (Anvol), soulignant que la moitié du poulet consommé en France était aujourd'hui importée, contre un quart en 2000.