A Saint-Denis, des agents municipaux fustigent la « méthode Hanotin »
L’affaire pourrait presque se résumer en quatre mots : « Hanotin fait du Macron. » C’est du moins ce que reprochent certains syndicats, agents territoriaux et élus d’opposition au nouveau maire socialiste de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Mathieu Hanotin. C’est ainsi qu’ils expliquent les violences qui ont éclaté lors du dernier conseil municipal, jeudi 8 octobre, au terme duquel un adjoint au maire a été légèrement blessé à la tête.
Ce soir-là, alors qu’une intersyndicale CGT-UNSA-SUD-FSU avait appelé à se rassembler devant la mairie, une poignée de personnes « particulièrement remontées », raconte Serge Ritmanic, secrétaire général de la CGT des agents territoriaux de Saint-Denis, ont décidé de faire intrusion au sein de l’hémicycle, suivies par une cinquantaine de manifestants. « Nous avons été un peu débordés par notre base », concède M. Ritmanic, qui est « entré » lui aussi. « Ils ont cassé quatre portes », raconte le maire, avant d’invectiver les élus de la majorité et de provoquer une bousculade au cours de laquelle « plusieurs personnes ont reçu des coups », s’indigne l’édile, qui est arrivé dans la salle une fois le calme revenu.
« Mettre au carré les acquis »Des événements vivement condamnés par le président (Parti socialiste) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, ainsi que par l’ancien maire communiste (PCF) de la ville, Laurent Russier, battu par Mathieu Hanotin aux dernières élections municipales, malgré son soutien aux revendications des manifestants. « Vu ses méthodes, M. Hanotin se veut le meilleur élève de Macron », estime-t-il. Comprenez, « il veut passer ses réformes en force, sans consulter les partenaires sociaux, en se passant du dialogue social », dénonce Serge Ritmanic, qui refuse de condamner des violences qu’il dément. « Aucun coup n’a été porté, affirme-t-il. Il y a juste eu une bousculade et des mots. »
Au cœur de la discorde, la volonté de l’ancien codirecteur de campagne de Benoît Hamon lors de l’élection présidentielle de 2017 de « mettre au carré », et au pas de course – avant le 31 décembre –, les conditions de travail des fonctionnaires de la ville, soit 3 500 personnes, qu’on appelle « les acquis ». Nombre d’heures travaillées, nombre de jours de congés, salaires, primes… « Je ne fais pas du Macron, je ne suis qu’un républicain qui défend le respect des règles, or, à Saint-Denis, on ne respecte pas la loi des 35 heures », déclare M. Hanotin.
Il vous reste 49.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.