Philippe Carli, patron du groupe de presse Ebra, démissionne après ...

Il n'aura pas résisté à la tempête. Philippe Carli, président du groupe de presse Ebra, a finalement démissionné indique ce mardi 28 janvier, l'actionnaire du groupe, le Crédit Mutuel. L'homme d'affaire était à la tête de nombreux journaux régionaux, notamment dans l'est de la France avec Les Dernières Nouvelles d'Alsace, L'Alsace, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Dauphiné Libéré ou Le Bien Public, L'Est-Républicain, Le Républicain Lorrain ou encore Vosges Matin, depuis 2017. Il était au cœur d'une polémique après avoir "liké" sur les réseaux sociaux des publications de personnalités d'extrême-droite, comme l'eurodéputée "Reconquête !" Sarah Knafo.

Un soulagement pour les journalistes

Dans les rédactions des quotidiens régionaux, c'est un "immense soulagement" confie Marie-Sophie Kormann, secrétaire du CSE des DNA et déléguée au SNJ, le Syndicat National des Journalistes, "on pouvait pas rester avec cette épine dans le pied, être un journal qui traite de façon équilibrée et équitable l'actualité nationale et internationale et avoir un dirigeant qui a ce genre de préférence."

L'issue était presque inévitable pour Olivier Brégeard, délégué CFDT au journal L'Alsace : "Ça semblait difficilement tenable. Il a pris ses responsabilités, c'est sans doute la meilleure décision à prendre." Les journalistes des deux journaux, DNA et L'Alsace, préparaient une lettre ouverte pour faire part de leur "consternation" et la CGT, dans un tract, appelait à la démission de Philipe Carli à la tête du groupe Ebra.

Pour Jean-Frédéric Tuefferd, représentant du SNJ-CGT aux DNA, "Philippe Carli avait un mot d'ordre, digital first. Ce sera également ce qui a causé sa perte. Il a voulu moderniser le groupe souvent à marche forcée. Le groupe, pôle par pôle, poursuit sa mue. Elle ne sera réussie qu'à condition de ne pas oublier nos engagements humanistes et l'indépendance de nos rédactions".

Des explications jugées insuffisantes

"Ses explications étaient légères par rapport à la gravité de la situation," souligne Olivier Brégeard, de la CFDT. La semaine dernière, alors que Médiapart révélait ces positionnements en ligne de Philippe Carli, celui-ci avait d'abord déclaré que son compte sur le réseau LinkedIn avait été piraté, avant de changer de version. "Si ma pratique des réseaux sociaux a pu paraître partisane et laisser croire que nos journaux reflètent une opinion politique, je prie nos lecteurs, nos journalistes et nos collaborateurs de m'en excuser," avait ensuite déclaré le patron de presse, "je serai désormais plus vigilant dans mon expression publique."

Mais ces excuses n'auront pas suffi, puisque ce mardi, dans un communiqué, Philippe Carli, annonce sa démission : "Dans l'intérêt du groupe Ebra, j'ai décidé de quitter mes fonctions de président."  Une décision bien accueillie par l'actionnaire du groupe, le Crédit Mutuel, qui a salué une "décision responsable qui doit permettre aux rédactions du groupe Ebra de retrouver leur sérénité dans un contexte économique qui reste difficile pour le secteur."