Doliprane en rupture de stock : à Agen, Upsa se frotte les mains...
l'essentiel Fabriqués à Agen, les produits Efferalgan et Dafalgan ne sont pas en rupture de stock dans les pharmacies, à l'inverse du Doliprane. La localisation de la production mais aussi l'absence de dépendance à la Chine sur les principes actifs expliquent cette situation favorable.
Le Doliprane (médicament à base de paracétamol le plus vendu sur le marché français) est en rupture chez les pharmaciens. Cette pénurie est reconnue par le fabriquant Sanofi, qui met en avant "une augmentation inédite de la demande". En cause : la grippe de saison, les traditionnels coups de froid du printemps, mais aussi le Covid-19 (dont le traitement des symptômes est à base de paracétamol).
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Faute de Doliprane, les consommateurs et patients des médecins peuvent toutefois se reporter sur le Dafalgan et l'Efferalgan, deux autres formes de paracétamol de la marque Upsa. Ces produits, fabriqués à Agen, vont évidemment profiter de l'aubaine pour grignoter des parts de marché.
"Pas que le Doliprane dans la vie""Mis à part quelques références qui sont contingentées, par exemple le Dafalgan gélule 1gr et l'Efferalgan Odis 500mg, nous ne connaissons aucune rupture de stock, explique la direction d'Upsa. Nous suivons de très près la situation dans les pharmacies, car la pénurie chez notre concurrent va avoir un effet mécanique sur nos ventes. Le paracétamol est une molécule essentielle, mais il n'y a pas que Doliprane dans la vie : il y a aussi et surtout Efferalgan et Dafalgan, qui sont des produits français."
Ce "made in France" est un avantage selon Upsa, qui ne manque pas de souligner "la pertinence de notre stratégie centrée sur des capacités industrielles fortes à Agen et garantes d’une agilité permettant d’assurer aux patients et aux professionnels de santé une continuité d'accès à nos médicaments à base de paracétamol". L'absence de rupture de stock chez Upsa est aussi et surtout liée à la stratégie d'approvisionnement. Sanofi est en effet dépendant de la Chine pour se fournir en principes actifs, alors qu'Upsa s'approvisionne majoritairement aux Etats-Unis (à 85 %, contre 15 % en Chine). Une stratégie gagnante, impulsée il y a cinq ans, et visant justement "à limiter les risques de ruptures et de pénuries et à sécuriser l’accès aux médicaments pour répondre aux besoins de tous les patients".
Vives tensions sur l'aluminium" Fabriquer en France, c'est dans notre ADN, ajoute la direction d'Upsa. Nous avons diversifié notre sourcing pour éviter la dépendance, mais aussi pour des questions de coût, comme de Responsabilité sociale et environnement (RSE). Et nous voulons aller encore plus loin, et atteindre l'approvisionnement 100 % français, d'où notre partenariat avec Seqens, qui nous fournira depuis son site de Rhône-Alpes du paracétamol à l'horizon 2024."
Upsa voit donc ses choix stratégiques confortés. Pour autant, la vigilance est de mise car d'autres tensions existent, notamment sur les matériaux de conditionnement : leurs coûts augmentent, et par conséquent les coûts de production des boîtes de médicaments. L'enchérissement des "matières premières" s'est fait ressentir au second semestre 2021, lors de la reprise mondiale, mais la crise ukrainienne aggrave la situation. La Russie produit en effet 80 % de l'alumine nécessaire à la production d'aluminium, filière industrielle également sous tension en raison du prix du gaz. Un aluminium indispensable pour la fabrication des tablettes de comprimés. " Cela nous force à être agiles, soulignent les responsables d'Upsa. Nous travaillons avec Bercy pour trouver des solutions. Mais nos coûts s'envolent, alors que l'on ne peut pas répercuter cette augmentation sur nos produits, dont les prix sont bloqués."
Vigilance et agilité sur les achats sont donc de mise, mais malgré ces tensions les livraisons se poursuivent normalement en direction des pharmaciens, grossistes et hôpitaux. Les usines d'Agen et du Passage-d'Agen sont au rendez-vous : chaque année elles produisent quelque 300 millions de boîtes, dont 270 millions estampillées Dafalgan ou Efferalgan. De quoi être largement à l’abri des migraines.