Rosario Murcia-Gangloff, 4e du marathon paralympique : « Il n'y a ...
Ses jambes n'arrivaient plus à la porter, il ne fallait pas dix mètres de plus, mais Rosario Murcia-Gangloff a réussi son incroyable pari. Atteinte d'un glaucome (maladie dégénérative du nerf optique qui entraîne une perte progressive de la vision), la Française de 59 ans a terminé le marathon des Jeux Paralympiques de Paris 2024, trente-deux ans après sa participation aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 sur 10 000 m.
Alors qu'elle avait franchi la ligne d'arrivée en sixième position (3h13''50), loin de la médaillée d'or marocaine Fatima Ezzahra El Idrissi, qui a explosé le record de monde de la catégorie T12 (2h48''36), la doyenne du clan bleu a finalement échoué au pied du podium, bénéficiant de la disqualification de deux concurrentes.
« Quand on se lance dans un projet, il n'y a pas de sacrifice. Je n'avais pas le droit d'abandonner. Je suis fière d'être Française, d'avoir ma famille et mes enfants derrière moi. »
Rosario Murcia-Gangloff
« Je suis libérée, c'était une pression pas possible, soufflait-elle, exténuée à l'arrivée. C'était un marathon très difficile, mais je ne vais pas dire "malgré mon âge". Il n'y a pas d'âge, je suis toujours une jeune fille, j'ai mon poids de forme de mes 20 ans ! Quand on se lance dans un projet, il n'y a pas de sacrifice. Je n'avais pas le droit d'abandonner. Je suis fière d'être française, d'avoir ma famille et mes enfants derrière moi. J'ai un garçon qui ne parle pas beaucoup, mais hier il m'a envoyé un pavé par texto, c'est tout juste si je n'avais pas envie de pleurer. Je suis fière de mes enfants et ils sont fiers de moi. Mes trois enfants sont mes trois médailles et ce projet de deux ans était un pari. »
Le calvaire des pavés des Champs-Élysées
D'abord guidée par son mari Gilles Gangloff (60 ans) sur la première partie du parcours, elle a ensuite terminé avec Mathieu Leroux (33 ans), qu'elle a entraîné quand il était plus jeune. « C'est un juste retour des choses d'être là pour elle, assurait-il avec émotion. Mon premier 10 km sur route, c'était grâce à elle quand j'étais cadet. C'était incroyable de vivre tout ça aujourd'hui. Comme elle ne voit aucun relief, je savais que la fin du parcours dans Paris allait être très dure, elle a trébuché plusieurs fois, musculairement ça commençait à charger. Pour elle, les Champs-Élysées c'est l'horreur, des trous partout à cause des pavés. Dans le bas de la montée des Champs-Élysées, elle m'a demandé si c'était encore long, j'ai essayé de mentir sur la distance en disant "oui oui, on arrive bientôt en haut !" » Malgré deux chutes dans les derniers kilomètres, Murcia-Gangloff a bien réussi à aller en haut, presque tout en haut.