Retraites, inflation, écologie… Au Salon de l'agriculture, Emmanuel ...
Qu’on se le dise, Emmanuel Macron ne dévie pas. Venu inaugurer la 59e édition du Salon international de l’agriculture, samedi 25 février, porte de Versailles à Paris, le président de la République a martelé tout au long de ses treize heures de déambulation qu’il ne céderait rien. Pas question qu’il renonce à réformer les pays, à commencer par le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
De sa contestée réforme à la souveraineté alimentaire, en passant par la sobriété qu’exige la « fin de l’abondance », le chef de l’Etat s’est efforcé de convaincre lui-même, dans le décor exaltant le terroir de la plus grande ferme de France.
Pour ce second déplacement au contact des Français depuis des mois – après celui de Rungis (Val-de-Marne), mardi aux aurores –, tout avait été pensé pour étouffer l’imprévu. D’épais cordons de sécurité de policiers maintenaient d’abord la foule à distance. Un embryon de manifestation et ses pancartes de bric et de broc (« métro boulot caveau », « j’ai 58 ans et je suis déjà cassé ») a été rapidement évacué. Des badauds patientant plus d’une heure, dans l’espoir de livrer leurs inquiétudes sur la retraite, sont repartis bredouille – dont Santine, 71 ans, ancienne gardienne d’immeuble, qui touche une pension de 850 euros après sa carrière hachée par une tendinite.
« C’est une journée qui doit être consacrée au monde agricole, a rappelé le chef de l’Etat devant les caméras. Il y a des expressions, il faut qu’elles soient respectueuses. »
« Ceux qui doivent faire un effort, c’est les distributeurs »Après avoir caressé Ovalie, la vache salers égérie de cette édition, le président de la République a délivré ses nombreux messages au nom de la « souveraineté alimentaire ». « Une alimentation de qualité, elle a un prix », a-t-il asséné pour défendre les agriculteurs, soumis à l’envolée des coûts de production sur fond de guerre en Ukraine. Que l’inflation des produits alimentaire atteigne 12 % n’y change rien.
« On s’est installé dans un discours général qui est que l’alimentation doit coûter de moins en moins cher », a déploré le chef de l’Etat, en adressant un appel à la grande distribution. « Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c’est les distributeurs »,a-t-il insisté, jugeant que la plupart d’entre eux ne jouent pas le jeu.
Emmanuel Macron s’est affiché droit dans ses bottes sur l’accord du Mercosur. « Moi j’ai tenu une position de fermeté et je vais continuer à la tenir », a-t-il prévenu, en précisant qu’un accord avec les pays d’Amérique latine ne sera possible que s’ils respectent les contraintes environnementales et sanitaires que l’Europe impose à ses producteurs. « C’est ça la loyauté », a-t-il ajouté. En regrettant, toutefois, que « 70 % de la viande servie dans les restaurants n’est pas française » et « ça, c’est pas le Mercosur ». « On n’a pas besoin d’être parano, on a besoin de s’organiser », a-t-il conclu, en plaçant la balle dans le camp des filières.
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