le piano pour survivre à une secte – .

Aux États-Unis, en Chine, on médite et on fait du yoga sur des morceaux de Riopy. Certains atteignent 100 millions d’écoutes. Sa musique est devenue un événement pendant le confinement. Que se cache-t-il derrière ces mélodies composées pour zénifier le cerveau ? Un jeune Français qui a grandi dans les Deux-Sèvres, prisonnier d’une secte. Il s’est mis au piano seul, pour s’évader, pour survivre.

Une enfance coupée de tout pleine de peurs

Sa mère appartenait à une secte située dans les Deux-Sèvres. Mais ses frères et sœurs, et lui-même, allaient à l’école : « Gourou avait appartenu à une autre secte avant de fonder la sienne. Et elle ne voulait pas que nous soyons illégaux. Nous sommes donc encore allés à l’école. En ce moment quelque chose me revient : nous étions rasés et revêtus des vêtements de la secte. Et ce n’était vraiment pas génial.

Cette enfance dans cette secte n’est que peur. Nous avons été coupés de beaucoup de choses. Nous n’avions pas le droit d’aller aux fêtes d’anniversaire. Nous n’avions pas de télévision, pas de possibilité d’écouter de la musique. Mais il y avait le strict minimum avec l’école. Et même ! Je me souviens que le gourou avait appelé pour donner la liste des livres que nous n’avions pas le droit de lire. Tout était vraiment, vraiment contrôlé de A à Z. »

Il s’est enfui à 18 ans

Riopy raconte : « Je me suis retrouvé seul. Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. C’était une fois de trop et c’était horrible. Je n’ai pas revu ma mère pendant plus de 20 ans. Quand je l’ai revue, nous n’étions plus les mêmes. C’est pourquoi je vis vraiment aujourd’hui dans le moment présent. Après mon départ, la communauté a été dissoute. Le gourou est toujours en vie. Mes frères et sœurs s’en sont sortis. Ils se battent. Ce sont de belles personnes. »

La première fois qu’il a vu un piano

Riopy : « Je ne me souviens pas exactement de la première fois où j’ai vu du piano : j’avais deux ans. Mais c’est un souvenir émotionnel. La première fois que j’ai touché un piano, c’était comme une goutte d’eau qui a explosé et rempli mon cœur de joie. J’ai appris seul. A l’époque, il n’y avait pas tous ces tutos sur le web. J’étais tellement attiré par ce son. J’ai commencé par une note, puis une seconde… J’ai répété, répété jusqu’à ce que quelque chose se forme. »

---Apprentissage intuitif

Riopy témoigne : « J’ai appris à jouer du piano grâce à la curiosité. J’aime essayer des choses et prendre des risques. D’ailleurs, mes concerts d’aujourd’hui impliquent toujours l’improvisation : j’ai besoin d’avoir cette liberté. Et c’est aussi pour ça que je suis piano solo 99% du temps. Mais c’est vrai qu’il fallait développer l’intellect pour avoir la technique. Je ne connaissais même pas le mot arpège. Mais je me souviens que lorsque je répétais quelque chose, j’étais frustré. Et le lendemain, mon cerveau l’avait assimilé et j’étais capable de le faire. »

Le piano, un moment de survie

Riopy vivait dans une secte coupée de tout. Pour le musicien, son instrument était et est une échappatoire : « C’est un monde, vraiment. C’est comme si j’appuyais sur la note. Et voilà. Dès que je vois un piano, une porte s’ouvre et je suis hors de ce monde. Pour moi, c’est vraiment magique. Oui, j’ai eu une vie difficile. Mais j’avais deux options : être une victime ou me battre. Et je me battais à travers la musique. Et c’est vrai que ça m’a sauvé la vie. Et aujourd’hui, j’ai beaucoup de chance d’avoir les réactions du public. Les gens me disent que ça leur fait beaucoup de bien. Et c’est super ! »

Méditation 432

Riopy a développé une musique qui va vers la méditation. Une de ses pièces s’intitule Méditation 432 : « En général, un piano est accordé sur 440. Mais les spectateurs me parlaient de 432. Je n’arrivais pas à trouver d’accordeur pour faire ça à ma place. Sauf un, aussi fou que moi peut-être. Et quand je jouais avec ce type d’accordage, je trouvais ça plus rond, plus joli. J’ai regardé pour voir s’il y avait eu des études. Il y en a peu. Mais cette fréquence pourrait avoir des avantages. Nous sommes au début de la musicothérapie. Moi, je suis dedans parce que je pense vraiment qu’on peut sauver le monde avec des sons, avec des sons et des vibrations. »

Lana del Rey

Les pièces de Riopy composées pour la méditation ou qu’il s’agisse d’œuvres à part entière explosent littéralement sur les plateformes de streaming. Il est écouté partout dans le monde et les chansons sont près de 100 millions d’écoutes. L’immense artiste, Lana Del Rey s’est emparée d’une de ses pièces pour y poser sa voix. Riopy : « C’est fou, génial. Et puis, à Las Vegas, j’étais encore un peu inquiet. Avec ma musique, je suis un peu protecteur comme s’il s’agissait de mes enfants, mais Lane del Rey a fait quelque chose de très beau, et de très élégant. »

Le reste, son sauvetage, qui passe par Oxford, ses soirées à jouer du piano pour des amis après le pub, est à écouter…