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Crise agricole: semaine cruciale pour le gouvernement, avant le ...

Crise agricole semaine cruciale pour le gouvernement avant le
Les syndicats agricoles maintiennent la pression sur l'exécutif avant le Salon international de l'agriculture, qui s'ouvre le 24 février. Ils attendent une concrétisation des promesses du gouvernement, sous peine d'un mauvais accueil du président de l

En recevant de nouveau à Matignon les principaux syndicats agricoles le 13 février, dix jours après la levée des blocages des agriculteurs, le Premier ministre a finalement réussi à calmer provisoirement leur colère. Mais « que personne ne pense que parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées », a insisté, lors d'une conférence de presse organisée tout de suite après cette rencontre, le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Arnaud Rousseau. Jusqu'au Salon de l'Agriculture, prévu du 24 février au 3 mars, la pression sur le gouvernement sera maintenue, a-t-il promis, avant d'en remettre une couche le 19 février, lorsqu'il a mis en garde sur Europe 1:

« On va arriver dans le temps où on va attendre la décision politique ».

C'est en effet avant ou lors de l'ouverture de cet important rendez-vous annuel, très médiatisé et où les politiques se pressent, que la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) exigent une concrétisation des promesses formulées par Gabriel Attal le 1er février, pour un budget de plus de 400 millions d'euros. Sous peine d'un mauvais accueil du président de la République et des ministres dans les allées du salon, voire d'un retour des tracteurs dans les rues : deux scénarios qui inquiètent sérieusement l'exécutif.

Lors de l'inauguration du Salon de l'agriculture le 24 février, Emmanuel Macron devra donc annoncer « ce qu'est sa vision de l'agriculture des prochaines années et ce qu'on fait tout de suite », a avancé Arnaud Rousseau sur Europe 1. Car si les annonces déçoivent, « les agriculteurs feront le constat qu'on se moque d'eux et j'imagine que les actions reprendront », a-t-il prévenu.

L'accent sur tout ce qui a été fait

Toute la semaine dernière, le gouvernement s'est donc affairé pour mettre en avant ce qui a déjà été fait. Le 15 février, Gabriel Attal a profité de la visite d'un élevage bovin dans la Marne pour faire le point. Il s'est notamment félicité des avancées sur le chantier de la simplification, au niveau national comme local, grâce à l'organisation des réunions promises entre les préfets et les agriculteurs, qui ont fait émerger presqu'un millier de propositions. Il a aussi listé les aides d'urgence mises dernièrement à disposition des agriculteurs et des éleveurs par le gouvernement: pour la maladie hémorragique épizootique, les inondations dans le Nord, les régions touchées par les tempêtes Ciaran et Domingos, la filière bio et la viticulture. Au niveau européen, il a également rappelé l'extension de la dérogation aux règles concernant les jachères obtenue par la France.

Le 13 février, la nouvelle ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, se livrait à un exercice semblable devant l'Assemblée nationale. Alors que le ministre titulaire, Marc Fesnau, disait le 14 février sur RMC « comprendre la vigilance des syndicats ».

« Une crise qui vient de loin  »

Mais la persistance de blocages administratifs ralentit la marche de la simplification, regrette auprès de La Tribune Yannick Fialip, vice-président de la FNSEA. Et certains dossiers, complexes, demandent un lourd travail technique. Ainsi, l'harmonisation des 14 réglementations sur les haies pointées du doigt par la FNSEA exige l'articulation de « réglementations sur l'urbanisme, l'environnement et la politique agricole commune », a expliqué un conseiller de Marc Fesneau à l'AFP.

« C'est une crise qui vient de loin, dont on prend la part qui est la nôtre, mais quand vous avez 25 ans de procédures, de sédimentation, de sur-administration, de sur-transposition, quand vous détricotez tout ça et que vous ouvrez le capot, évidemment tout sort », a justifié Marc Fesneau auprès de RMC.

D'autres dossiers demandent des arbitrages plus ou moins sensibles. C'est le cas du remaniement du projet de loi agricole, en préparation depuis plusieurs mois mais qui, réduit en décembre au seul sujet de l'installation de nouveaux agriculteurs et de la transmission des fermes, doit désormais intégrer aussi des dispositions sur la simplification des normes et la souveraineté alimentaire. Ce qui implique de nouvelles consultations des syndicats agricoles et des parlementaires,  de nouvelles rédactions et une inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale et du Sénat. Marc Fesneau a promis que le projet de loi sera soumis au Conseil d'Etat avant la fin du mois de février et sera voté par le Parlement avant juin.

Lire: La souveraineté alimentaire, une notion politique dont la définition fait débat

Ecophyto et Egalim, des enjeux cruciaux

Sur le plan Ecophyto, qui vise une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017), et dont le gouvernement a promis une « mise à l'arrêt » temporaire pour chercher un nouvel indicateur, une solution satisfaisant tant les agriculteurs que les défenseurs de l'environnement est en outre loin d'avoir été trouvée. Le 12 février, huit ONG ont quitté une réunion du Comité d'orientation stratégique et de suivi en dénonçant un retour en arrière inacceptable, et la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a aussi  indiqué à l'AFP qu'elle « refuse de participer à la consultation ». Alors que la FNSEA et les JA sont peu disposés à lâcher sur ce point, un arbitrage sera rendu avant le salon, a promis le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

Lire: Pesticides : la controverse sur le bon indicateur au cœur de la révision du plan Ecophyto

Les agriculteurs attendent en outre de pied ferme des résultats sur le renforcement des lois Egalim, qui visent à protéger leurs revenus, promis par le gouvernement. Le ministre de l'Economie a affirmé que quelque 124 contrats signés entre les industriels et les distributeurs lors du dernier round de négociations, qui s'est achevé le 31 janvier, ont été identifiés comme faisant l'objet d'irrégularités par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui a donc prononcé des injonctions. Bruno Le Maire a également annoncé le 1er février « 10.000 contrôles sur l'origine française des produits ». Une nouvelle réunion du comité des négociations commerciales est prévue mardi matin au ministère de l'Agriculture.

Arnaud Rousseau a par ailleurs rappelé que les agriculteurs n'ont « pas encore vu une ligne » du « grand plan » annoncé pour l'élevage, au-delà de quelques mesures sur la fiscalité. Au niveau européen, davantage d'engagements pour éviter une « concurrence déloyale » sont attendus.

Macron et Attal en première ligne cette semaine

Un rendez-vous capital est prévu avec le président de la République qui, après avoir reçu le 14 février la Coordination rurale (2e syndicat agricole) et la Confédération paysanne, recevra le 20 février -comme avant chaque Salon de l'agriculture- les patrons de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. Arnaud Rousseau lui expliquera « la nécessité » de ne « pas prendre de demi-mesures », a-t-il déclaré le 19 février.

« Il faut y aller à fond, il faut y aller profondément, il faut y aller dans la durée parce que l'attente est tellement forte que si la réponse n'était pas au rendez-vous, derrière, on ouvre une période d'incertitude majeure qui serait finalement contreproductive pour le gouvernement », compte lui expliquer le président de la FNSEA.

Le lendemain, le Premier ministre tiendra à Matignon une nouvelle conférence de presse consacrée au suivi et à l'exécution des mesures annoncées.

« Je n'ai pas l'impression que le travail va s'arrêter après le salon », a par ailleurs assuré Marc Fesneau le 18 février sur France Inter.

Entretemps, la base reste en ferment, avec diverses manifestations spontanées. Tout en saluant « l'écoute » d'Emmanuel Macron, la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont aussi choisi de poursuivre la mobilisation sur le terrain jusqu'au salon.

Giulietta Gamberini
19 Févr 2024, 14:02

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