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Go Sport en redressement judiciaire, le sort des magasins français s ...

Go Sport en redressement judiciaire le sort des magasins français s
Le tribunal de commerce de Grenoble a placé, ce jeudi, le distributeur d'articles sportifs Groupe Go Sport en redressement judiciaire après avoir constaté son état de cessation de paiements.

Publié le 19 janv. 2023 à 9:30Mis à jour le 19 janv. 2023 à 18:38

Le jugement était pour le moins attendu. Après plusieurs audiences en décembre et janvier , le tribunal de commerce de Grenoble a rendu son verdict : les juges ont proclamé Go Sport en cessation des paiements et placé l'enseigne sportive en redressement judiciaire.

Deux administrateurs et deux mandataires judiciaires ont été désignés pour une première période d'observation de six mois, précise le communiqué du tribunal.

A vrai dire, la société Go Sport France, qui porte les magasins, échappe pour l'heure au même sort. Mais « sa situation sera impactée par celle de sa société mère », préviennent les magistrats.

Situation évolutive

La nuance est de taille : le groupe Go Sport emploie entre 200 et 250 salariés quand sa filiale Go Sport France en compte presque 2.000. Le premier englobe tous les services support ; la seconde regroupe les 120 magasins de l'enseigne qui ne seraient donc pas concernés par la tutelle de l'administration judiciaire.

La question de la centrale d'achat est au coeur des préoccupations. Elle dépend du groupe et approvisionne les magasins français. Sans une centrale d'achat capable de payer les fournisseurs, pas de produits dans les rayons… Les experts considèrent aussi que Go Sport France ne pourra éviter à court terme le redressement judiciaire et que le tout sera mis en vente.

« Si les deux entités existent de manière indépendante, elles ne peuvent vivre l'une sans l'autre », atteste Karine Valentin, secrétaire du Comité social et économique (CSE) de Go Sport France.

Les représentants du personnel et les commissaires aux comptes estimaient que la cessation de paiement de Go Sport était évidente. La direction du groupe Hermione People & Brands (HPB), propriété de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, attestaient du contraire.

Selon le tribunal, Go Sport France dispose finalement d'un excédent de l'actif disponible d'un montant de 1,4 million d'euros, ce qui le sauve pour le moment. De son côté, Go Sport affiche un déficit de 3,8 millions malgré le report de la dette fournisseur (notamment auprès d'Adidas) et un apport de 4 millions de l'actionnaire HPB - de dernière minute.

« HPB a attendu jusqu'à dimanche pour remettre de l'argent afin de ne pas être placé en cessation de paiements et chercher lui-même un repreneur », fustige Laurence Laborie, déléguée syndicale FO et membre des deux CSE - du Groupe Go Sport et de sa filiale.

Dans l'ombre de Décathlon

Déficitaire depuis des années, Go Sport, fondé en 1978 et basé à Sassenage en banlieue de Grenoble, avait été racheté fin 2021 pour 1 euro symbolique par HPB auprès de la maison mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.

L'enseigne a connu un développement en franchise à l'étranger (jusqu'à une cinquantaine de points de vente). En France, malgré plusieurs beaux emplacements, notamment en région parisienne, elle plafonne aux alentours des 5 % de part de marché. Decathlon domine le secteur avec les indépendants Intersport - en pleine croissance sur le créneau du textile.

Go Sport est trop petit pour assumer son positionnement de généraliste du sport, vendeur de marques internationales comme de marques propres.

La chaîne de magasins d'articles sportifs est également visée par une enquête pour « abus de bien social », ouverte en novembre 2022, a indiqué mercredi le parquet de Grenoble. Les enquêteurs s'intéressent à deux « ponctions » sur la trésorerie de Go Sport, totalisant plus de 50 millions d'euros, alors que la chaîne a bénéficié de deux prêts garantis par l'Etat d'un montant de 55 millions d'euros.

La première ponction, de près de 18 millions d'euros, aurait servi à payer les salaires de Camaïeu (qui appartenait également à HPB) juste avant sa liquidation début décembre. La deuxième, de 36 millions d'euros, aurait été utilisée pour financer l'achat du réseau de 21 magasins de vêtements Gap, pour un euro par HPB, pour les intégrer à Go Sport. En gros, le rachat de Gap aurait permis de faire remonter 36 millions au groupe.

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