Russie : Vladimir Poutine réélu, la France « prend acte »
[Article publié le dimanche 17 mars 2024 à 19h10 et mis à jour le lundi 18 mars 2024 à 10h53] Sans grande surprise, Vladimir Poutine a été réélu à la tête de la fédération de Russie pour un cinquième mandat, soit six années supplémentaires. Le maître du Kremlin, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, a récolté plus de 87% des suffrages après dépouillement de plus de 99% des bureaux de vote, selon l'agence officielle russe Ria Novosti, citant la commission électorale. Il s'agit de son meilleur résultat, à l'issue d'un scrutin d'où l'opposition a été écartée.
Dans un communiqué publié ce lundi matin, le Quai d'Orsay a dit prendre « acte du résultat attendu de l'élection présidentielle, par lequel V. Poutine se maintient à la Présidence de la Fédération de Russie pour un cinquième mandat ».
« Les conditions d'une élection libre, pluraliste et démocratique n'ont une nouvelle fois pas été réunies, tacle le ministère des Affaires étrangères. (...) La France condamne par ailleurs l'organisation par la Russie de prétendues "élections" dans les territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie. »
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L'élection présidentielle en Russie « n'a pas été un scrutin libre et juste », elle a été « basée sur la répression et l'intimidation », a dénoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell à Bruxelles, peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Pékin applaudit
« Le président de la République islamique d'Iran a sincèrement félicité Vladimir Poutine pour sa solide victoire et sa réélection à la présidence de la Fédération de Russie », a indiqué l'agence de presse officielle Irna.
Plus tôt dans la journée, la Chine a félicité Vladimir Poutine au lendemain de sa victoire, se disant convaincue que les relations entre les deux pays « continueront à progresser » dans les prochaines années.
« La Chine exprime ses félicitations », a déclaré à la presse Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« Nous sommes convaincus que, sous la direction stratégique du président Xi Jinping et du président Poutine, les relations entre la Chine et la Russie continueront à progresser », a-t-il ajouté.
La Chine et la Russie sont « des partenaires de coopération stratégique globale », a également rappelé le porte-parole, soulignant que cette année marquait le 75e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.
« Les deux chefs d'État continueront à entretenir des échanges étroits, conduiront les deux pays à maintenir leur amitié de bon voisinage et de longue date, à approfondir la coordination stratégique globale et à promouvoir le développement continu des relations entre la Chine et la Russie », a assuré lundi le porte-parole de la diplomatie chinoise.
« Ces dernières années, le peuple russe s'est uni pour surmonter les défis (...) votre réélection prouve le plein soutien des Russes en vous" » selon un message de félicitations de Xi Jinping rapporté par la télévision d'Etat chinoise CCTV, quelques heures plus tard.
Une opposition inexistante
S'adressant aux Russes en fin de soirée, Vladimir Poutine a remercié ceux qui sont allés voter et qui ont permis de créer les conditions d'une « consolidation politique interne », deux ans après le début de l'assaut contre l'Ukraine et de l'adoption de sanctions sans précédent par les Occidentaux.
« Je tiens à vous remercier tous, ainsi que tous les citoyens du pays, pour votre soutien et votre confiance », a-t-il lancé devant son équipe de campagne, avant de promettre que la Russie tiendra tête à tous ses adversaires.
« Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n'a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l'histoire. Cela n'a pas fonctionné aujourd'hui et ne fonctionnera pas à l'avenir », a lancé le chef de l'Etat.
Le président Poutine, âgé de 71 ans, a fait face à trois candidats triés sur le volet et sans envergure. L'opposition a été décimée par des années d'une répression qui s'est encore accélérée avec le conflit en Ukraine et a culminé avec le décès d'Alexeï Navalny dans une prison de l'Arctique en février..
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Protestations en Russie...
Tout au long de la journée, des actions de protestations ont néanmoins eu lieu et au moins 74 personnes ont été arrêtées dans le pays. Selon OVD-Info, organisation spécialisée dans le suivi de la répression, les arrestations ont eu lieu principalement à Kazan, dans le centre de la Russie, et à Moscou, la capitale. Elle précise que ce chiffre peut être revu à la hausse, à mesure que lui parviennent de nouveaux noms.
A Moscou, par endroits, des foules importantes étaient visibles, ont constaté des journalistes de l'AFP. Dans le cimetière, des dizaines de personnes défilaient, déposant des fleurs fraîches sur la sépulture ainsi que des bulletins sur lesquels ont été ajouté le nom de Navalny. Dans l'ensemble, la mobilisation de l'opposition s'est déroulée dans le calme, mais l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi de la répression, a fait état d'au moins 74 interpellations en Russie pour diverses formes de protestations électorales.
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...Et dans l'Union européenne
La mobilisation devant les ambassades russes en Europe a été forte dimanche à midi, heure à laquelle l'opposition appelait à honorer la mémoire de l'opposant Alexeï Navalny, dont la veuve était présente à Berlin, et dénoncer une présidentielle tronquée. A Paris, sous la pluie, des milliers de Russes portant imperméable et/ou parapluie, ont fait tout aussi patiemment la queue sur plus de 600 mètres, a constaté l'AFP à 12h30 heure locale.
A Belgrade, de nombreux opposants ont déroulé devant un bureau de vote une banderole affirmant : « Poutine n'est pas la Russie », sous les applaudissements d'une partie des Russes venus glisser leur bulletin dans l'urne.
Encore à La Haye, des milliers de Russes ont fait la queue sur plusieurs centaines de mètres devant l'ambassade de Russie, autour de laquelle un cordon de police était déployé, selon des médias néerlandais. Parmi eux, certains étaient habillés en bleu et blanc, les couleurs de l'opposition. D'autres brandissaient des drapeaux ukrainiens ou déposaient des fleurs devant un portrait d'Andreï Navalny.
Des attaques toute la semaine
Sur le plan militaire, cette semaine électorale a été marquée par des frappes meurtrières et des tentatives d'incursion armées depuis l'Ukraine sur le territoire russe, en réplique aux bombardements et assauts quotidiens des forces du Kremlin depuis plus de deux ans sur leur voisin.
Dimanche matin, une adolescente de 16 ans a été tuée dans une attaque aérienne sur la ville de Belgorod, proche de la frontière et très souvent ciblée. Dans l'après-midi une autre personne est morte et 11 autres blessées dans cette même région. Une frappe de drones imputée à l'Ukraine a également provoqué l'incendie d'une raffinerie dans le sud de la Russie.
Vladimir Poutine a juré vendredi que son pays répondrait aux récents bombardements ukrainiens sur son sol et a dénoncé les incursions de combattants pro-Ukraine comme une « tentative » de « perturber » la présidentielle. Moscou continue pour sa part ses bombardements sur l'Ukraine. Une frappe a tué 21 personnes à Odessa vendredi.
(Avec AFP)
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