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Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak, couple étoilé pour concert Met Stars Live - Actualités -...

Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak couple étoilé pour concert Met Stars Live  Actualités
L'actualité de l'opéra : Le couple lyrique à la scène comme à la ville, fait d'un village perché une scène d'opéra enflammée : la soprano polonaise et le ténor franco-italien chantent en...

Le couple lyrique à la scène comme à la ville, fait d'un village perché une scène d'opéra enflammée : la soprano polonaise et le ténor franco-italien chantent en surplomb du soleil couchant sur la Méditerranée pour le troisième récital en direct organisé par le Metropolitan Opera House de New York durant sa fermeture.

Jonas Kaufmann avait inauguré cette série de récitals dans un lieu spirituel, Renée Fleming avait ensuite chanté dans un lieu historique et c'est un univers non moins exceptionnel qu'ont choisi Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak pour ce troisième rendez-vous : le Château de la Chèvre d’Or dans les hauteurs du village médiéval d’Èze perché sur la Côte d’Azur. Cet événement en direct a même été très légèrement décalé (d'une demi-heure) afin que la vue panoramique permette d'admirer le coucher de soleil.

Logiquement le concert se construit sur les duos, de longs et grands duos lyriques qui exigent de leurs interprètes une impressionnante intensité et endurance. Le concert étant en plein air, le ténor et la soprano ont des micros-casques "pour capturer mais pas pour amplifier le son" explique le Directeur du Met Peter Gelb en introduction, même si la diffusion sonore rend un léger écho et une profondeur accrue aux voix afin qu'elles donnent l'impression de retentir sur les criques plutôt que de s'envoler au vent marin.

Bien entendu, les deux artistes offrent à nouveau le duo de L'Élixir d'amour. Si le "Va pensiero" (dans Nabucco de Verdi) est devenu l'hymne choral du confinement, le "Caro elisir" par Alagna & Kurzak n'est pas moins emblématique de la musique continuant de résonner durant cette tragique période. Le couple s'est d'ailleurs rencontré à l'occasion d'un Élixir d'amour sur les planches du Royal Opera House de Londres en 2012. D'autant que la légèreté et l'insouciance de ce duo et de cet opus cache une grande exigence expressive et vocale, à l'image de notre temps de crise qui a besoin de réconfort, qui cherche son élixir (une mise en scène a d'ailleurs récemment beaucoup fait parler d'elle en donnant au docteur-charlatan de cet opéra les traits du Professeur Raoult). 

Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak ont chanté ce duo enivrant depuis chez eux pour le Premier Gala mondial en streaming organisé par le Met en direct le 25 avril dernier avec une ribambelle de stars chantant un air chacun son tour depuis chez soi, puis ils l'ont entonné dans une version champagne aux Chorégies d'Orange vides :

 

   Retrouvez également notre compte-rendu de L'Élixir d'amour avec Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak mis en scène par Laurent Pelly à l'Opéra de Paris

Le couple joue pleinement le jeu, non seulement vocal mais aussi théâtral, multipliant les regards complices à la caméra comme entre eux, ainsi que les facéties (Alagna joue de la guitare avec sa bouteille de vin, fait de la corde à sauter invisible, agite ses guibolles de dos tel Elvis Presley, interrompt la partie écrite par Donizetti le temps d'entonner "It's now or never", avant qu'Aleksandra Kurzak n'imite le bouchon de bouteille sautant par un glissando aigu marquant). Le programme s'était d'ailleurs ouvert sur un duo, "Vogliatemi bene". L'amour dans Madame Butterfly de Puccini est ici aussi intense que celui d'Otello (Verdi), aussi fougueux pour Cavalleria Rusticana de Mascagni, aussi tendre et doux que dans le duo annoncé “Lippen schweigen” (The Merry Widow) de Lehár. Sauf que ce duo n'est ni chanté en allemand ni en anglais. Il est encore de coutume de chanter cette œuvre en français (la traduction "La Veuve joyeuse" est populaire, comme ce duo "Heure exquise"). Le ténor français chante donc sa partie en français, et sa compagne lui répond, en polonais !

Entre ces duos, les artistes proposent des airs solistes. Roberto Alagna chante ainsi "Ah ! lève-toi, soleil!" tandis que le soleil commence à se coucher sur cet impressionnant décor naturel. Le vibrato extrêmement ample renforce la clarté des paroles mais pas de la ligne vocale. L'appui est toutefois présent, sauf dans les aigus écourtés parce que serrés avec des harmoniques tendues (peut-être la conséquence de la chaleur locale, même à cette heure, sur la Côte d'Azur : le ténor en témoigne, tout en invitant le public à boire de fait un bon verre pour savourer la soirée).

Les ports de voix qui font aussi la signature vocale du ténor glissent, mais la voix se ressaisit après avoir goûté un peu d'élixir d'amour (il secoue la bouteille comme aux Chorégies d'Orange mais sans faire exploser de champagne puisqu'il s'agit ici d'eau : pratique pour hydrater un peu les cordes vocales). Les aigus ne sont alors plus appuyés mais sautillants ou décrochés comme le ténor en a l'expressive habitude. Le medium reste toutefois un peu tendu et la voix peu agile dans ses passages vocalisants (au point qu'il marque volontairement les différents paliers vocaux). Finalement, prenant un peu de temps et après quelques toux très discrètes, il adoucit davantage ses phrases tout en gardant ses appuis pour une émotion d'intensité et d'expiration (de fougue même dans Cavalleria Rusticana). 

Aleksandra Kurzak semble pour sa part au sommet de sa forme et de ses talents (à l'image de ce panorama aux sommets). La voix est agile et colorée comme les petits papillons bleu-azur cousus sur sa robe à roses : un mariage de douceur et d'épines entièrement traduit dans sa voix par "Una voce poco fa" (d'autant que sa Rosine rappelle combien, de douce amoureuse obéissante elle peut devenir vipère si trompée). Le reste du programme offre à Kurzak des rôles cohérents dans l'expression, qu'elle réunit dans l'intensité et la prière. Santuzza et Desdemona imposent les femmes victimes avec un lyrisme qui serait débordant s'il n'était aussi maîtrisé. D'autant que la soprano peut descendre dans les graves des partitions avec autant de souffle que nécessaire. L'Ave Maria (pleinement de circonstance au lendemain du 15 août et montrant, comme récemment à Bastille, l'évolution et la maîtrise de sa voix à travers toute la tessiture) se conclut par un -émouvant entre tous- signe de croix au soleil couchant.

Mais les récitals permettent aussi de réécrire l'histoire, et l'Ave Maria (situé au dernier acte d'Otello et menant vers le drame) mène ici au duo amoureux du premier acte “Già nella notte densa”. La nuit se couche en effet, elle tombe sur l'Heure exquise, puis dans la joie et l'énergie (pleinement vocales), de Mexico à Naples avec “Cielito lindo” de Quirino Mendoza y Cortés et “Funiculì, Funiculà” de Luigi Denza où le ténor manie du tambour et la soprano des cuillères percussives !

Le couple de solistes se montrant d'emblée lyrique, leurs accompagnateurs sont d'emblée et constamment intenses et attentifs. Le Vienna Morphing Quintet (quintette à cordes avec contrebasse), très clairement marqué d'accents et de phrasés, est constamment très attentif à suivre toutes les intentions lyriques des chanteurs, toutes leurs attentions l'un pour l'autre. Au point que le premier violon se trompe dans quelques traits, tandis que violoncelle et contrebasse exagèrent quelque peu le côté dramatique de certaines marches lyriques. Leur son aussi est un peu approfondi (par la captation) dans les basses, mais il n’empêche nullement d'apprécier la précision des pizzicati délicats. Profondeur des textures et précision des couleurs que le public aura passé toute la soirée à apprécier, même devant son écran, dans les changements lumineux des voix solistes et du soleil couchant en arrière-plan.

Calendrier complet des prochaines retransmissions de cette série Met Stars Live (concerts payants au prix de 20$) :

29 août : Lise Davidsen, en direct depuis Oscarshall Palace à Oslo, Norvège12 septembre : Joyce DiDonato, en direct depuis le Fundació Hospital de la Santa Creu i Sant Pau à Barcelone, Espagne26 septembre : Sondra Radvanovsky et Piotr Beczała, en direct depuis Barcelone, Espagne*10 octobre : Anna Netrebko, en direct depuis le Palais Liechtenstein à Vienne, Autriche24 octobre : Diana Damrau et Joseph Calleja, en direct depuis le Château de l’île de Malte7 novembre : Pretty Yende et Javier Camarena, en direct depuis Zurich, Suisse*21 novembre : Sonya Yoncheva, en direct depuis Berlin, Allemagne*12 décembre : Bryn Terfel, en direct depuis le Pays de Galles*19 décembre : Angel Blue en direct depuis New York City**Lieux précis à confirmer ultérieurement

 

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