Raphaël Glucksmann, un élan durable ?
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Vous aimez le saut en longueur ? Vous connaissez le principe... Une course d’élan, un appel, une poussée très forte, un envol et un espoir : atterrir le plus loin possible, sans mordre la poussière. Il reste deux semaines de campagne. Raphaël Glucksmann espère décoller.
Il a le vent dans le dos. Dernier sondage IPSOS, pour Radio France et Le Parisien, la semaine dernière : la liste de Jordan Bardella est donnée à 31% ; celle de de Valerie Hayer, à 16% ; celle du candidat social-démocrate, juste derrière, à 14,5%. Répétons le, une bonne fois pour toutes : ce n’est qu’un sondage. Mais cela ne fait aucun doute : la dynamique est bonne.
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Lionel Jospin au bord de la piste
Le député européen peut-il l’amplifier ? Il essaie, avec des soutiens, au bord de la piste. Ce soir, un des plus importants, pour sa campagne : Lionel Jospin va s’afficher avec Raphaël Glucksmann. Les deux hommes vont distribuer des tracts, ensemble, à Paris. La dernière fois que vous avez vu Lionel Jospin faire campagne, c’était quand ? Ce soutien-là pèse lourd. Jospin, c’est la gauche plurielle, en 1997 - socialistes, communistes, écologistes ensemble au gouvernement. Le message est là : Glucksmann veut montrer qu’il est capable, lui aussi, de réunir la gauche… Version Lionel Jospin, et sûrement pas à la manière de Jean-Luc Mélenchon.
Mais Lionel Jospin, c’est aussi la gauche éliminée en 2002, face à Jean-Marie Le Pen. Le symbole est ambivalent. Vingt-deux ans après, le Rassemblement national a largement creusé l’écart avec la gauche. Il est loin devant. C’est le principal défi de Raphaël Glucksmann : apparaître comme le vote utile face à Jordan Bardella, plus que les autres candidats à gauche, et plus que la candidate macroniste, Valérie Hayer.
Un électorat composite
Pour comprendre cette bataille souterraine, il faut regarder qui sont les électeurs potentiels de la liste PS/Place publique… Toujours d’après IPSOS, pour l’instant, Raphaël Glucksmann attire 20% des anciens électeurs de Jean-Luc Mélenchon - ceux de 2022 -, 28% des électeurs de Yannick Jadot, et 20% des anciens soutiens d’Emmanuel Macron. Il attire donc des deux côtés, sur sa gauche et sur sa droite.
Ces électeurs, il les fait venir sur ses thèmes : le soutien à l’Ukraine, l’écologie, une fiscalité plus juste, les droits des femmes, et de vraies convictions européennes. Il essaie de recréer un espace social-démocrate. Comment ? En profitant des difficultés de ses concurrents : à La France insoumise, une campagne qui convainc surtout les convaincus – pour l’instant. Chez les écologistes, une campagne flottante. Et chez Valérie Hayer, la désertion d’une partie des macronistes venus de la gauche. Même Manuel Valls hésite entre Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann ! Le social-démocrate veut conforter son élan.
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Une course fragile
Raphaël Glucksmann a une bonne foulée. Mais attention ! Sa course est fragile. Rien n’est joué. Notez un point saillant : pour l’instant, l’électorat du candidat social-démocrate est volatil, incertain. Il n’est pas stabilisé. IPSOS pose la question aux électeurs : êtes-vous sûrs de votre choix le 9 juin ? Voyez les réponses. Les électeurs de Jordan Bardella ? Sûrs à 87%. Ceux de Valérie Hayer ? Sûrs à 74%. Ceux de Manon Aubry, pour La France Insoumise ? Sûrs à 70% ? Ceux de Raphaël Glucksmann ? Sûrs à seulement 58%, à peine plus que ceux de Marie Toussaint, la candidate écologiste. C’est peu. Ça veut dire que le candidat n’a pas fini sa course d’élan. Il est toujours à la merci d’une chute. A gauche, les électeurs hésitent encore. C’est là que ça se joue. Dans les derniers pas. Juste avant de sauter.