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« Quand vient l'automne » : Hélène Vincent, la discrète

 Quand vient lautomne   Hélène Vincent la discrète
Dans Quand vient l’automne, en salles depuis mercredi, François Ozon a confié à l’actrice le premier rôle au cinéma qu’elle attendait depuis longtemps. Une « divine surprise » pour cette comédienne de 81 ans, aussi talentueuse que modeste

Quand on évoque le nom d’Hélène Vincent surgit immanquablement dans les esprits l’image de Marielle Le Quesnoy avec ses kilts, son serre-tête et sa réplique culte : « Lundi, c’est raviolis. » Un personnage de bourgeoise coincée, un brin bigote, qui l’a révélé au grand public et lui a ouvert tardivement les portes du cinéma, mais dont cette comédienne de théâtre au jeu subtil aura par la suite le plus grand mal à se défaire. « Quand j’ai fait La vie est un long fleuve tranquille, je désespérais du métier, se remémore-t-elle. Deux ans auparavant, j’avais triomphé à Avignon avec Liberté à Brême, de Rainer Werner Fassbinder dans une mise en scène de Jean-Louis Hourdin et après ça, rien. Plus de projets, plus d’Assedic, plus rien. J’ai failli tout arrêter. Tourner avec Étienne Chatiliez a été une grande chance, mais qu’on me propose ensuite systématiquement de dupliquer ce personnage, pathétique et ridicule, m’a blessée et déçue. J’étais bien sotte de penser que, en commençant une carrière au cinéma à 41 ans, on allait m’offrir des rôles importants comme j’en avais eu au théâtre. »

Hélène Vincent, philosophe, en prend son parti. Trop timide et tenaillée par le doute pour provoquer elle-même les opportunités. Jean Rochefort, croisé en 1991 sur Le Bal des casse-pieds d’Yves Robert, ne s’était pas trompé : « Toi, Hélène, tu vas faire une carrière formidable de seconds rôles jusqu’à la fin de ta vie, ne t’inquiète pas », lui prédit-il alors. On la croise alors aussi bien chez Téchiné et Kieslowski que chez Albert Dupontel ou Nakache et Toledano. Le plus souvent dans des comédies. Jusqu’à ce que Stéphane Brizé lui offre en 2012 le personnage magnifique et douloureux d’Yvette, la mère de Vincent Lindon dans Quelques jours de printemps. À 80 ans, enfin, François Ozon lui propose le premier rôle qu’elle attendait depuis si longtemps, avec Quand vient l’automne, en salles depuis mercredi. « Une divine surprise parce que c’est rarissime que l’on écrive des rôles principaux pour des femmes âgées, convient-elle. Encore aujourd’hui, à partir de 40 ans, les actrices glissent sur le grand toboggan de l’oubli, même si elles ont été de sublimes jeunes femmes. »

Une grand-mère en apparence bien sous tous rapports

C’est précisément le désir de filmer des actrices d’un certain âge qui a poussé François Ozon à écrire ce scénario, « montrer la beauté des rides sur leur visage, faites du temps qui passe et de leur expérience de la vie », explique-t-il. Hélène Vincent, avec qui il avait déjà travaillé en 2018 sur Grâce à Dieu,« est une grande actrice, poursuit-il, et elle a une beauté quotidienne, fascinante à regarder ». Dans Quand vient l’automne, comédie venimeuse mitonnée aux champignons, la comédienne incarne Michelle, une grand-mère en apparence bien sous tous rapports, bien qu’elle dissimule quelques secrets enfouis sous le tapis et soit prête à tout pour l’amour de son petit-fils. Même le pire…

« Ce qui m’a plu chez Michelle, c’est à quel point elle est vivante et malgré son grand âge n’a rien abandonné de ses désirs », se réjouit Hélène Vincent. Elle s’est d’autant plus identifiée au personnage qu’elle vit elle-même depuis longtemps à la campagne dans la Nièvre, tout près de là où le film a été tourné, cultivant comme son personnage une passion pour le silence et le jardinage. « J’avais l’impression que le rôle avait été écrit pour moi. C’est le plus beau que l’on m’ait offert au cinéma », s’enthousiasme-t-elle. D’autant qu’avec François Ozon, pour lequel elle s’est prise d’une véritable affection, le tournage se passe de manière fluide, presque évidente.

Une actrice tenaillée par le doute

« J’ai bien fait de tenir et de vieillir car de façon étonnante, depuis quelques années, je donne envie à des réalisateurs et réalisatrices d’utiliser ce que je suis devenue. Faire une carrière au cinéma à la fin de ma vie, c’est comme si je réalisais mon rêve de petite fille ! », s’amuse-t-elle. C’est bien de cinéma et non de théâtre dont elle rêvait quand elle monte à Paris de son Auxerrois natal, pour prendre des cours d’art dramatique arrachés de haute lutte à ses parents hôteliers. La rencontre avec Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent, qui animent la troupe universitaire du lycée Louis-le-Grand, va changer son destin. Elle a 18 ans, eux 17 et 19 ans. « C’est grâce à ces deux-là si je suis comédienne aujourd’hui. J’avais échoué au conservatoire, j’étais rentré dans ma banlieue, je travaillais comme dactylo-facturière dans une entreprise, c’était fini, j’avais renoncé. Ils ont été la chance de ma vie, tout ce que je sais, je le leur dois et je les ai énormément aimés, l’un et l’autre. »

Le premier lui donne ses premiers grands rôles sur scène. Elle épouse le second, jouera dans la plupart de ses créations théâtrales, et se lance elle-même dans la mise en scène. Jusqu’à ce qu’elle finisse par jeter l’éponge au début des années 1990 après avoir interprété le monologue de Molly Bloom dans Ulysse de James Joyce au Théâtre des Amandiers à Nanterre. « Avec ce texte, je me suis confrontée à la peur, et le trac m’a éloignée de la scène pendant quinze ans. En 2006, j’ai accepté de remplacer une comédienne au pied levé dans Coriolan de Shakespeare, mis en scène par Christian Schiaretti, mais j’ai retrouvé la peur intacte et j’ai fini par renoncer. » Toujours le doute et la peur de ne pas être à la hauteur. « C’est un Himalaya que j’ai pu monter grâce au théâtre et c’est lui qui m’a offert mes plus beaux rôles. Le cinéma, je le prends désormais avec plus de légèreté, c’est tellement ludique… »

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