Ritchy Thibault, collaborateur de la députée LFI Ersilia Soudais ...
«Enfants de Pétain»
Le bureau de l’Assemblée nationale évoque des «propos polémiques». Jeudi 24 octobre, la députée LFI de Seine-et-Marne Ersilia Soudais a annoncé avoir saisi le bureau de la présidente de l’Assemblée nationale. La raison : l’interdiction d’accès au Palais Bourbon à Ritchy Thibault, son collaborateur parlementaire.
«Mon collaborateur Ritchy Thibault a été interdit d’accès au Palais Bourbon par l’administration. J’ai saisi le bureau de (la présidente de l’Assemblée nationale) Yaël Braun-Pivet pour contester cette décision inédite, qui représente une ingérence gravissime dans un cabinet parlementaire d’opposition», a écrit la députée de Seine-et-Marne sur X.
Mon collaborateur @ritchy_thibault a été interdit d’accès au Palais Bourbon par l’administration.
J’ai saisi le bureau de @YaelBRAUNPIVET pour contester cette décision inédite, qui représente une ingerence gravissime dans un cabinet parlementaire d’opposition.
— Ersilia Soudais (@ErsiliaSoudais) October 24, 2024
«Il lui a été notifié par un gendarme de la Garde républicaine qu’il était définitivement interdit d’accès au site en tant que collaborateur parlementaire», précise de son côté la CGT-CP.
Une plainte déposée par le ministre de l’Intérieur
Que reproche-t-on à l’ancien gilet jaune ? Mardi 22 octobre, Bruno Retailleau a déposé plainte pour «injure publique» contre ce collaborateur parlementaire, qui avait qualifié les policiers d’«enfants de Pétain». «La collaboration entre les enfants de Pétain de la police nationale et les torchons de Bolloré est logique. Rien d’étonnant dans le fait d’être fiché par un régime en cours de fascisation», avait écrit Ritchy Thibault à propos d’un article d’Europe 1, propriété de Vincent Bolloré, qui précisait que Thibault était inscrit dans au moins deux fichiers de police.
Ce n’est pas la première fois que Ritchy Thibault provoque la polémique par ses propos. Début octobre, lors d’une manifestation dans la capitale en soutien à la Palestine, Ritchy Thibault avait déclaré : «Le seul chemin dans les rues de Paris, c’est l’intifada». Le terme arabe, qui se traduit par «soulèvement» en français, renvoie aux révoltes des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza contre Israël, déclenchées en décembre 1987 et en septembre 2000. Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, avait par la suite pris ses distances avec ces propos, sans explicitement les condamner. «Les positions de La France insoumise, elles sont exprimées par les dirigeants de La France insoumise […] Je n’utilise pas ce mot, même si je sais que certains l’utilisent en disant que ça veut dire soulèvement», avait-il remarqué.
Les avocats du collaborateur LFI, Alexis Baudelin et Henri Braun, ont dénoncé une interdiction «ordonnée arbitrairement par la présidente de l’Assemblée», à «la motivation obscure et, en toute hypothèse, dénuée de fondement sérieux», ce qui selon eux «constitue une atteinte grave aux droits et libertés» de leur client. «Nous allons mettre en œuvre toutes les voies de contestation possibles pour dénoncer ce dangereux précédent», ont-ils ajouté.
Dans une lettre adressée jeudi à la députée Ersilia Soudais, la présidente de l’Assemblée rappelle qu’elle est «chargée de veiller à la sûreté intérieure et extérieure de l’Assemblée», et que «lorsqu’un risque de trouble à l’ordre public est avéré, un refus d’entrée peut être opposé, fût-ce à titre conservatoire». «C’est le cas en l’espèce», argumente-t-elle.
Yaël Braun Pivet ajoute que cette interdiction est «proportionnée, notamment en la limitant à certains immeubles affectés à l’Assemblée nationale, en particulier à proximité de l’hémicycle», et que «les autres immeubles (...) notamment celui où se trouve (le) bureau (de Mme Soudais) et (celui de M. Ritchy), restent accessibles» à ce dernier, de sorte que la capacité de la députée Soudais de «choisir (ses) collaborateurs et la possibilité pour eux d’exercer leurs fonctions ne sont donc pas altérées».