Robert Badinter : "Impressionné et ému qu'il me défende" se ...

"Une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français" : les mots d'Emmanuel Macron à l'annonce de la mort de Robert Badinter à l'âge de 95 ans. L'ancien Ministre de la Justice sous François Mitterrand aura bien entendu marqué l'histoire de France, artisan de l'abolition de la peine de mort avec la loi du 9 octobre 1981. Un texte pour lequel il s'est employé à retourner l'opinion publique qui n'était pas disposée à abandonner la peine de mort. Il a surtout dû convaincre les parlementaires qui l'ont finalement suivi : à 369 voix contre 113 à l'Assemblée Nationale, puis au Sénat, à 161 voix contre 126.
Parmi les députés appelés à s'exprimer sur cette loi qui divise la société du début des années 80 : Jacques Badet, alors député-maire socialiste de Saint-Chamond. L'histoire entre les deux hommes débute en fait un an plus tôt, en 1980, quand le Ligérien est inculpé au nom de la loi anticasseur de grève, après s'être rendu dans une usine lors d'un conflit social. "J'ai été déferré devant la chambre d'accusation de Riom. J'avais sollicité Robert Badinter et j'étais allé le voir dans son cabinet, un homme extrêmement chaleureux et accueillant. Je n'avais que 34 ans et j'avais été impressionné et ému que Robert Badinter accepte de prendre ma défense" se rappelle-t-il. Et il obtiendra un non lieu.
"C'est gravé en moi"
Un an plus tard les deux hommes se retrouvent à l'Assemblée. Jacques Badet en tant que député, Robert Badinter comme Ministre de la justice : "je retiens une solennité totale au cours de cette séance et cette phrase "Demain grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue" résonne encore en moi. C'est gravé en moi avec tout l'art oratoire qu'avait Robert Badinter". Un discours lumineux et qui reste gravé dans les annales
Les réactions dans la Loire
"La République devient orpheline de l’une de ses plus grandes figures" réagit le Partis Socialiste de la Loire. "Aujourd'hui s'est éteint l'un des grands esprits de notre pays" analyse le sénateur socialiste de la Loire Jean-Claude Tissot. Quant à l'association ligérienne Triangle Rose qui se bat pour les droits des personnes LGBTQI+, elle met en avant d'une manière générale le combat de Robert Badinter pour tous les droits humains : "Nous pleurons le décès de Robert Badinter, qui fut, en tant que Garde des Sceaux, à l’origine de la « dépénalisation de l’homosexualité » en France en 1982. Nous vous remercions, Monsieur, de votre implication dans ce combat afin que nous puissions vivre tel.le.s que nous sommes".