Quatorzaine imposée par le Royaume-Uni : voyageurs pris au dépourvu et professionnels du tourisme agacés
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L'annonce est tombée jeudi soir : les voyageurs en provenance de France et qui se rendent au Royaume-Uni seront soumis à une quarantaine de deux semaines, à compter de ce samedi 15 août à 5h du matin, heure française. Cela concernerait 160.000 personnes, selon le gouvernement britannique. Le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a rapidement réagi en promettant "une mesure de réciprocité".
Une décision qui intervient alors que les indicateurs de suivi de l'épidémie de coronavirus en France "continuent de se dégrader" selon la Direction générale de la Santé. Mais elle oblige les touristes anglais en vacances en France à s'organiser très rapidement. Les professionnels du tourisme font eux grise mine.
Les trains en direction de Londres sont bondésCe vendredi, les voyageurs se sont pressés à l'embarquement de l'Eurostar, gare du Nord, direction Londres. L'annonce, tombée en pleine nuit, a pris tout le monde de court. "Je m'y attendais, mais là, c'est très soudain. C'est venu d'un coup, en moins de 48 heures", s''est agacé auprès de l'AFP William, jeune Britannique venu voir ses parents en France.
A la gare internationale de Saint Pancras de Londres, peu de personnes ont fait la queue pour aller à Paris. Dans l'autre sens en revanche, des flots de voyageurs sortaient des trains en provenance de Paris.
Idem chez Eurostar, dont les huit trains Paris-Londres se sont remplis dans la journée, au prix minimum de 241 euros l'aller simple dans la matinée (entre 25% et 182% de plus par rapport aux jours suivants) #AFPpic.twitter.com/F9PE1Huorq
— Agence France-Presse (@afpfr) August 14, 2020
Dès l'annonce du gouvernement britannique, Air France a également observé une hausse des réservations vers le Royaume-Uni. Ce vendredi, ses trois vols vers Londres-Heathrow étaient complets et ceux à destination de Birmingham, Edimbourg, Manchester et Newcastle quasiment pleins.
Le tunnel sous la manche lui est saturé. Dès l’annonce de la quarantaine, Eurotunnel avait prévenu ses clients que sans réservation, impossible d‘embarquer sa voiture. Au rythme de quatre navettes par heure, ce sont 12.000 voitures qui seront transportées d‘ici samedi matin. Et c’est désormais complet jusqu’à l’heure fatidique.
Des annulations en pagailleLes professionnels du tourisme eux sont dépités par cette mesure mise en place par la Grande-Bretagne. A Chamonix en Haute-Savoie, les annulations de séjours prévus prochainement s'enchaînent. "Dès l'annonce, on a eu cinq annulations de réservations et ça va se poursuivre", a détaillé Bérengère Egron, chef de réception à l'hôtel Alpina de Chamonix.
En Ardèche, la gérante du camping parle d'une annonce catastrophique : "On nous assassine. C'est vrai que le mot est fort mais on nous met dans des décisions qu'on doit gérer très rapidement et économiquement, on doit faire face. On se sent les otages d'une politique économique - sous couvert d'une politique sanitaire - mais les décisions sont prises et à nous gestionnaires d'assumer". Véronique Chevalier a déjà du faire face à 25 annulations.
En Charente-Maritime, où des milliers de touristes viennent en visite chaque été, la décision a du mal à passer. "On parle de deuxième vague du Covid, mais on est vigilant en France, toutes les mesures sont prises par le gouvernement et localement. A La Rochelle ou dans les villes de bord de mer, tout le monde porte le masque !", s'agace Stéphane Villain, le président de Charentes Tourisme.
Une décision "absolument ahurissante" pour Hervé MorinLa décision du Royaume-Uni est "absolument ahurissante" selon Hervé Morin, le président de la région Normandie, invité de franceinfo ce vendredi. D'après lui, "les compagnies maritimes seront dans une situation absolument dramatique" : "Globalement, pour la Normandie, on a deux millions de passagers qui prennent le bateau sur l'un des ports normands. On est déjà aujourd’hui sur une baisse d'activité de 60% à 70%".
"Cette année, on avait déjà un peu de tourisme britannique, mais très clairement, ce tourisme britannique va purement et simplement disparaître", a regretté le président de la région Normandie.
La compagnie aérienne British Airways a également réagi : "Cela ne manquera pas d'avoir un impact sur le secteur aérien, déjà perturbé". "La saison, déjà très mauvaise, va être encore pire", a estimé pour sa part le directeur général de la compagnie, Christophe Mathieu.