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La PMA pour toutes, pas encore pour tou·te·s

La PMA pour toutes pas encore pour toutes
«Promesse tenue», «un grand pas vers l’égalité», «historique»… Si l’on devait jouer au grand bingo des expressions toutes faites qui viendront saluer...
Lors d'une manifestation, le 4 juillet à Paris.
Lors d'une manifestation, le 4 juillet à Paris. Photo Charles Platiau. Reuters

«Promesse tenue», «un grand pas vers l’égalité», «historique»… Si l’on devait jouer au grand bingo des expressions toutes faites qui viendront saluer l’adoption en deuxième lecture à l'Assemblée nationale du projet de loi bioéthique, on parierait sur tous ces éléments de langage répétés en boucle par la majorité présidentielle. Ils portent une part de vérité : avec l’adoption définitive du texte – la navette parlementaire est néanmoins loin d’être terminée –, la procréation médicalement assistée (PMA) sera, après des années d’atermoiements politiques socialistes puis macroniens, bel et bien ouverte aux couples lesbiens et aux femmes célibataires dans notre pays. Si c’est déjà le cas en Belgique, en Espagne, au Royaume-Uni, en Irlande, au Portugal ou au Danemark (et on en passe), cela constitue une avancée, très attendue par toutes ces femmes, lesbiennes, bisexuelles ou hétérosexuelles, qu’elles soient seules ou conjointes et désireuses de fonder une famille, leur famille, comme il en existe tant d’autres dans leur singularité.

A lire aussi Homoparentalité, une ère de familles

Pourtant, une légère amertume, voire un goût d’inachevé, persistera chez les partisans d’une PMA vraiment dévolue à tou·te·s. Comme si, une nouvelle fois, le législateur allait rater le coche pour adapter le droit aux nouvelles réalités familiales. Bien qu’elle soit remboursée par la sécurité sociale, prise en charge garantissant un accès plus équitable à des techniques onéreuses qui ne réussissent pas forcément du premier coup, elle a en effet été frileusement refusée aux hommes transgenres dont l’état civil a été modifié pour correspondre à leur identité. Et ce, malgré le soutien apporté à cette extension par une poignée de député·e·s dont le rapporteur en personne du texte, Jean-Louis Touraine (LREM). «La transidentité n’est pas une contre-indication à la parentalité», a d’ailleurs souligné dans l’hémicycle le médecin. Salutaire rappel quand on sait que ce refus d’élargissement risque de plonger dans l’insécurité tout un tas de couples transparentaux, en obligeant par exemple un homme trans en capacité de porter un enfant à repousser son changement d’état civil, l’exposant ainsi à des discriminations en cascade dans la vie quotidienne. Un vide juridique tant en matière d’accès aux soins qu’en matière de filiation n’est jamais souhaitable dans l’intérêt des parents comme de leurs enfants.

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Autre déception : le rejet du gouvernement d’autoriser les dons de gamètes au sein des couples de femmes, y compris le don de sperme des femmes trans à leur compagne, permettant aux deux mères d’établir un lien biologique avec l’enfant. L’argument des anti-«Ropa» (pour réception d’ovocytes de la partenaire) : cela constituerait un glissement vers la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) – à titre personnel, on n’est pas contre. C’est oublier (pour mieux agiter le chiffon rouge ?) que le don fléché de gamètes s’exerce au sein même du couple et que, de fait, la mère qui accouche peut déjà recevoir les ovocytes d’une femme tierce… y compris quand elle est hétérosexuelle. Alors pourquoi les priver de cette possibilité ? Cela aurait aussi permis de pallier les pénuries de gamètes qui pénalisent encore plus durement les femmes noires ou asiatiques. Mais là encore, on préfère ne pas trop brusquer au risque de laisser sur le carreau de nombreuses personnes en capacité de procréer, à l’image de ces femmes déjà engagées dans un parcours de PMA et dont le partenaire vient de décéder (ce qu’on appelle la PMA post-mortem). Oui, tout ce conservatisme a bien un goût amer, celui du regret que la liberté de fonder une famille reste restreinte.

Florian Bardou
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