Salah Abdeslam, transféré depuis la Belgique, a été incarcéré dans ...

Salah Abdeslam a été extrait de la cellule qu’il occupait à la prison de Haren, au nord-est de Bruxelles, pour être remis, mercredi 7 février, aux autorités françaises. Le seul survivant des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, transféré en Belgique en 2022 pour comparaître au procès des attentats commis à l’aéroport de Zaventem et dans le métro de Bruxelles en mars 2016, espérait y purger sa peine et refusait de rentrer en France.

Afin d’assurer la présence du terroriste à ce procès, les autorités belges avaient adressé à Paris un mandat d’arrêt européen. Le 13 juillet 2022, le Français avait été remis à la Belgique pour la durée de ce procès. Condamné, en juillet 2023, à vingt ans de réclusion pour sa participation à ces attentats, qui ont causé la mort de trente-cinq personnes, il a ensuite demandé à exécuter dans une prison belge la peine que lui a infligée la cour d’assises de Paris en juin 2022, soit la réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible.

Saisie en urgence, la cour d’appel de Bruxelles publiait, le 3 octobre 2023, une ordonnance qui lui était favorable, interdisant « temporairement » son extradition. Ses avocats avaient fait valoir que la perpétuité incompressible prononcée à Paris était un traitement inhumain et dégradant. Ils plaidaient aussi que sa détention en France l’aurait privé de tout contact avec ses proches, qui vivent en Belgique. Un tribunal de première instance devait se prononcer sur le fond ultérieurement, pas avant plusieurs mois sans doute.

« Retour légalement irrévocable »

Selon le parquet fédéral belge, il était impossible d’attendre ce jugement sans courir le risque d’une éventuelle libération du Français : l’accord entre le procureur général de la cour d’appel de Paris et le procureur fédéral belge avait été prolongé, mais il courait jusqu’au 27 mars seulement. Au-delà, il n’y aurait plus eu de base légale permettant d’assurer la poursuite de l’emprisonnement. « Le retour de Salah Abdeslam vers la France, à l’issue de la procédure pénale, était donc légalement irrévocable »,précisait le communiqué, publié mercredi matin à Bruxelles.

Le terroriste « vient d’être incarcéré dans une prison de la région parisienne » après son transfert, a affirmé le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti. « Conformément à la décision de la justice française et au souhait des associations de victimes, il y purgera sa peine de perpétuité incompressible », a ajouté le ministre, sur le réseau social X.

Me Delphine Paci, l’une des avocates de Salah Abdeslam, s’est dite « choquée » par la décision des autorités belges. « Des Etats s’organisent pour violer des décisions de justice qui leur sont imposables », a-t-elle dénoncé. A l’issue du procès de Bruxelles, elle avait déclaré que son client était « récupérable et amendable. Ce n’est pas un psychopathe, mais une personnalité banale ». « Je ne vois pas comment un tribunal pourrait décider autre chose [que son maintien en Belgique] », estimait Me Michel Bouchat, l’autre défenseur de Salah Abdeslam.

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